Trois mesures pour relancer l’économie marocaine

26 juillet 2020 - 21h30 - Economie - Ecrit par : Bladi.net

La relance économique et l’impératif de construire un « État social » s’imposent au royaume durement secoué par la crise sanitaire due à la pandémie du Covid-19, à l’instar de plusieurs pays du monde. Pour relever ces défis qui nécessitent d’importants moyens, l’économiste Yasser Tamsamani a identifié de nouveaux circuits de financement.

Dans une interview à La MAP, Yasser Tamsamani, énumère trois propositions susceptibles de financer réellement la relance et le développement économique au Maroc. Ces politiques, appuie ce docteur en économie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, doivent émerger de «  circuits politiquement responsables et socialement acceptables de par leurs potentiels effets redistributifs et doivent aussi échapper aux lois du marché financier et en même temps permettre de discipliner (indirectement) le système bancaire en l’incitant à s’engager davantage dans le développement du pays  ».

Selon Yasser Tamsamani qui enseigne à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’Université Hassan II de Casablanca, « Outre les mesures que peut prendre le gouvernement à très court terme sans que cela ne demande une révision de fond en comble du cadre actuel de financement de l’économie, ces trois nouvelles pistes de financement des besoins de la société et de l’économie semblent être prometteuses ».

D’abord, l’universitaire propose à l’État de prendre en charge une partie du financement de l’économie en créant sa propre banque d’investissement pour, avance-t-il, «  financer des projets satisfaisants à un double critère de viabilité économique et d’utilité sociale  ». Étant donné que le financement de l’économie et de son développement relève de l’intérêt général, cette nouvelle banque publique d’investissement sera dédiée au financement de « l’investissement utile », appuie Tamsamani. Dans son fonctionnement, cette banque doit non seulement respecter les pratiques internationales de gouvernance en la matière et se doter notamment d’organes de contrôle et de conseil à la hauteur de sa mission, mais aussi se démarquer de la logique des banques commerciales qui se comportent comme des entreprises privées financiarisées en quête permanente d’une hausse des dividendes à remonter aux actionnaires.

En deuxième analyse, Yasser Tamsamani évoque l’impôt sur les successions et les transferts de propriété en vue de financer la cohésion sociale et institutionnaliser la solidarité. Cet impôt, souligne-t-il, permet de corriger aussi bien les inégalités des chances que celles des résultats et comprime l’appétit pour la captation de la rente.

Concernant la troisième proposition de l’universitaire, elle s’intéresse à l’émission de bons de trésor de long terme, pour un financement soutenable des services publics. Étant donné que les bienfaits liés aux dépenses d’éducation et de santé ne se font sentir qu’au bout d’une génération, il propose une mobilisation de l’épargne nationale (privée et institutionnelle) à un coût faible et dont le remboursement du capital sera programmé pour la fin de la période, une fois que ces dépenses auraient généré de la croissance et donc suffisamment de ressources pour leur remboursement.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Croissance économique - Politique économique - Coronavirus au Maroc (Covid-19)

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc prépare les aéroports de demain

Le Maroc prévoit de se doter d’un nouveau Schéma directeur aéroportuaire national à l’horizon 2045, le dernier élaboré en 2013 étant devenu obsolète.

Les Marocains paieront plus cher la bonbonne de gaz

Comme décidé par le gouvernement, le prix de la bonbonne de gaz va augmenter dès l’année prochaine. Celle-ci devrait se poursuivre les années suivantes.

Moody’s note l’économie marocaine

L’agence de notation internationale Moody’s Rating a confirmé vendredi la note Ba1 du Maroc, notant que les perspectives économiques du royaume « restent stables ».

Un coup de pouce bienvenu pour les commerçants marocains

Suite à la directive de Bank Al-Maghrib (BAM) publiée le 25 septembre 2024, qui plafonne désormais le taux d’interchange domestique à 0,65%, le Centre monétique interbancaire (CMI) a été contraint de s’aligner.

Maroc : la construction se porte bien, mais...

Au Maroc, la construction connaît une embellie qui n’est pas près de s’arrêter. Les perspectives sont certes globalement positives, mais le secteur reste confronté à des défis majeurs.

Maroc : Trop de centres commerciaux ?

Au Maroc, la multiplication des malls soulève des inquiétudes. Les fermetures de plusieurs franchises enregistrées ces derniers temps amènent à s’interroger sur la viabilité de ce modèle commercial.

Comment les transferts des MRE dopent l’économie marocaine

Depuis 2003, le Maroc célèbre chaque 10 août la Journée nationale des migrants. Instaurée par le roi Mohammed VI, elle offre l’occasion de mettre en lumière la contribution des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au développement économique, social...

Maroc : la croissance économique s’accélère

Le Maroc a enregistré une croissance économique de 4,1 % au quatrième trimestre 2023, contre 0,7 % au cours de la même période de 2022, révèle le Haut-commissariat au plan (HCP).

Maroc : après un fort rebond, l’économie devrait ralentir en fin d’année

L’économie marocaine, après un troisième trimestre 2024 en fanfare, devrait connaître un léger ralentissement de sa croissance au cours des prochains mois. C’est ce qu’indique le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dans son dernier rapport.

Pourquoi le Maroc ne sait pas profiter des MRE

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) boostent l’économie marocaine grâce à leurs transferts de fonds. Cependant, ils sont des leviers essentiels insuffisamment utilisés par le Maroc en raison de certains obstacles.