Gigantesque, pharaonique... Les épithètes se bousculent à l’évocation de « Marina Casablanca », un projet de complexe touristique au Maroc parmi les plus courtisés au Marché international des professionnels de l’immobilier (MIPIM) qui s’achève, aujourd’hui, au palais des festivals de Cannes.
« Marina Casablanca, c’est un peu Francis Bouygues qui débarque dans les années soixante à la Défense avec des dizaines d’hectares à bâtir en plein cœur d’une capitale », sourit Jean-Francisque Berger, directeur général pour le Maroc de Der Krikorian, un ancien groupe de casinos reconverti dans l’aménagement urbain.
Marina, thalasso et centre de congrès
Le projet marocain prévoit d’aménager à deux pas de l’ancienne médina de Casablanca, entre le port de pêche et la plus grande mosquée du monde (Hassan II), un pôle touristique de tout premier plan. Avec une marina (une centaine d’anneaux) appelée à devenir le premier point de chute pour les navigateurs sur la route des Açores, un palais des congrès, des hôtels de luxe, un centre de thalassothérapie, des résidences de standing, des immeubles de bureaux, un centre commercial. Des travaux titanesques (750 000 mètres cubes de matériaux déplacés, 45 000 tonnes de béton, 1 500 tétrapodes de 30 tonnes chacun pour protéger une digue des effets de la houle atlantique) ont déjà permis de gagner une douzaine d’hectares sur l’océan.
Au total, le futur complexe, dont les premiers éléments doivent sortir de terre en 2005, s’étendra sur vingt-deux hectares et représente un investissement évalué entre 300 et 400 millions de dollars.
Au MIPIM, les grandes chaines internationales de l’hôtellerie défilent devant le stand de « Marina Casablanca ». Le président de Concorde Hotels, Frantz Taittinger, est venu en personne relancer des négociations avec l’aménageur en vue d’implanter un établissement cinq étoiles de deux cents chambres au bord de la marina.
« On croit beaucoup à cette destination. Casablanca est la première ville économique en Afrique du Nord », souligne Gérard Ezavin, directeur Développement du groupe hôtelier.
Le pari des capitaux arabes
Dans sa quête d’investisseurs le groupe Der Krikorian se montre confiant. « Le Maroc présente aujourd’hui des indicateurs économiques cadrant avec les critères européens. C’est un pays en plein essor économique et social qui jouit, de surcroit, d’une grande stabilité politique », souligne Jean-Francisque Berger. Un optimisme partagé par un des partenaires financiers de l’opération qui table sur les capitaux arabes.
« Ce projet survient au moment où, après les attentats du 11 Septembre, les pays du Golfe persique cherchent à réorienter une partie de leurs capitaux. Aux yeux des grands groupes des Emirats et de l’Arabie Saoudite, le royaume marocain, classé parmi les pays à faible risque par les analystes financiers, représente une alternative privilégiée, notamment dans les secteurs des télécoms et du tourisme », observe Othmane Alami, directeur d’AFG (Advisory & Finance Group). Autre signe qui, selon ce dernier, ne trompe pas : les investisseurs du Moyen-Orient ont commandé, l’an dernier, au Maroc, 250 études de marché, soit vingt-cinq à trente fois plus que les années précédentes.
Th. R. pour Nice Matin