Un coup de fil du PDG à la filiale marocaine

21 février 2007 - 00h00 - France - Ecrit par : L.A

Usine bloquée durant trois jours, 1 800 salariés en grève de solidarité avec des syndicalistes victimes de répression : la scène s’est passée il y a un peu plus d’un an, près de Rabat, au Maroc, dans une filiale de l’équipementier Valeo.

L’affaire a éclaté lorsque des salariés ont voulu constituer une section syndicale affiliée à l’Union marocaine du travail (UMT), l’une des grandes centrales du pays. "Immédiatement, raconte un représentant de l’UMT, la direction a appelé la police. Il y a eu des brutalités, des gardes à vue, et des poursuites judiciaires ont été engagées contre 21 personnes, dont 7 syndicalistes." Motif invoqué : "réduction de la cadence de travail, insubordination, etc., indique le syndicaliste. Mais la raison réelle était bien la constitution d’une structure syndicale". L’UMT a alors contacté la maison mère, en France, pour expliquer la situation. "Dans les heures qui ont suivi, le PDG de Valeo nous a rappelé, ce qui a été très apprécié ici, surtout si l’on compare avec les réactions qu’ont d’autres entreprises", indique le responsable de l’UMT. Un cadre de la direction des ressources humaines de Valeo est venu sur place négocier avec l’UMT. En fait, la situation s’était envenimée, parce que "la direction locale avait été induite en erreur par ses cols blancs, qui du coup ont tous été mis à la porte", indique le représentant de l’UMT.

Les syndicalistes qui avaient été licenciés ont été réintégrés et les poursuites judiciaires stoppées. A la fin du conflit, un accord a été signé dans cette usine, garantissant notamment le respect des droits syndicaux et reconnaissant finalement la structure syndicale. Aujourd’hui, "nous avons les meilleures relations avec la direction de l’usine, se réjouit-on à l’UMT. Le dialogue est permanent, sur la question des salaires, de l’hygiène et de la sécurité, etc. Et l’on observe même une hausse de la productivité !" Le PDG du groupe Valeo, qui est le seul à s’exprimer sur ces sujets sensibles, n’a pas pu être joint. Mais les éléments livrés par l’UMT sont confirmés par l’agence de notation sociale Vigeo, qui parle de "success story".

Une histoire qui est peut-être à rapprocher de l’évolution récente du Maroc, "qui a ratifié la convention 135 de l’OIT, prévoyant notamment que les pouvoirs publics doivent faire respecter les droits syndicaux", indique Vigeo. Constatant la mauvaise image du pays en ce domaine, le patronat marocain s’est lui aussi lancé dans ce combat. Avec l’appui de Vigeo, la Fédération générale des entreprises marocaines a ainsi signé, le 14 décembre 2006, une Charte de responsabilité sociale très dense, dont l’un des chapitres porte sur le respect des droits humains. "Nous nous engageons notamment à respecter la liberté d’association et l’exercice du droit syndical (...), peut-on lire dans ce texte, à prévenir toutes les formes de discrimination (...), à promouvoir la négociation collective, à prévenir les conflits du travail et à tout mettre en oeuvre pour les résoudre pacifiquement."

Le Monde - Francine Aizicovici

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Emploi

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc à la recherche de ses cerveaux parmi les MRE

Conscient de l’importance de sa diaspora, le Maroc accentue ses efforts pour attirer les compétences marocaines résidant à l’étranger.

Médecins maghrébins en France : l’exil comme solution ?

Après une percée au premier tour des législatives françaises, la perspective de voir le Rassemblement national (RN) présidé par Jordan Bardella, qui place l’immigration au cœur de la campagne électorale, remporter la majorité absolue le 7 juillet,...

Auto-entrepreneur au Maroc : voici le guide fiscal 2024 (pdf)

La Direction générale des impôts (DGI) vient de publier un guide sur le régime fiscal de l’autoentrepreneur. Un document qui reprécise les conditions d’obtention de ce statut ainsi que les avantages fiscaux y afférents.

Les Marocains boudent le statut d’auto-entrepreneur

Malgré les incitations à l’auto-entreprenariat, les chômeurs préfèrent chercher un emploi salarié, révèle Bank Al-Maghrib (BAM) dans un récent rapport.

Maroc : Trop de centres commerciaux ?

Au Maroc, la multiplication des malls soulève des inquiétudes. Les fermetures de plusieurs franchises enregistrées ces derniers temps amènent à s’interroger sur la viabilité de ce modèle commercial.

La Police marocaine recrute

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) lance une vaste campagne de recrutement pour renforcer ses effectifs. Près de 6 500 postes sont à pourvoir, couvrant une variété de grades et de fonctions au sein de la police nationale.

Statut d’auto-entrepreneur au Maroc : après l’euphorie, le flop ?

Lancé en 2015, le statut auto-entrepreneurs semble ne plus être une solution à l’informel et au chômage. Le bilan en est la parfaite illustration.

La Banque mondiale analyse en détail le tourisme marocain

Le tourisme représente environ 7 % du PIB et génère plus de 500 000 emplois directs, soit environ 5 % de la population active marocaine. C’est ce qui ressort du dernier rapport de la banque mondiale sur la situation économique du Maroc.

Coupe du monde 2030 : un pari risqué pour le Maroc ?

L’organisation de la Coupe du monde 2030 par le Maroc, conjointement avec l’Espagne et le Portugal, ne suffira pas pour résorber le chômage endémique et relancer l’économie du royaume, a déclaré l’analyste économique Mohammed Jadri, alertant sur le...

Le Maroc en manque d’ouvriers

Le secteur de la construction au Maroc est confronté à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. En cause, les nombreux chantiers d’infrastructures lancés dans la perspective de la Coupe du monde 2030.