« […] Le décès de mon grand-père et mon échec scolaire, ces changements m’ont beaucoup perturbée. J’ai été en dépression pendant au moins trois ans », confie à Europe 1 Amina. À 21 ans, elle s’est mariée puis s’est installé au Maroc où son mari était enseignant. Elle décide de rentrer en France avec ses enfants sept ans plus tard à cause de sa maladie qui ne la lâchait pas. « Pour moi, c’était un choc de retourner vivre là-bas. […] Je me suis aperçue que je ne m’étais pas adaptée. J’étais en dépression […] », raconte-t-elle.
De retour en France, sa dépression la rattrape pendant plusieurs années. « J’ai pu travailler, mais malheureusement j’étais rattrapée par la maladie à chaque fois, dit-elle. Après dix ans de distance avec mon mari, il est rentré en France parce que je n’étais pas apte à bien élever les enfants. Il est rentré depuis un an. Ça se passait bien au début. Quand il s’est installé, nous avions chacun nos habitudes. C’est très dur de cohabiter ».
« Chez moi, c’est mon cocon. Même si ça se passe mal dehors, je suis bien chez moi. Maintenant, il est là. Par exemple, je le trouve dans ma chambre, alors que je veux juste me retrouver et respirer pendant deux heures. J’ai beau lui expliquer, il y a des choses qu’il ne veut pas entendre. L’an dernier, j’ai été hospitalisée pendant trois mois. Je n’avais pas le choix, je ne me levais plus, je ne faisais plus rien. Mes deux enfants sont toujours aux aguets. C’est aussi une souffrance pour eux de voir leur mère comme ça », poursuit-elle.
« Mon mari est rentré pour recadrer les enfants, mais il a été un peu violent. J’ai dû mettre les points sur les ‘i’ parce que je ne l’acceptais pas. Ça me révolte. Quand ils se disputent, j’essaye de les calmer. Mais quand ce sont de grosses disputes, je suis dépassée. Quand je lui fais une remarque, il fait comme s’il n’entendait rien. Il me dit : « Si mon éducation ne te convient pas, débrouille-toi ! » La situation est devenue insoutenable. Son mari est très casanier. Il ne sort que pour travailler, mais il n’a pas beaucoup d’heures.
« Malgré ma maladie, je suis dynamique. Je vais vers lui pour lui dire que le chemin que l’on prend n’est pas bon, que l’on devrait prendre un peu de distance parce que ça ne s’arrange pas. Nous n’avons pas de relations intimes normales », ajoute Amina, qui se sent « perdue ».
« J’aimerais être heureuse, mais j’ai l’impression que l’on n’a pas trouvé le moyen, se lamente-t-elle. On dirait que quelque chose nous bloque pour être heureux. L’aîné s’en rend compte parce qu’il se plaint lui aussi. Ça me fatigue parce que quand son père lui fait une remarque, il vient me voir. Mon mari veut instaurer une autorité qui n’est pas adaptée à leur âge. J’ai l’impression qu’il ne se rend pas compte qu’ils ont grandi. Il avait perdu son rôle de papa, il s’y remet et ce n’est pas évident. »