La ville de Carcassonne exhume le corps d’un Marocain

10 décembre 2023 - 17h30 - France - Ecrit par : S.A

Après 25 ans, le corps d’un Marocain a été exhumé par la ville de Carcassonne à la surprise générale de sa famille qui affirme n’avoir pas été au préalable prévenue. En colère, elle envisage d’engager des poursuites judiciaires.

Un fait qui dépasse l’entendement ! Enterré en 1997 au cimetière de la Conte, le corps de Moha Aziz Karkour, ancien tirailleur marocain ayant combattu aux côtés de la France, a été récemment exhumé sans que sa famille ne soit au courant. C’est le 4 décembre que Mohammed Karkour et sa mère découvrent par hasard les restes du défunt entreposé dans une boîte, hors de sa concession. « Ma mère s’y rend de manière périodique. Une fois tous les six mois environ. Ce jour-là, elle voulait montrer à mon frère où était enterré mon oncle », raconte Mohammed à L’Indépendant. Choqués, ils se tournent vers deux employés municipaux présents sur site. Le corps de MRE a été exhumé « sans préavis, ni respect des procédures légales », fait remarquer le neveu du défunt. « Ils l’ont exhumé et mis ses ossements dans une petite boîte à côté de son emplacement. C’est une scène effroyable. On ne peut pas imaginer de sortir un corps d’une tombe de manière aussi déshumanisante, sans la moindre marque de respect. Sans que les autorités religieuses ou que les familles soient présentes […] On juge une civilisation à la manière de traiter ses morts. Là, on se trouve au niveau zéro », fustige-t-il.

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Les employés municipaux leur ont expliqué qu’un arrêté municipal a été affiché sur un panneau à l’entrée du cimetière. Le document précise que les concessions temporaires de huit défunts, dont celle de son oncle, arrivées à expiration seront reprises par la Ville, faute de renouvellement. « Il sera procédé à l’exhumation des restes des personnes inhumées dans le terrain ainsi repris et à leur dépôt dans l’ossuaire communal du cimetière », est-il précisé dans le document. À la suite de cette découverte, la responsable du cimetière leur donne un ultimatum de 24 heures pour faire les démarches nécessaires pour déplacer le corps. La demande de rachat de la concession formulée par la famille s’est heurtée au refus de la responsable. « Plus alarmant encore, elle a exigé le paiement des frais d’exhumation, faisant preuve d’une insensibilité choquante face à l’acte abominable dont elle s’est rendue coupable […] Elle nous dit que la concession à titre gracieux de mon oncle était arrivée à son terme depuis 2002. C’est faux. Je suis certain qu’on a payé cet emplacement. J’en suis persuadé. Ça n’a pas du tout été un don, c’est un emplacement qui a été acheté par nos soins. Malheureusement, nous ne disposons plus d’aucune preuve de cet achat…  », poursuit Mohammed.

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Moha Aziz Karkour était bien enterré sur un « terrain commun », mis à disposition gratuitement pour une durée de cinq ans (1997-2002, NDLR), soutient la Ville auprès du même média. « C’est tout à fait vérifiable sur le plan du cimetière », précise-t-on. La collectivité assure par ailleurs avoir tenté de joindre la famille du défunt. Sans succès. « Nous avons envoyé un courrier à la mosquée de Carcassonne : notre lettre est restée sans réponse. Nous n’avions aucun moyen de localiser la famille, car nous disposions seulement de l’acte de décès et d’une adresse datant de près de trente ans ». De son côté, Mohammed qui exprime son dépit souhaite engager des poursuites judiciaires. « Aucune plaque n’a été apposée sur sa tombe pour nous avertir de l’inéluctable exhumation. C’est une obligation légale d’une durée minimale d’un an. Cela n’a pas été respecté. Bizarrement, elle est apparue comme par magie quelques jours après notre découverte. Qui plus est, aucune notification formelle, que ce soit par courrier, par voie d’huissier ou tout autre moyen ne nous a été transmise. Nous envisageons d’entamer des poursuites judiciaires pour faire valoir nos droits », souffle-t-il.

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En attendant, les restes de Moha Aziz Karkour sont sur le point d’être rapatriés et enterrés au Maroc. La ville accompagne les démarches entreprises par les proches du défunt dans ce sens.

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