Assassinat de franco-marocains en Algérie : la version algérienne contredite
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Un mois après l’assassinat par les garde-côtes algériens de son fils, égaré sur un jet-ski dans l’espace maritime algérien près de la station de Saïdia, la famille d’Adbelali Mchiouer réclame la justice, la vérité et la restitution du corps.
Égaré sur un jet-ski au large de l’Algérie, le Marocain Abdelali Mchiouer, 40 ans, commerçant en France et père d’un enfant de 5 ans, a été tué par les garde-côtes algériens le 29 août. Son cousin, le Franco-marocain Bilal Kissi, 29 ans, a connu le même sort. Ils étaient en compagnie de Mohamed Kissi, 33 ans, frère de Bilal, qui a été sauvé par les garde-côtes marocains qui étaient à leurs recherches et de leur ami Smaïl Snabi, arrêté puis condamné à 18 mois de prison en Algérie. Si les obsèques de Bilal ont déjà eu lieu à Bni Drar, près d’Oujda, celles d’Abdelali restent incertaines. À ce jour, sa dépouille, conservée à la morgue de Tlemcen, en Algérie, n’a toujours pas été restituée à la famille en dépit des démarches entreprises par Hakim Chergui, l’avocat représentant les familles des deux victimes.
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Par conséquent, les proches des deux victimes n’ont pas fait leur deuil parce qu’un « autre fils est de l’autre côté de la frontière et ils ne savent pas quand ils vont pouvoir l’enterrer », rapporte-t-il. À l’origine de ce retard dans la restitution du corps, la rupture par l’Algérie de façon unilatérale de ces relations avec le Maroc. « Il n’y a pas de contact entre le Maroc et l’Algérie, ce qui explique pourquoi l’Algérie tarde à réexpédier la dépouille d’Abdelali Mchiouer », justifie l’avocat. Il poursuit : « les tensions diplomatiques entre les deux pays n’ont pas permis d’accélérer les procédures administratives et judiciaires nécessaires. Le jeune homme assassiné ne devrait pas être une victime du différend diplomatique entre les deux pays ».
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Hakim Chergui insiste par ailleurs sur le fait que la famille de Mchiouer ne recherche que la vérité et la justice, la version des faits, livrée par le ministère algérien de la Défense étant en contradiction avec celle de Mohamed Kissi, 33 ans, l’un des vacanciers qui a eu la vie sauve. Toutefois, « le corps doit d’abord être remis à la famille afin qu’il soit enterré dignement », ajoute-t-il. « Le comportement algérien est jusqu’à présent totalement incompréhensible pour la famille. Les garde-côtes ne peuvent pas tirer sur des jeunes hommes non armés perdus en la mer et en manque de carburant, aussi l’exigence fondamentale est de restituer le corps dans les plus brefs délais », dira pour sa part Mustapha Mchiouer, le père de la victime.
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« La justice suivra son cours dans cette affaire, mais le corps doit être enterré dignement, et c’est ce que l’Algérie doit prendre en considération », ajoute-t-il. Hakim Chergui avait déposé en France une plainte pour « assassinat aggravé, tentative d’assassinat aggravé, détournement de navire et non-assistance à personne en danger ». Le parquet d’Oujda avait ordonné l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances « d’un incident violent en mer ». La France a, elle, ouvert une enquête pour homicide volontaire, qui « doit permettre notamment d’avoir un cadre juridique pour recueillir des éléments. »
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