La France veut expulser des Marocains à ... la Barbade

26 septembre 2023 - 09h00 - France - Ecrit par : P. A

Deux Marocains ont comparu fin juillet devant le tribunal judiciaire de Créteil pour avoir refusé d’embarquer à Orly dans l’avion qui devait les ramener à la Barbade, dans les Caraïbes, après qu’ils ont été interdits d’entrer en France.

Le premier prévenu, 31 ans, né à Casablanca, ne parle pas français. Une interprète a été sollicitée pour faciliter la communication lors du procès. « Quand les policiers vous ont interpellé, vous avez fait usage d’une lame de cutter pour vous taillader l’avant-bras gauche. C’est bien ouvert comme on le voit sur les photos », a expliqué le juge, brandissant des clichés de la blessure du Marocain qui a reconnu les faits, relate Actu-Juridique.

C’est la troisième fois que le jeune homme est interdit d’entrer sur le territoire français. « J’avais peur qu’ils me renvoient à nouveau à la Barbade comme la première fois, c’est pour me défendre que je me suis coupé », a-t-il déclaré, répondant aux questions du président de séance, Philippe Langlois. Le prévenu raconte par la voix de son interprète qu’il a quitté le Maroc pour se rendre en Italie via le Brésil, la Barbade et les Antilles. « Pourquoi ce trajet ? Le plus court chemin pour rejoindre l’Italie, c’est de passer par le Brésil ? Il va falloir que je revoie ma géographie… », a ironisé Langlois.

À lire : Des enfants de RME empêchés de retourner en France

Pour son avocate, le Marocain « n’a pas emprunté le chemin le plus court, mais peut-être le plus sûr, quand on voit le nombre de migrants qui meurent en Méditerranée… » Le parquet a requis contre lui trois mois de prison avec sursis, rappelant que son casier judiciaire est vierge. Le jeune homme a insisté sur le fait qu’il ne souhaite pas rester en France, mais qu’il veut rejoindre son cousin en Italie.

Le second accusé, un Marocain de Casablanca, a comparu pour les mêmes raisons que le premier. Il est reproché à ce jeune homme de 22 ans qui a aussi quitté le royaume à destination de l’Italie de ne pas avoir respecté une mesure d’éloignement lors de la procédure de son retour vers la Barbade. Les deux assurent s’être rencontrés pour la première fois dans l’avion. « Ça paraît tellement bien rodé. Ça me fait penser à un réseau », analyse le président. Comme le premier, le parquet a requis contre lui trois mois de prison avec sursis. Son avocate demande une peine plus légère. Les deux Marocains ont été finalement condamnés à trois mois de prison avec sursis.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Droits et Justice - Expulsion

Aller plus loin

France : fuite des cerveaux pour cause d’islamophobie

La discrimination envers la communauté musulmane en France pousse de nombreux musulmans hautement qualifiés à quitter le pays dans l’espoir d’être mieux valorisés dans des...

Jihad Errais, lycéen marocain expulsé de France

Les autorités françaises ne lésinent plus sur les mesures draconiennes à l’encontre des sans papiers. Elles vont jusqu’à expulser des élèves inscrits en bonne et due forme. Il...

Des enfants de RME empêchés de retourner en France

Outre la nostalgie éprouvée lorsqu’ils sont contraints de vivre loin de leur pays d’origine, les résidents marocains à l’étranger (RME) sont souvent exposés à des problèmes...

Tanger : un propriétaire juif derrière l’expulsion de centaines de familles ?

Les informations faisant état des procédures d’expulsion des centaines de familles au quartier de Benkirane, à Tanger, suite à la décision du propriétaire du terrain, un juif...

Ces articles devraient vous intéresser :

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

ADN au Maroc : vers un fichage incontrôlé ?

L’utilisation à des fin illégales des empreintes et des échantillons d’ADN des Marocains, prélevés dans le cadre des enquêtes criminelles, préoccupe des parlementaires qui ont interpelé le gouvernement à ce sujet.

Maroc : les fraudeurs fiscaux bientôt devant la justice

Au Maroc, les fraudeurs fiscaux présumés vont répondre de leurs actes. Les contrôleurs de l’administration fiscale ont transmis leurs dossiers à la justice aux fins de poursuite.

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...

L’affaire "Escobar du désert" : les dessous du détournement d’une villa

L’affaire « Escobar du désert » continue de livrer ses secrets. L’enquête en cours a révélé que Saïd Naciri, président du club sportif Wydad, et Abdenbi Bioui, président de la région de l’Oriental, en détention pour leurs liens présumés avec le...

Un entrepreneur fait condamner la ville de Tanger

Le tribunal administratif de la ville de Tanger a donné raison à une société chargée de travaux routiers, qui a poursuivi le Conseil préfectoral de Tanger-Assilah présidé par le dirigeant du Parti authenticité et modernité, Mohamed El Hamidi en...

Naïma Samih : son fils en colère

Chems-Eddine Belkaid fils de la chanteuse marocaine défunte Naïma Samih, menace d’engager des poursuites judiciaires contre les organisateurs de concerts – hommage à sa mère sans son accord préalable.

Achraf Hakimi sort du silence et se défend

Achraf Hakimi s’est exprimé sur l’affaire de viol présumé dont il est accusé. Le latéral droit marocain du Paris Saint-Germain (PSG) continue de nier les faits survenus en février 2023.

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Interdiction du burkini : revers pour des maires français

Le tribunal administratif de Nice a donné raison à la Ligue des droits de l’Homme (LDH) qui a contesté deux arrêtés municipaux interdisant le port du burkini pendant l’été 2025.