Agression d’un rabbin à Orléans : un adolescent marocain condamné et sera expulsé

Un adolescent marocain de 16 ans a comparu devant le tribunal pour enfants d’Orléans. Il lui est reproché d’avoir agressé en pleine rue le rabbin Arié Engelberg, le 22 mars vers 13h30 à Orléans, dans le Loiret. Ce jour-là, l’homme rentrait chez lui avec son fils de 9 ans. L’adolescent l’avait abordé pour lui demander s’il était juif. La conversation finit par une dispute : insultes, des crachats et plusieurs coups portés. Il ressort du témoignage du rabbin que l’agresseur l’a mordu alors qu’il s’interposait pour protéger son enfant. Dans la foulée, l’adolescent sera arrêté puis placé en détention. La Licra, SOS Racisme, le B’nai B’rith, l’Organisation juive européenne, la communauté juive d’Orléans et plusieurs autres associations se sont constituées parties civiles.

À la barre, le jeune Marocain a maintenu sa version des faits tout au long du procès, rapporte Le Parisien. Il a assuré que c’est le rabbin qui l’aurait agressé et qu’il se serait simplement défendu. « C’est encore pire qu’en garde à vue. Il se positionne en victime, affirmant que c’est le rabbin qui l’a agressé. Il n’a absolument rien reconnu », a déploré Isabelle Levy, avocate de la victime, soulignant l’impact profond de l’agression sur la famille de son client. « Ce qui affecte encore plus la famille, c’est que son fils n’est toujours pas remis de ce traumatisme », a ajouté l’avocate. De son côté, la défense du prévenu a rappelé la jeunesse et la précarité de son client.

À lire :Antisémitisme et islamophobie : Le recteur de la Grande Mosquée de Paris demande l’égalité de traitement

L’adolescent est arrivé seul du Maroc après un périple en bateau jusqu’à Barcelone, puis par la route jusqu’en France. Depuis septembre, il vit en foyer. Il a intégré l’école il y a à peine un mois. « Il parle quelques mots de français, mais ne peut pas soutenir une conversation. Il est isolé, sans repères. Son parcours migratoire est extrêmement fragile », a plaidé l’avocat.

Le tribunal pour enfants d’Orléans a rendu son verdict à 23h. L’adolescent marocain écope de 16 mois de prison : 12 mois ferme pour l’ensemble des faits, et deux fois deux mois supplémentaires pour les infractions annexes. Le tribunal a également prononcé une mesure éducative judiciaire d’une durée de deux ans pour accompagner le jeune homme durant sa détention et après sa sortie.

Une peine insatisfaite aux yeux de l’avocate de la victime. « C’est une décision un peu légère au regard des faits, a regretté Levy. Certes, il y a une reconnaissance de la circonstance aggravante liée à l’antisémitisme, ce qui est très important, mais la peine reste difficile à interpréter. On ne sait pas quelle proportion revient réellement à cette agression. »

À lire :« Le Maroc est plus sûr pour les Juifs que l’Europe et les États-Unis »

Selon l’avocat du prévenu, la décision rendue est adaptée à la gravité des faits et à la personnalité de son client. Pour l’heure, Bouteillan n’entend pas faire appel : « Je dois encore m’entretenir avec lui, mais l’objectif, aujourd’hui, est qu’il se saisisse pleinement de cette mesure éducative. » Celui qui atteindra sa majorité en octobre 2026 pourrait faire l’objet d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière lorsqu’il aura atteint la majorité. « Mais cela ne relève pas du tribunal, a précisé la défense. Ce sont des décisions administratives, mais distinctes de ce jugement. »