Le Portugal va-t-il bientôt rejoindre la liste des pays qui reconnaissent déjà la marocanité du Sahara ? Dans un projet de résolution débattu en commission des Affaires étrangères et des Communautés portugaises, le député de Chega Diogo Pacheco Amorim recommande au gouvernement de « reconnaître immédiatement la souveraineté du Royaume du Maroc sur le territoire du Sahara occidental et de cesser toute forme de contact avec l’autoproclamée ‘République arabe sahraouie démocratique’ (Front Polisario), en l’exhortant à déposer les armes et à participer avec Rabat à un processus de négociation purement pacifique ». Il explique que sa proposition vise à défendre « les intérêts permanents de l’État portugais » auprès du Maroc, « un ami historique indispensable ». Son vote aura lieu en séance plénière de l’Assemblée de la République.
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Jusqu’à présent, le Portugal avait adopté une position neutre. Selon les autorités portugaises, le conflit au Sahara occidental devait être résolu sur la base du référendum sur l’autodétermination du territoire décidé et signé par les parties, avec l’aval des Nations unies, en 1991, lequel n’a jamais été réalisé. Lors d’une visite récente au Portugal du chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, le ministre des Affaires étrangères, Paulo Rangel, a abordé le sujet. Selon lui, la proposition marocaine d’accorder une plus grande autonomie au Sahara occidental, mais sous la souveraineté du roi du Maroc, est la « base la plus sérieuse, crédible et constructive » pour une solution au conflit. La position de Lisbonne, que j’ai annoncée à mon homologue marocain, devra toujours se dérouler « sous l’égide de l’ONU, quelle que soit la solution qui viendra à être adoptée », a ajouté le chef de la diplomatie portugaise.
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Lors du débat en commission parlementaire, le socialiste Pedro Delgado Alves a établi une analogie avec l’autodétermination du Timor oriental et la position portugaise dans ce processus. La proposition de Chega est « en total déphasage avec la position de l’État portugais à l’égard du conflit au Sahara occidental ». « Cette comparaison est nouvelle pour le PS », a affirmé le PSD, Paulo Neves, ajoutant que les socialistes ne l’ont jamais défendue lorsqu’ils étaient au pouvoir. Le Portugal a eu « une position très équilibrée et rigoureuse dans la défense des intérêts du Maroc, du Maghreb et aussi des intérêts » portugais », a soutenu le social-démocrate, soulignant qu’il a également maintenu des contacts avec le Front Polisario.