Un mariage célébré au Maroc a connu un dénouement inattendu et triste. Le marié a prononcé le divorce le soir même des noces, suite au refus de sa jeune épouse de revêtir la traditionnelle tenue amazighe.
Une table ronde sur les « Musiques amazighes et musiques du monde : influences et interactions », a été organisée lundi à Agadir dans le cadre des activités culturelles tenues en marge du festival Timitar.
Intervenant à cette occasion, le directeur artistique du festival, M. Brahim El Mazned a indiqué que cette rencontre vise à jeter la lumière sur la musique amazighe et sur sa place dans le réseau des musiques du monde afin de forger une réflexion sur des itinéraires transculturels et de questionner l’identité amazighe dans sa pluralité.
Evoquant le rôle joué par la musique, en tant qu’art vivant et moyen de communication entre les civilisations dont il révèle l’identité culturelle, il a souligné l’importance de l’interdépendance et de l’interaction entre les différentes structures et entités musicales.
Et d’ajouter que les musiques du monde, qui constituent une sorte d’interaction et de fusion entre les expériences musicales, sont en dialogue avec la musique amazighe qui a nourri et a été nourrie par d’autres courants et influences.
Ces musiques du monde, a-t-il dit, qui se constituent en un pont entre les cultures, cherchent le consensus, voire la conciliation pour que chaque courant artistique puisse trouver un peu de lui-même, à travers une ouverture franche et décomplexée sur les autres cultures.
Il a signalé que faire de la musique un art vivant et la mettre en confrontation dans l’ensemble de ses courants, est la seule façon de ne pas la laisser se figer dans une forme traditionnelle qui en ferait un objet de musée.
De son côté, M. Mahmoud Guetat, enseignant chercheur à l’Université de Tunis a mis l’accent dans son intervention intitulée « influences amazighes sur le répertoire musical tunisien » sur la richesse du patrimoine musical tunisien caractérisé par une interaction, voire une fusion avec les différentes cultures passées (phénicienne, grecque, romaine, arabo-musulmane et même amazighe).
M. Guettat a ajouté que l’influence amazighe est très manifeste notamment dans les domaines culturel et social, citant les exemples des produits de l’artisanat et les célébrations des fêtes.
Il a signalé que la culture amazighe, qui a eu une grande influence sur la structure générale de la culture, des us et coutumes de la société tunisienne, a touché également le domaine musical de façon indirecte à travers certaines structures rythmiques et de chants dans le répertoire des « nawba » et « populaire » et de manière directe à travers plusieurs chansons populaires propres à certains villages du sud tunisien tels les régions de Temzert relevant de la wilaya de Gabès, des poèmes et chansons en langue amazighe avec ses deux genres masculin (Salhi) et féminin (Berrach).
Il a, par ailleurs, appelé à approfondir les recherches sur la question de la fusion entre les chants et les rythmes amazighs et arabes et d’élargir ce champ à d’autres zones situées au Maroc, en Libye et en Algérie.
Dans sa communication sur « le changement et la continuité dans l’Ahwash des juifs-berbères », M. Mohamed Elmedlaoui, chercheur à l’Institut Royal de la Culture Amazigh, a indiqué que ce genre musical berbère a dépassé, à l’instar de la musique maroco-andalouse, les frontières du Maroc, il y a déjà un demi-siècle, pour s’implanter dans d’autres régions, et ce grâce à la mobilité de la communauté juive marocaine immigrée.
Se référant à une thèse réalisée à ce sujet par Sigal Azaryahu et intitulée « le processus de préservation et de changements dans la musique des juifs de l’Atlas en Israël » ainsi qu’à des échantillons vidéos de cérémonies vives de cet Ahwash d’outre mer que l’auteur a pu enregistrer auprès de certaines communautés de juifs marocains établis en Israël depuis les années cinquante, M. Elmedlaoui a procédé à une description comparative ethnomusicologique de certaines variétés de l’Ahwash du Haut Atlas central (sud de Marrakech et Aït Bougmaz et sud-est d’Azilal) et des aspects qu’ont pris ces formes d’origine dans le contexte d’immigration judéo berbère marocain en Israël.
Il a fait remarquer que la communauté juive berbère installée en Israël, a su préserver le cachet original de cet art musical berbère et partant, son attachement farouche à sa culture, malgré tous les effets apparents des contraintes aliénantes de l’immigration et de la globalisation et l’évolution des structures socio-culturelles.
Al Bayane
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