L’Association marocaine de recherche et d’échange culturels (AMREC) dirigée par Brahim Akhiat est en colère contre Abbas El Fassi et le fait savoir. Via un communiqué, cette ONG condamne les propos attribués au secrétaire général du Parti de l’Istiqlal tenus lors des travaux de la 9ème université d’été de la jeunesse istiqlalienne. Abbas El Fassi, affirme l’AMREC qui se base sur des articles de presse, a déclaré que « le parti de l’Istiqlal combattra afin que l’amazighe ne soit pas une langue officielle au Maroc. Se basant sur cette déclaration, l’AMREC a émis un communiqué de plusieurs points rappelant que la question de l’officialisation de l’amazighe fait l’unanimité autant des composantes du mouvement amazigh que de larges couches sociales au vu de l’histoire du pays. Plus encore, selon l’association de Brahim Akhiat, les déclarations d’El Fassi sont une menace pour « la paix sociale et la sécurité culturelle ». Contacté par ALM, Akhiat affirme que ce communiqué n’est qu’une première initiative pour informer les autres composantes du mouvement amazigh pour une plus grande mobilisation. Il ajoute que d’autres formes de protestations contre le chef de l’Istiqlal ne sont pas à écarter dans un avenir proche. Surtout, insiste le patron de l’AMREC, qu’il s’agit de propos attribués à un chef de parti, mais aussi et d’abord à un membre du gouvernement marocain. Pourquoi un tel communiqué, près d’un mois après ? Akhiat répond que son association attendait que Abbas El Fassi s’explique ou fournisse une rectification aux propos qui lui sont attribués. Rien de cela n’a été fait. Abbas El Fassi, dans un entretien à notre journal, balaie de la main toutes les accusations portées contre lui. Il commence d’abord par rappeler une « vérité historique ». L’Istiqlal est le premier parti qui a défendu la culture et la langue amazighes. Allal El Fassi a été aussi le premier leader à proposer la création d’une chaire d’amazighe à la faculté des lettres », déclare Abbas El Fassi. « Nous ne sommes pas contre la constitutionnalisation de cette langue, mais nous proposons que la langue arabe soit maintenue comme langue officielle et qu’on ajoute que la langue amazighe est langue nationale », ajoute le patron de l’Istiqlal. Ce dernier incrimine ceux, parmi une « certaine presse qui ont tronqué ses déclarations » en les sortant de leur contexte.
Pourquoi un tel choix de la langue amazighe comme langue nationale plutôt qu’officielle ? Abbas El Fassi réplique qu’”avoir deux langues officielles reviendrait à diviser le Maroc en deux”.
Pour conclure, El Fassi déclare qu’il a beaucoup d’estime pour l’AMREC, mais que cette dernière n’avait pas à se baser sur des déclarations tronquées. Dossier clos ? Apparemment oui, avec cette clarification du chef de l’Istiqlal. Sauf si les associations du mouvement amazigh en décident autrement. Ces dernières, pour rappel, avaient véhémentement critiqué le département de Habib Malki au sujet de l’enseignement de la langue amazighe dans les établissements publics et les retards pris dans la concrétisation de ce chantier. En Algérie, c’est Bouteflika qui s’était mis à dos la Kabylie en déclarant, lors de la dernière campagne référendaire, qu’il ferait tout pour que la langue amazighe ne puisse jamais être hissée au rang de langue officielle.
Mohamed Boudarham - Aujourd’hui le Maroc