Un couple marocain étrange devant la Cour d’Assises de Paris

27 septembre 2023 - 08h00 - France - Ecrit par : S.A

Les personnes présentes au procès de l’attentat de Magnanville à Paris au cours duquel un Marocain est jugé notamment pour « complicité d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique » ont vécu un moment judiciaire inédit.

Le 13 juin 2016, Larossi Abballa tue Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant adjoint du commissariat aux Mureaux (Yvelines), et sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif dans un commissariat voisin, sont assassinés dans leur pavillon de Magnanville (Yvelines), sous les yeux de leur fils âgé alors de 3 ans, avant d’être abattu par la police qui tentait de libérer l’enfant du couple qu’il retenait en otage. 6 ans plus tard, un procès de l’attentat s’est ouvert lundi devant la cour d’assises spécialement constituée, à Paris, rapporte le site actu-juridique.fr. Le Marocain Mohamed Lamine Aberouz, 30 ans, dont l’ADN a été retrouvé sur le repose-poignet de l’ordinateur portable des victimes serait la complice de l’assaillant. Seul accusé dans le box, il est jugé pour « complicité d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique », « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et « complicité de séquestration en relation avec une entreprise terroriste ». Il ne souffre d’aucune pathologie, selon les experts. Seulement, il estime qu’« on ne peut pas vivre sa religion (musulmane) correctement en France. »

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Ce qui aura ému lors de l’audience dans la soirée, ce n’est pas le profil d’Aberouz. C’est plutôt le fait que l’accusé et son épouse invitée à témoigner sous serment – ce qu’elle a décliné – se rencontrent pour la toute première fois. À la barre, J.C. affirme que le Marocain est son compagnon et qu’ils se sont mariés religieusement le 20 juin 2021. Elle ne l’avait vu avant de l’épouser. « On était en prison », confie la jeune femme de 25 ans. Condamnée en 2020 à 7 ans de prison pour préparation d’actes de terrorisme, cette native de Troyes est sortie de prison le 14 septembre dernier, et réside dans le 18ᵉ arrondissement de Paris. « Comment on se marie sans se rencontrer ? », lui demande le président. « Je n’ai pas à expliquer. On se marie, c’est tout », répond le témoin. Le président poursuit : « pour vous, c’est quoi la signification du mariage ? » « Je ne comprends pas votre question », répond la jeune femme. « Est-ce la première fois que vous voyez votre mari ? », lui demande le président. Elle répond par l’affirmative. « Avez-vous choisi cet homme parce qu’il correspond à vos convictions ? Elle refuse de répondre à cette question.

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À la fin de l’audition, Aberouz demande à intervenir. « Uniquement pour une question, précise le président, vous aurez tout le temps demain de vous expliquer ». Il se tourne vers son épouse tout entière recouverte de voiles. « Est-ce que je peux compter sur ton soutien ? », lui demande-t-il. « Oui », répond-elle, en souriant. « Tu sais combien je t’aime », lui dit-il. Son épouse acquiesce : « Oui » Fin de la conversation. L’épouse quitte la salle. Le procès se poursuit jusqu’au 10 octobre. Le Marocain encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

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