Assassinat de Samuel Paty : Abdelhakim Sefrioui face à la justice

4 novembre 2024 - 16h00 - France - Ecrit par : P. A

Abdelhakim Sefrioui, militant propalestinien, est considéré comme le principal accusé du meurtre de Samuel Paty, professeur du collège du Bois-d’Aulne, tué en octobre 2020. Comme ses sept coaccusés, il comparait ce lundi devant la cour d’assises de Paris.

Le prédicateur franco-marocain rejette les accusations portées contre lui. « Jamais, je n’ai été condamné pour violence ou pour appel à la haine », affirme-t-il, niant être une figure clé de l’islam radical en France, comme l’insinuent les « notes blanches du préfet Laurent Nuñez », et dénonçant les « ragots » de l’imam Hassen Chalghoumi, tête de file de l’islam modéré en France. Placé en détention le 16 octobre 2020, quelques jours après l’assassinat du professeur Samuel Paty, Abdelhakim Sefrioui avait été initialement mis en examen pour « complicité d’assassinat terroriste », puis pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », rapporte Le Nouvel Observateur.

À lire : Une djihadiste marocaine « repentie » devant les assises de Paris

Deux semaines avant le meurtre, le militant avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans le collège du Bois-d’Aulne où ce dernier exerce, estimant que le professeur a fait preuve d’islamophobie en montrant des caricatures de « Charlie hebdo » lors d’un cours. Il était accompagné de Brahim Chnina, le père de l’élève qui avait dénoncé Samuel Paty, devenu son coaccusé. Dans une vidéo enregistrée devant l’établissement et largement relayée sur les réseaux sociaux, il a appelé à l’exclusion du professeur. « Une campagne de haine orchestrée », dénonce le parquet national antiterroriste.

Le maintien en détention d’Abdelhakim Sefrioui est « un scandale d’État », s’était emporté son premier avocat, Ouadie Elhamamouchi, dénonçant « un dossier politique ». Le militant est connu de la police et de la justice françaises. Né à Fès au Maroc, le prédicateur est arrivé en France en 1982 pour poursuivre ses études à l’université du Mans. En 1985, il épouse Nelly, une Française convertie à l’islam. Le couple a eu trois enfants. Cette même année, il participe, en tant que défenseur des droits du peuple palestinien, à une manifestation contre l’ambassadeur d’Israël en visite sur son campus.

À lire : Assises de l’Islam de France : imams et sécurité en débat

Rapidement, le Franco-marocain se révèle comme un prédicateur engagé. Il dirige une salle de prière aux Ulis dans l’Essonne et devient membre fondateur du Conseil des imams de France qui promeut une idéologie proche des Frères musulmans. Après son divorce en 2000, le militant islamiste se consacre à sa librairie religieuse, située non loin de la mosquée Omar à Paris (11ᵉ). Puis, il crée en 2004 le collectif Cheikh Yassine, du nom du chef du Hamas tué par l’armée israélienne la même année. Sous cette bannière, il participe à de nombreuses manifestations où des drapeaux israéliens sont brûlés.

« On reproche à cet homme de 65 ans qui a consacré sa vie à enseigner et à mener un combat politique de ne pas avoir anticipé l’inimaginable », s’étonnent les avocats de Sefrioui, Vincent Brengarth et Colomba Grossi. Et son premier avocat, Ouadie Elhamaouchi, de marteler : « Abdelhakim Sefrioui n’est ni salafiste ni un djihadiste. Il est militant propalestinien. Dire autre chose, c’est jouer avec l’ambiance et l’atmosphère que l’on veut donner à ce dossier parce qu’il est vide. »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Religion - Procès - Homicide - Islamophobie - Islam - MRE

Aller plus loin

Une djihadiste marocaine « repentie » devant les assises de Paris

Une Marocaine arrêtée en Turquie puis expulsée vers la France sera jugée pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2013 et 2017, pour deux séjours en Syrie et...

Assassinat sauvage de Hilal Makhtout : 13 personnes aux assises

La chambre d’accusation d’Anvers a décidé de renvoyer tous les treize suspects de l’assassinat par torture de Hilal Makhtout (33 ans), d’origine marocaine et résident de Genk,...

Assises de l’Islam de France : imams et sécurité en débat

La formation des imams et la sécurisation des mosquées étaient au menu des 4ᵉ assises départementales de l’Islam de France.

Un couple marocain étrange devant la Cour d’Assises de Paris

Les personnes présentes au procès de l’attentat de Magnanville à Paris au cours duquel un Marocain est jugé notamment pour « complicité d’assassinat sur personne dépositaire de...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : des MRE exclus !

Au Parlement marocain, les députés de la majorité (Rassemblement national des indépendants, Parti Authenticité et Modernité et Istiqlal) et de l’opposition (parti de la justice et du développement) ont du mal à s’accorder sur une proposition de loi...

L’Europe veut bloquer les transferts des MRE : les banques marocaines en alerte

La mise en œuvre de la Directive européenne 2024-1619 (CRD6), qui impose aux filiales de banques de pays tiers dans l’Union européenne (UE) un cadre harmonisé et unifié, portera un coup dur aux banques marocaines présentes en Europe et réduira le flux...

MRE : Les questions que les douaniers peuvent vous poser (et pourquoi)

« C’est votre voiture ? », « Avez-vous quelque chose à déclarer ? », « Combien transportez-vous en espèces ? ». À la frontière marocaine, ces questions sont parfois redoutées, mal comprises, voire vécues comme intrusives. Pourtant, elles obéissent à...

Douane marocaine : voici la liste des produits interdits pour les MRE

L’administration des douanes marocaines applique une réglementation assez stricte concernant l’importation de marchandises sur le territoire. Afin d’éviter les confiscations et les infractions, il est essentiel pour les voyageurs, notamment les...

Marocains du monde : une diaspora généreuse mais peu investie

Malgré des transferts de fonds records, la contribution des Marocains résidant à l’étranger à l’investissement productif au sein de leur pays d’origine demeure en deçà des attentes. Cet enjeu a été au cœur des débats lors du premier Forum économique...

Maroc : Pénurie inquiétante de livrets de famille

Anticipant sur la forte demande de livrets de famille à l’approche de la saison du retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE), le ministère de l’Intérieur mobilise les inspecteurs de l’état civil au niveau des préfectures dans les différentes...

Le programme d’aide au logement séduit les MRE

Des Marocains résidant à l’étranger (MRE) figurent parmi les 15 194 bénéficiaires du nouveau programme d’aide au logement lancé par le roi Mohammed VI en octobre dernier, fait savoir Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du Territoire, de...

Les MRE dopent le marché immobilier

Malgré l’inflation et les crises successives de ces dernières années, le secteur immobilier marocain s’est redressé en 2024. Ceci, grâce notamment au programme d’aide directe au logement qui a connu un franc succès auprès des Marocains et de la...