Belgique : alerte au sable du Sahara marocain

16 novembre 2023 - 13h00 - Belgique - Ecrit par : S.A

Un nuage de sable du Sahara va atteindre la Belgique. Ce phénomène « va venir s’ajouter à un épisode de pollution, et peut parfois constituer une part significative de l’épisode », préviennent les météorologistes.

« Il arrive que du sable du Sahara soit transporté vers l’Europe, c’est assez régulier. En hiver, cela touche assez souvent l’Espagne, les Canaries par exemple, et il peut arriver que ce sable soit amené jusqu’au-dessus de nos contrées », indique Philippe Maetz, expert de la cellule interrégionale de l’environnement, Celine auprès de La Libre. Selon lui, ce n’est pas très fréquent, mais cela arrive. « Cela contribue donc aussi à la pollution puisque cela s’ajoute à nos propres émissions. Mais la tempête de sable va rarement être toute seule à l’origine du pic de pollution. On est en loin ! », explique-t-il. Se souvenant d’un épisode en janvier aux Canaries, le spécialiste fait savoir que « ce phénomène d’importation du sable du Sahara s’appelle la Calima, du nom d’un vent spécifique qui emmène le sable jusqu’au-dessus des îles Canaries. » Ce type d’événement « n’est pas si rare et peut se produire plusieurs fois par an », explique l’Institut royal de météorologie (IRM), ajoutant que la Belgique ne sera pas épargnée par les tempêtes de sable, en provenance du Sahara.

À lire : Du sable du Sahara marocain atteint la France

« La poussière dans l’air limitait la visibilité, les voitures étaient jaunes, et les concentrations dans l’air étaient énormes : 200 ou 300 microgrammes par mètre cube, voire plus. Cela n’arrive pas ici évidemment. Néanmoins, nous observons occasionnellement des importations de sable ou de poussière de sable depuis le Sahara », ajoute Philippe Maetz, soulignant qu’il est très rare qu’un pic de pollution soit attribuable à une seule source. « Nous mesurons toujours les particules fines comme un ensemble de composés jamais très bien défini : il y a dedans à la fois des composés organiques, comme la pollution qui va venir du trafic automobile ou du chauffage, et des composés minéraux, comme notamment la poussière soulevée du sol. En effet, l’érosion des sols est aussi une source naturelle (de pollution de l’air). Le vent ou le trafic soulèvent la poussière sur le sol, mais ce n’est bien sûr pas aussi important que si nous nous trouvions dans un désert ! », poursuit l’expert.

À lire :Un nuage de sable du Sahara touche la France

À tout cela, il dit qu’il faut aussi ajouter les conditions météo : un temps stable où les particules ne sont pas dispersées. « Le sable qui va arriver du Sahara jusqu’ici va venir s’ajouter à un épisode de pollution, et peut parfois constituer une part significative de l’épisode, mais il ne sera jamais tout seul. Il est aussi difficile de dire si cet élément a un impact plus important que les autres sources, un pic de pollution étant toujours un mélange de différentes choses. Ce n’est pas actuellement la source la plus importante de la pollution aux particules fines. Les émissions locales liées au résidentiel (chauffage) et au trafic restent de loin beaucoup plus importantes que la contribution d’importation de sable du Sahara », résume Maetz.

À lire : Le nuage de sable du Sahara qui a traversé la France était radioactif

Quid de l’impact de cette poussière du Sahara sur la santé ? Selon le Service européen de surveillance de l’atmosphère Copernicus (CAMS), cela dépend de la concentration et de l’altitude. « Il a été établi que des concentrations élevées de poussière, généralement proches de la source de poussière, provoquent des maladies respiratoires et cardiaques. Le transport de poussières à haute altitude est moins susceptible d’avoir un impact significatif sur la qualité de l’air en surface. Mais d’importants nuages de poussières en surface apportent des particules, grosses et fines, détériorant la qualité de l’air et posant des risques respiratoires, voire cardiovasculaires », explique-t-il, ajoutant que ces épisodes peuvent aussi transporter des virus ou des bactéries provenant des sources de poussière. Le CAMS estime que ce sable peut être aussi radioactif. Et de rassurer : « La source peut être naturelle et, dans le cas d’une région particulière d’Algérie, issu des essais nucléaires effectués par la France dans les années 60. Là encore, rien ne prouve qu’à ces concentrations, les particules puissent présenter un risque pour la santé ou l’environnement. »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Belgique - Environnement - Sahara Marocain

Aller plus loin

Un nuage de sable du Sahara touche la France

Un nouveau nuage de sable du Sahara est arrivé sur la France et en particulier les Pyrénées depuis lundi 20 février. À l’origine de ce phénomène, une dépression, située entre...

Du sable du sahara marocain « envahit » toute la France

Une semaine particulière en France. Des vents forts venant du Sahara marocain, accompagnés de poussière jaune, vont s’abattre sur l’Hexagone dès ce lundi jusqu’à mercredi.

Nouvelle vague de sable du Sahara marocain dans les Pyrénées

Des poussières de sable du Sahara marocain ont survolé une fois de plus les Pyrénées dimanche 25 avril 2021. Le ciel s’est teinté d’orange.

Du sable du Sahara marocain atteint la France

Le sud-est de la France s’est teinté d’une nuance orangée depuis mardi dernier, avec l’arrivée d’un nuage de sable en provenance du Sahara marocain.

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : des substances toxiques dans les emballages alimentaires

Une récente étude a révélé la présence de substances chimiques per – et polyfluoroalkylées (PFAS) dans certains emballages alimentaires à usage unique au Maroc.

Un frigo, 100% marocain, écologique et sans électricité

Un réfrigérateur en argile, qui fonctionne sans électricité et peut conserver les aliments pendant 15 jours. C’est l’invention créée il y a quelques années par Rawya Lamhar, une jeune ingénieure marocaine.

Sahara : l’ONU accuse, le Polisario récuse et critique le Maroc

Le Polisario critique le rapport du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, sur la situation au Sahara qui l’accable et accuse le Maroc de violation continue de la présence et du travail de la MINURSO.

Déchets de l’Aïd al-Adha : un casse-tête pour les villes marocaines

Au Maroc, la gestion des déchets pendant la période de la célébration de l’Aïd al-adha reste l’un des défis que peinent à relever chaque année les autorités locales.

Le Polisario se plaint du Maroc auprès de l’ONU

Un groupe proche du Polisario affirme que des Forces royales air ont ciblé ses chameaux et son bétail dans les zones sahariennes et tient la MINURSO responsable de toute escalade qui pourrait en découler.

Maroc : voici les plages qu’il faut éviter cette année

Alors que les 24 plages propres (Pavillon bleu) au Maroc ont été révélées cette semaine, le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable vient de publier la liste des plages où il n’est pas recommandé de se baigner cette année.

Le Polisario a-t-il détourné les fonds de l’Europe destinés aux Sahraouis ?

La Commission de l’Union européenne a répondu à une question écrite du député européen Brice Hortefeux portant sur les fonds qu’elle a envoyés aux Saharouis.

La marque Lacoste présente ses excuses au Maroc

L’affaire des polos Lacostearborant une carte tronquée du Maroc, excluant ses provinces du sud, connaît un nouvel épisode. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a confirmé que les responsables de la célèbre marque française de...

Maroc : la ministre de l’écologie critiquée pour l’achat de voitures diesel

La ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, se retrouve au cœur d’une nouvelle polémique liée à l’acquisition de nouvelles voitures de fonction. Non seulement on leur reproche d’être très chères, mais en plus...

Le FMI confirme un prêt pour le Maroc

Le Maroc bénéficiera d’un prêt de 1,3 milliard de dollars du Fonds monétaire international (FMI) pour soutenir sa transition écologique et renforcer sa résilience face aux catastrophes naturelles.