L’Union européenne veut mettre fin au transfert de fonds des Marocains résidant en Europe vers leur pays d’origine via les banques marocaines présentes sur le continent.
Les employés astiquent une dernière fois les lieux avant de commencer leur journée. Dans quelques instants, les premières clientes vont arriver, il faut que tout soit reluisant. Il est 8h30 du matin, le salon de coiffure et d’esthétique des sœurs Boussaïd ouvre ses portes. Entourées de leur personnel, Nouzha et Ilham, propriétaires du salon Carita, situé dans le quartier Gauthier, à Casablanca, sont elles aussi à pied d’oeuvre.
Originaire de Fès, leur famille est partie pour la France alors qu’elles étaient encore enfants. Nouzha avait 7 ans, Ilham 5.
Toutes deux gèrent aujourd’hui une franchise qui compte parmi les plus prisées de la métropole. Un peu plus de vingt ans après leur retour au bled, elles ne regrettent rien de ce choix.
« Notre salon est un établissement de coiffure important. C’est une entreprise qui emploie 17 personnes », explique Ilham, manager du salon.
Esthéticienne de formation, elle assume, au quotidien, la réception des clientes, l’encadrement des coiffeuses et la formation des jeunes esthéticiennes. Choix des produits et gestion des commandes sont aussi de son ressort.
Des clientes depuis 20 ans
Pour sa part, Nouzha, coiffeuse passionnée par son métier, prend soin des cheveux de « ses clientes ».
« Je coiffe certaines clientes depuis plus de vingt ans. Il m’arrive parfois de coiffer une grand-mère avec sa fille et sa petite-fille », précise-t-elle.
Issues d’une famille de sept enfants, Nouzha et Ilham ont grandi à Ambérieu-en-Bugey, une ville de province située à 30 kilomètres de Lyon. Elles sont entrées très jeunes dans le monde du travail, 15 ans pour Nouzha, 18 pour Ilham.
Nouzha a 22 ans et déjà 8 années d’expérience dans le domaine de la coiffure quand elle choisit de quitter la France pour venir ouvrir un salon au Maroc.
Nous sommes en 1981. Après avoir envisagé une installation à Fès, Nouzha choisit finalement la capitale économique. En 1982, Ilham la rejoint. Elle n’a que vingt ans et vient tout juste d’achever une formation d’esthéticienne.
« A l’époque nous étions en quête de nos racines, nous voulions retrouver notre culture. Nous voulions aussi prouver à nos familles et à nous-mêmes que nous étions capables de nous installer au Maroc et d’y vivre durablement », raconte Ilham quand elle tente d’expliquer leur retour.
En quelques mois, les sœurs Boussaïd créent Renato, leur premier salon de coiffure, baptisé ainsi du prénom du dernier employeur lyonnais de Nouzha.
« Nos débuts ont été difficiles, plusieurs fois nous avons failli faire nos valises et rentrer en France. Mais nous nous sommes accrochées. Nos premières clientes nous ont aussi beaucoup soutenu, elles nous demandaient de rester, elles nous encourageaient sans cesse dans notre travail », confie Nouzha.
Dix ans plus tard, le salon devient trop petit pour accueillir une clientèle de plus en plus nombreuse, surtout depuis qu’Ilham a décidé d’ouvrir une salle de soins corporels.
Renato ferme donc en 1995 et les sœurs Boussaïd ouvrent Carita, un salon franchisé bien plus grand que le précédent.
La création de Carita a coûté 6 millions de dirhams à Nouzha et Ilham, un investissement qu’elles ne regrettent en aucun cas.
« A l’époque, nous avons pris de gros risques financiers, cependant nous étions bien soutenues par les banques. La clientèle de Renato nous a aussi bien aidé à lancer Carita », explique Ilham.
La réussite de Carita tient aussi au fait que Nouzha et Ilham ont su créer des liens de fidélité avec leurs employés. « Certains employés nous accompagnent depuis nos débuts », précise Ilham. Aujourd’hui, à la tête d’une entreprise dynamique au Maroc, les soeurs Boussaïd n’ont pas pour autant oublié le pays qui les a vu grandir.
« Quelque part un peu déracinées, nous sommes toujours très sentimentalement attachées à la France. Que ce soit à l’occasion de nos vacances, pour revoir notre famille, ou encore pour partir en formation, pas une année ne passe sans que nous ne retournions là-bas », explique Nouzha.
« Cependant, de notre retour au Maroc nous ne regrettons rien. Et je suis sûre que si toute cette aventure était à refaire nous la referions », ajoute Ilham, avant de lancer en souriant « il faut que nous nous remettions au travail maintenant ».
Les premières clientes sont là et avec l’attention qu’elles leur manifestent depuis toujours, Nouzha et Ilham tiennent à les accueillir personnellement.
Brice JOURDAN - L’Economiste
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