Code de la route : Les transporteurs font de la résistance

6 octobre 2008 - 23h48 - Maroc - Ecrit par : L.A

Le projet de code de la route, dont l’examen par la commission parlementaire (intérieur, décentralisation et infrastructures) a repris il y a quelques jours, est de nouveau sous le feu des projecteurs. Le ministre de l’équipement et du transport, Karim Ghellab, qui fait de ce projet de texte le pilier de son programme de lutte contre l’insécurité routière, a de nouveau repris ses actions de sensibilisation pour obtenir l’adhésion des professionnels du transport qui continuent de contester certaines dispositions.

Ainsi, le ministre a reçu le 17 septembre les représentants des deux fédérations de transport des voyageurs, en l’occurrence la Fédération nationale du transport routier (FNTR) et la Fédération marocaine de transport public par route des personnes (FMTPRP). Selon un participant, ces derniers ont été déçus par cette rencontre durant laquelle M. Ghellab « s’est contenté d’exposer sa vision sur les deux questions principales à l’ordre du jour : le projet de code de la route et la réforme du transport routier de voyageurs ».

Sur le projet de code, le ministre a demandé l’adhésion sans conditions des transporteurs de voyageurs. Ceux-ci ont rappelé qu’ils ne sont pas fondamentalement contre, mais soulignent qu’ils sont tout à fait étrangers à la conception du projet. « Dans le plupart des dispositions de ce texte, l’administration n’a pas pris en considération les particularités du métier du transport », détaille une source auprès de la FNTR.

Plus de 700 autorisations non exploitées

Celle-ci cite plusieurs exemples d’articles exposés au ministre lors de cette rencontre, et déjà transmis à la commission parlementaire par d’autres canaux. Ces articles sont pour la plupart relatifs à des délits commis par le chauffeur, mais pour lesquels il est prévu de sanctionner aussi l’entreprise.

C’est le cas de l’excès de vitesse constaté par radar automatique (article 179 du projet de code), du délit de fuite après un accident (article 110), du surnombre de voyageurs dans un autocar, de l’arrêt pour déposer ou prendre des passagers au bord de l’autoroute et le refus d’obtempérer (article 179).

Un autre point de discorde concerne une disposition de l’article 41 relatif à la prorogation du permis de conduire professionnel, conditionnée à un examen de contrôle des aptitudes du conducteur après cinq années d’exercice. Une telle disposition, estiment les professionnels, est susceptible d’éliminer des chauffeurs expérimentés au profit de débutants.

La réforme du transport de voyageurs dans le but de sa libéralisation a également fait l’objet de discussions. Sur ce point aussi, le ministre a informé les professionnels que son département disposait désormais d’une vision claire sur la réforme de cette activité.

Mais il s’est arrêté, selon eux, à l’énoncé de quelques principes généraux : conditions d’accès à la profession basées sur le professionnalisme, définition du terme transporteur professionnel, classification des entreprises de transport et des lignes desservies et création d’un fonds d’indemnisation.

Les transporteurs de voyageurs déplorent que le ministre n’ait pas donné plus de précisions sur ce projet et qu’il ait décliné poliment l’invitation à une prochaine rencontre sur ce sujet, arguant du fait que « ces données nécessitent l’aval d’autres départements ministériels concernés par cette libéralisation ».

Ils disent ne pas être « convaincus par ces arguments et ne cachent pas leur inquiétude à l’égard d’une réforme qui est élaborée actuellement par l’administration seule ». Au ministère, une source autorisée nuance les propos tenus par les professionnels, affirmant que le ministre doit d’abord peaufiner son projet avant de revenir vers la profession avec des arguments concrets.

La crainte réside encore une fois dans le risque de production d’une nouvelle loi inapplicable. Et ceci est d’autant moins souhaitable que le secteur souffre de maux endémiques, entre autres une faible rentabilité due à un marché déséquilibré par une offre largement supérieure à la demande.

Il existerait actuellement, selon la FNTR, plus de 700 autorisations non exploitées. Et le robinet des agréments continue de couler. Mais il faut se rendre aujourd’hui à l’évidence : remplacer le système des agréments de transport par un système plus économiquement rationnel n’est pas une mince affaire

Source : La vie éco - Mohamed Moujahid

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Transports - Code de la route marocain - Ministère de l’Equipement et du Transport

Ces articles devraient vous intéresser :

Au Maroc, les nouveaux camions peuvent encore polluer

Initialement fixée à janvier 2025, l’adoption par le Maroc de la norme environnementale européenne Euro 6 pour l’homologation des véhicules neufs commercialisés sur le marché national ne sera effective qu’à partir du 1ᵉʳ janvier 2027, confirme le...

Maroc : des GPS pour traquer les voitures des fonctionnaires

Au Maroc, une ONG appelle à l’installation d’antennes GPS sur les véhicules de service affectés à certains fonctionnaires afin d’éviter leur utilisation à des fins privées.

Le Maroc contraint de mettre fin aux cartes d’embarquement en papier ?

L’ère du tout-numérique gagne du terrain, et le secteur aérien n’y échappe pas. Alors que certaines compagnies aériennes, comme Ryanair, ont déjà franchi le pas en supprimant les cartes d’embarquement papier, la question se pose pour d’autres pays,...

Maroc : les voitures de plus en plus chères !

Les Marocains paieront plus cher les voitures neuves en raison de l’obligation de respecter les normes « Euro 6 » pour l’homologation et l’immatriculation. Les professionnels du secteur appellent Mohamed Abdeljalil, ministre des Transports et de la...

Maroc : du changement pour les plaques d’immatriculation

Le ministère du Transport et de la Logistique a officialisé l’autorisation d’utiliser les plaques d’immatriculation au format international sur l’ensemble du territoire marocain. Jusqu’à présent, leur usage était en principe réservé aux seuls véhicules...

Royal Air Maroc à nouveau critiquée pour la perte de bagages

Abdessamad Kayouh, ministre du Transport et de la Logistique, s’explique sur les retards observés dans la remise des bagages et la perte des bagages dans les aéroports marocains, surtout l’aéroport Mohammed V de Casablanca.

Des travaux à l’aéroport de Casablanca qui vont peser sur les voyageurs

Les préparatifs des grands événements sportifs comme la coupe d’Afrique des nations (CAN Maroc 2025) et la coupe du monde de football 2030 poussent le ministère du Transport et de la Logistique à limiter de façon temporaire les activités de l’aéroport...

Nouvelles plaques d’immatriculation interdites au Maroc ? réponse du gouvernement

Le ministère du Transport et de la Logistique s’est fendu d’un communiqué pour clarifier la situation concernant les verbalisations de véhicules portant des plaques d’immatriculation de circulation internationale.