Le consommateur marocain profite-il de l’évolution ?

6 mars 2008 - 16h42 - Maroc - Ecrit par : L.A

A la fin de chaque exercice, toute réalité soit-elle économique ou sociale est chiffrée et relativisée par rapport aux années passées. Le Maroc ne peut échapper à cette règle permettant de capitaliser les acquis et d’établir un plan d’action pour maximiser les retombées positives d’une politique déjà engagée. De ce fait, la Banque centrale marocaine a publié ces derniers jours son analyse des statistiques monétaires relatives au mois de décembre 2007. Il ressort de ce rapport une hausse de l’agrégat monétaire M3 de l’ordre de 2.7%.

La hausse de l’ensemble des chiffres officiels considérés dans leurs valeurs absolues ou relatives, peut-elle laisser croire en une croissance économique et une amélioration du niveau de vie du consommateur marocain ? Si l’agrégat monétaire frôle une hausse de 2.7%, c’est parce que les concours à l’économie ont enregistré une expansion de l’ordre de 28.7%. Pour certains, si la monnaie en circulation affiche une hausse, les consommateurs marocains dépensent plus et donc ils vivent mieux.

En réalité, l’évolution des sources de création monétaire ne peut être tirée au clair que si la progression des agrégats macro-économiques est rapportée à l’intérêt que chaque acteur économique ou social peut tirer de cette progression. Faire face à l’augmentation des prix de produits pétroliers et au rythme de la hausse des prix de certains produits de première nécessité, est une mission que le gouvernement compte assumer par le renforcement du rôle de la caisse de compensation, sans que la position de l’exécutif ne paraisse inconfortable.

Alimenter les caisses du Trésor devient donc le souci majeur de l’Etat marocain. Ainsi, l’augmentation des dépenses publiques oblige les pouvoirs publics à lever davantage de fonds sur le marché primaire, toutes maturités confondues.

Les dernières années, le marché monétaire est rythmé par une insuffisance chiffrée actuellement à 12 MDH. Cette insuffisance de liquidité est liée à l’achat massif de devises pour assurer une couverture de risque de change et au relèvement de la réserve obligatoire que les banques considèrent comme des fonds gelés auprès de la banque centrale.

Les Marocains dépensent plus

Cet assèchement de liquidité sur le marché monétaire a provoqué une baisse des volumes sur l’obligataire, source importante pour gonfler les caisses du Trésor. Face à cette situation d’asphyxie sur le marché « du liquide » Bank Al Maghrib à injecté 8.6 milliards de Dh.

Pourquoi une telle réaction ? Il parait que l’Etat récupère d’un coté ce qu’il a donné de l’autre. Pour que le Trésor soit au niveau confortable après une série d’épisodes du feuilleton de privatisation, l’Etat fixe le regard sur le marché financier pour lever des fonds via des bons obligataires. Et pour conforter les acteurs demandeurs manifestant sans limite un engouement pour les bons de Trésor, l’Etat injecte une grosse somme et provoque un accroissement du niveau des liquidités sur le marché intérieur, lesquelles ont besoin d’être placées en bons du Trésor. Il ne faut pas omettre la reconversion de la dette extérieure du Trésor vers le marché interne pour optimiser le coût d’endettement. Il est clair que pour une création monétaire, il faut compter en premier les besoins du Trésor. Si une progression de 12.9% de la masse monétaire est affichée, c’est le Trésor qui a tiré un maximum de profit.

L’intérêt du consommateur, acteur souverain de tout circuit économique, est exclu du circuit de l’évolution des sources de création monétaire. La tendance haussière de M3 s’explique aussi, d’après le dernier bulletin mensuel de la Direction des études et des prévisions financières par l’accroissement des crédits à la consommation +35.6% et des crédits immobiles. L’indice du coût de la vie ne cesse de croître. Depuis décembre, les prix de nombreux produits ont augmenté. Le cas de l’huile est le plus frappant. Certaines marques ont affiché trois augmentations en douze mois. Le prix du litre est passé de 10DH à fin 2006 à 13 DH à fin 2007, soit une hausse de 30%. Idem pour le lait dont le prix a enregistré une hausse de 3.2%. Les prix d’autres produits ont grimpé de 40%. Si la création monétaire frôle la hausse, c’est parce que le Trésor renforce sa position de souveraineté. De quelle maîtrise d’inflation parlent nos responsables ? Comment peut-on qualifier la progression de M3 d’embellie ???

Source : Gazette du Maroc - Jdily Fatima -Zohra

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