Les Marocains vivant à l’étranger restent, on le sait, viscéralement attachés à leur pays d’origine. Et il n’est pas rare que cet attachement donne lieu à de belles initiatives, comme c’est le cas pour cette action menée avec foi par un scientifique marocain résidant en Suisse pour améliorer l’environnement au Maroc.
M. Bouziane Outiti, est en effet à l’origine de la récente création d’une "Association Maroco-Suisse pour l’environnement et le développement" (AMSED), qui ambitionne notamment de contribuer, par un apport de savoir-faire de pointe, à l’amélioration de l’environnement au Maroc. Un savoir-faire mondialement reconnu et qu’il est allé chercher dans son lieu de travail, à savoir auprès du très réputé Institut fédéral Suisse pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux (EAWAG, sis à Dubendorf, banlieue de Zurich), une référence mondiale en matière d’environnement et de dépollution des eaux.
Dans un entretien à la MAP, M. Outiti, qui travaille à l’EAWAG en tant qu’informaticien, expliquera comment il a vite compris tout ce que cet institut de renommée mondiale et les scientifiques de haut vol qui le composent pourraient apporter à son pays d’origine dans le domaine de l’environnement. Par un heureux hasard, il se trouvait que le Directeur Général de l’EAWAG, le Pr. Alexander Zehnder, non seulement connaissait parfaitement bien le Maroc (pour avoir enseigné il y a longtemps à l’Ecole Mohammedia des ingénieurs de Rabat), mais l’aimait passionnément.
Il y est d’ailleurs retourné par la suite à plusieurs reprises, n’hésitant pas à emmener avec lui proches et collègues de travail pour découvrir ce pays fascinant. C’est donc sensibilisé aux beautés et richesses naturelles du Maroc, mais également conscient des menaces qui pèsent sur un environnement fragilisé par les agressions humaines et naturelles, que le Pr. Zehnder a accepté les demandes pressantes de M. Outiti de rejoindre son association.
La réputation du Pr. Zehnder ne s’arrête pas à sa direction de l’EAWAG. Microbiologiste reconnu, il a été récemment nommé au prestigieux poste de Président du Conseil des écoles polytechniques fédérales suisses (qui comprend, outre les célèbres écoles polytechniques de Lausanne et de Zurich, les cinq Instituts de recherche qui leur sont rattachés, dont l’EAWAG).
Mais, l’AMSED regroupe plusieurs autres experts de premier plan. Il n’y a qu’à parcourir des yeux la liste des membres, pour se rendre compte de la contribution qu’une telle association pourrait apporter à l’action environnementale au Maroc. Ainsi, on retrouve aux côté du Pr. Zehnder, qui y siège en qualité de "réviseur", le Pr. Markus Boller, Ingénieur, Chef du Département Gestion des eaux dans les zones urbaines de l’EAWAG et expert mondialement reconnu de la gestion des crues (Vice-Président), le Dr. Snozzi Mario, Microbiologiste, spécialiste de l’eau potable et informaticien (trésorier), la Dr Laurence Meunier, Chimiste, du Département des ressources aquatiques et de l’eau potable de l’EAWAG (Secrétaire), ou encore le Dr. Herbert Goettinger, biologiste (réviseur).
Egalement membres de l’AMSED, le Pr. Walter Gieger, Chimiste, Chef du Département Composés polluants à l’EAWAG et spécialiste de la décontamination des eaux, le Dr. Marc Suter, chimiste, chef du Département Chimie analytique de l’environnement aquatique, Le Pr. Thomas Egli, Biologiste et spécialiste de l’eau potable, Roland Schetenleib, chef du Département "Eau et assainissement dans les pays en développement" (SANDEC).
Ce département est mondialement connu pour ses actions en faveur des pays en développement dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, actions bénéficiant de financements d’origines diverses : Organisation mondiale de la santé (OMS), Direction suisse du développement et de la coopération (DDC), etc. La SANDEC a déjà contribué à une action environnementale à Ouarzazate.
Mais, cette profusion de savoir-faire et de technicité, ainsi que ces évidentes bonnes volontés, n’auraient certainement abouti à rien sans la farouche volonté et l’obstination de M. Outiti. Très attaché à son pays d’origine, l’informaticien est conscient du défi environnemental : "Le Maroc est un pays en plein développement, un pays en chantier. Il faut toutefois bien comprendre qu’il ne saurait y avoir de développement sans protection et aménagement efficaces de l’environnement", assure-t-il. Et qui, mieux que l’EAWAG, peut apporter au Maroc savoir-faire et expertise dans ce domaine ? M. Outiti rappelle à ce propos, non sans fierté, combien la réputation de cet Institut est grande à travers le monde, et comment experts, chercheurs et scientifiques de haut niveau font régulièrement recours à cette expertise.
C’est certainement conscients de sa foi dans son projet et de son engagement, que ses collègues scientifiques de l’EAWAG qui ont accepté de faire partie de l’AMSED, l’ont élu à l’unanimité à la présidence de cette association, lors de l’Assemblée constitutive du 31 octobre dernier. Et déjà, notre informaticien est en campagne pour peaufiner un programme d’activités qui soit à la mesure de ses ambitions. Jeudi, il doit rencontrer à Berne l’ambassadeur du Maroc en Suisse, M. Mohammed Guedira, avec lequel il doit examiner les possibilités d’action qui s’offrent à l’AMSED.
Au regard de ses statuts, l’AMSED est une "Association d’utilité publique au sens des articles 60 et suivants du Code Civil Suisse". L’Association, basée à Dubendorf, s’engage à contribuer à "l’amélioration du développement environnemental au Maroc", en ayant constamment présent à l’esprit que toute action doit être menée "en accord avec la nature et l’environnement".
Consciente de l’importance du transfert de technologie et du savoir-faire dans ce domaine, l’AMSED se dit soucieuse de "transmettre des connaissances scientifiques dans le domaine de l’environnement aux organisations marocaines" (intéressées). "Toute personne physique ou morale avec domicile en Suisse ou au Maroc peut être membre de l’Association", ajoutent les statuts.
Selon M. Outiti, grâce à ses membres, "l’AMSED est en mesure d’effectuer des consultations et d’apporter un soutien dans l’ensemble du secteur de l’approvisionnement en eau et de l’épuration des eaux usées". Ce soutien, indique le président de l’association, peut se concrétiser "tant au niveau de la planification et de l’évaluation des solutions, que dans le domaine de la formation et du perfectionnement des intervenants dans le domaine environnemental au Maroc".
MAP
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