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Durement touché par le séisme qui a frappé le Maroc en septembre 2023, le cyprès de l’Atlas, espèce protégée, est menacé d’extinction du fait de l’exploitation humaine et du changement climatique.
Parmi les 300 espèces d’arbres et d’arbustes que compte le bassin méditerranéen, figure le cyprès de l’Atlas. Spécialité de la vallée du Haut Atlas au Maroc, cette espèce, qui résiste au réchauffement climatique, n’a cessé d’attirer la curiosité de nombreux botanistes, forestiers et écologues depuis les années 1920. Le capitaine Charles Watier, inspecteur des eaux et forêts du Sud marocain fut le premier à annoncer la présence de ce cyprès dans la vallée de l’oued N’Fiss, dans le Haut Atlas, en 1921. En 1950 Henri Gaussen, botaniste français, élèvera ce cyprès des Goundafa au rang d’espèce et lui donne le nom scientifique de Cupressus atlantica Gaussen, relaie The Conversation.
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Le cyprès de l’Atlas se distingue des autres cyprès méditerranéens, avec son feuillage bleuté et ses petites pommes de pin sphériques (entre 18 et 22 mm). On le retrouve uniquement dans la vallée du N’Fiss, où il couvre actuellement près de 2 180 hectares, contre 5 000 à 10 000 hectares dans les années 1940 et 1950. Des chiffres qui montrent une régression importante de cette espèce. Une situation imputable à l’être humain qui, depuis des siècles, exploite le bois de cyprès pour la construction des habitations et le chauffage, et utilise son feuillage pour nourrir les troupeaux de chèvres dans la forêt. Le cyprès de l’Atlas a été aussi utilisé en médecine traditionnelle : massages du dos avec ses feuilles, ou décoction de ses cônes.
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Le surpâturage et la pression anthropique qui freinent la régénérescence de ces arbres, ajoutés au séisme du 8 septembre qui a causé d’importants dégâts matériels dans la vallée du N’Fiss, détruisant notamment la mosquée de Tinmel, contribuent à leur extinction. De même, un des vieux cyprès datant de plus de 600 ans a été abattu lors du réaménagement de la route principale. L’implantation des pistes et des dépôts de gravats au milieu des peuplements pendant la reconstruction des villages touchés par le séisme, a également détruit de vieux cyprès. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) classe C. atlantica parmi les 17 espèces forestières mondiales dont le patrimoine génétique s’appauvrit.
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Plus encore, le cyprès de l’Atlas est menacé par le changement climatique en raison de la sécheresse persistante que subit le Maroc depuis six ans. Il fait partie des espèces en danger critique d’extinction, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Pour protéger le cyprès de l’Atlas, des mesures telles que la fermeture de certains espaces pour supprimer le pâturage, et l’interdiction des prélèvements de bois doivent être envisagées. Il est aussi important de sensibiliser les populations locales et de replanter des cyprès de qualité. La création de forêts urbaines serait un bon moyen de préserver, hors de son aire naturelle, cette espèce menacée.
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