Davos 2004 : Le Maroc et le roi Mohammed VI cités pour les réformes

27 janvier 2004 - 23h59 - Economie - Ecrit par :

Une semaine après le Forum altermondialiste de Bombay, partenariat, sécurité et prospérité ont été les trois termes mis en avant pour le World Economic Forum, qui s’est tenu à Davos du 21 au 25 janvier 2004.

Malgré le message venu de Bombay et qui voulait une « croissance sans insécurité », les deux premiers de ces mots ont pris le pas sur le troisième, dans des rencontres où la géopolitique a dominé l’économie. Sans doute la recomposition du monde occupe-t-elle en priorité les esprits.

Les Etats-Unis, la plus grande puissance, ont été présents en force parmi les quelque 2.100 participants, dont une petite poignée de Marocains .Il semble que les Marocains se sentent handicapés par leur maîtrise de l’anglais, ce en quoi ils ont bien tort car à Davos bien peu pourraient prétendre à un diplôme dans cette langue ! L’important c’est de se comprendre.

Malgré cette trop petite présence humaine, le Maroc a occupé un espace intellectuel relativement grand. Certes, il n’y avait pas de grande manifestation spéciale comme celles de l’Arabie Saoudite, de l’Afrique du sud (Coupe du monde de foot en 2010, svp !), de la Turquie.... Mais le Royaume était présent en tribune, comme dans des ateliers restreints.

Le Maroc a aussi servi de référence, à plusieurs reprises, y compris dans la bouche du vice-président américain, qui a expressément cité S.M. le Roi Mohammed VI pour son audace dans les réformes concernant les droits de la femme, de la famille, les libertés individuelles et plus généralement les droits de l’homme. Les décisions prises par le Souverain marocain changent la donne dans le monde arabo-musulman, a-t-il souligné.

De manière générale, les participants au Forum cherchaient les grands pôles d’équilibre mondiaux, après que les Etats-Unis aient envahi l’Irak sans apporter ni la prospérité, ni la sécurité. Le Moyen-Orient n’est pas devenu plus sûr. Visiblement, après avoir utilisé le Forum en 2003 pour annoncer leur intervention militaire, Washington a cherché à Davos un partenariat, avec l’Union européenne notamment. Dans les deux cas, ils ont été critiqués vertement et ouvertement, ce qui n’a pas changé grand-chose à leur détermination. L’incertitude reste donc totale sur le retour à la normale en Irak. En revanche, une lueur s’est levée en Palestine avec l’initiative de Genève, initiative à laquelle le Maroc a participé grâce aux ouvertures diplomatiques de S.M. le Roi Mohammed VI et l’action que conduit, depuis trente ans, Azoulay pour la paix et la réconciliation dans cette région. Rappelons que l’initiative de Genève vient de deux anciens ministres, un de l’Autorité palestinienne (Yasser Abed Rabbo), l’autre d’Israël, qui disent « agir en tant que société civile ».

L’initiative est soutenue par l’Autorité palestinienne, pas par le gouvernement Sharon, mais elle bénéficie de l’approbation du Parti travailliste israélien.

Deuxième point géopolitique : Chypres

Comme chaque année, la délégation turque a été puissante derrière son Premier ministre. Celui-ci veut débloquer le dossier chypriote, cette île de la Méditerranée, coupée en deux depuis trente ans, après une intervention militaire turque. La partie grecque est devenue nettement plus développée que la partie turque et entre dans l’Union européenne.

Mais le chef de la partie turque ne veut pas renoncer au pouvoir acquis à la suite du coup de force militaire. Quand le Premier ministre d’Ankara indique qu’il interviendra comme médiateur dans l’affaire, autant dire qu’il obtiendra gain de cause. La Turquie, qui sait se servir de Davos, se place aussi comme médiateur sur quelques autres petits dossiers qui contribuent à empoisonner la région. Une façon astucieuse de refermer pour un bon bout de temps les dossiers kurde et arménien...

Troisième avancée à Davos : le conflit entre le Pakistan et l’Inde. La détente a déjà quelques mois, mais la plate-forme de Davos a permis aux deux protagonistes de la mettre en évidence, dans le style informel propre au Forum. Pour le Président pakistanais qui participait pour la première fois, la plate-forme a aussi servi à se démarquer, oralement, des Etats-Unis, en marquant son appartenance asiatique, une Asie de plus en plus présente, de plus en plus puissante.

Notons, enfin, que le monde arabo-musulman commence à regarder Davos d’un oeil nouveau et l’a fréquenté en force cette année. Presque tout le gouvernement saoudien avait fait le voyage, l’Egypte a envoyé le fils du président (l’homme qui monte au Caire), la Jordanie a délégué son souverain...

L’économiste

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