De la chute du régime

11 octobre 2011 - 09h00 - Maroc - Ecrit par :

La protestation populaire est toujours d’actualité au Maroc. Le mouvement du 20 février continue de mobiliser la population dans de nombreuses villes. La nouveauté provient de certaines nouveautés qui commencent à faire irruption, notamment avec le fameux slogan : "le peuple veut la chute du régime". Ce slogan a été scandé pour quelques secondes durant une marche à Tanger et dans une assemblée générale à Casablanca plus récemment.

Huit mois se sont écoulés depuis la date du 20 février, huit mois durant lesquels le régime a tenté de calmer l’agitation avec de molles manœuvres dont le lifting constitutionnel, la libération de quelques prisonniers politiques et l’anticipation des élections législatives. Ces remaniements superficiels n’ont guère touché à l’essence des revendications : à la séparation des pouvoirs, à l’équité et à la garantie de la dignité du citoyen marocain.

Revenons à notre fameux slogan. Dans l’alliage qui constitue le mouvement, certaines composantes visent plus que la monarchie parlementaire, c’est une vérité. Le premier manifeste du mouvement a d’ailleurs été modifié, et sa première requête a été façonnée pour exiger une "constitution démocratique émanant du peuple" au lieu de "rééquilibrer les pouvoirs de la monarchie". La première est vague et porte à plusieurs interprétations, tandis que la deuxième met en exergue la présence de la monarchie dans l’arène du pouvoir.

Cette ambigüité issue de piètres calculs politiques est d’ailleurs l’un des facteurs qui ont alimenté une certaine méfiance d’une partie des marocains à l’égard du mouvement. Le régime et sa propagande n’ont guère lésiné sur les moyens pour user de ce point d’Achille. C’est ainsi qu’après huit mois, les calculs politiques commencent à s’essouffler et l’effervescence et l’excitation gagnent les rangs de certains.

Les individus qui se sont remarqués d’ailleurs par ce slogan ont commencé à clarifier "leurs intentions" de mille et une façon. On a aussi lu les déclarations de certains militants du mouvement jouant habilement sur les mots afin d’écarter toute "mauvaise interprétation" dit-on.

À ce stade de la lutte, la clarté s’impose. Une clarté à l’envers de nous-mêmes et à l’égard des citoyens marocains qui nous ont fait confiance. Si je fais partie du mouvement du 20 février, c’est pour instaurer une monarchie parlementaire, non pas pour déraciner les Alaouites du Maroc. La monarchie parlementaire constitue pour moi le compromis entre démocratie et régime monarchique. Au-delà de défendre la forme actuelle de la monarchie, j’y vois un garant de la stabilité et un frein au développement du pays. Elle doit garder la première fonction et délaisser la deuxième. Cette transition doit s’établir pacifiquement et sans engendrer d’instabilité sécuritaire au Maroc. Le mouvement du 20 février en est le meilleur outil jusqu’à présent.

Au sein du mouvement, on mène une lutte pacifique, on mobilise plusieurs villes simultanément et on s’attache à nos requêtes. Cependant, on n’a pas réussi à mobiliser le nombre souhaité des citoyens. Certains ont commencé à s’essouffler, et ce n’est pas en scandant "le peuple veut la chute du régime" qu’on encouragera les autres franges à nous rejoindre.

L’heure de la clarté a sonné, la rédaction d’un nouveau manifeste fondateur et une perception plus réaliste de nos moyens et outils sont la clé du succès. L’effervescence révolutionnaire et les combines politiques ne nous mèneront pas loin face à un rude ennemi tel le makhzen.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Mohammed VI - Droits et Justice - Mouvement du 20 février - Réforme de la constitution - Référendum - Constitution marocaine

Ces articles devraient vous intéresser :

Lalla Khadija, la princesse discrète

À l’occasion de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron au Maroc, la princesse Lalla Khadija a fait sa première apparition publique depuis cinq ans. La cadette du roi Mohammed VI était aux côtés de son père, de son frère, le prince héritier Moulay Hassan,...

Lalla Latifa : le palais royal réagit à l’utilisation de fausses photos

Le ministère de la Maison royale, du Protocole et de la Chancellerie met en garde contre l’utilisation de fausses photos de la princesse Lalla Latifa, veuve de feu Hassan II et mère du roi Mohammed VI décédée samedi à l’âge de 78 ans.

Maroc : Création de zones pour la production d’armes et de munitions

Le Maroc vient d’autoriser la création de deux zones industrielles militaires. C’est ce qui ressort du conseil des ministres tenu samedi à Casablanca et présidé par le roi Mohammed VI.

Sahara : voici la lettre envoyée par Emmanuel Macron au roi du Maroc

Dans une lettre envoyée au roi Mohammed VI et divulguée le mardi 30 juillet 2024, le président français Emmanuel Macron a reconnu la marocanité du Sahara.

Naïma Samih : son fils en colère

Chems-Eddine Belkaid fils de la chanteuse marocaine défunte Naïma Samih, menace d’engager des poursuites judiciaires contre les organisateurs de concerts – hommage à sa mère sans son accord préalable.

Affaire "Hamza Mon Bébé" : Dounia Batma présente de nouvelles preuves

La chanteuse marocaine Dounia Batma confie avoir présenté de nouveaux documents à la justice susceptibles de changer le verdict en sa faveur.

Maroc : un magistrat sévèrement sanctionné

Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire vient d’ordonner la révocation d’un juge exerçant dans un tribunal de première instance, condamné pour corruption. Le magistrat a été pris en flagrant délit, alors qu’il recevait la somme de 500 dirhams de la...

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

Sécurité hydrique au Maroc : les priorités du roi Mohammed VI

Le roi Mohammed VI a donné de nouvelles orientations pour la résolution des problèmes liés à l’eau lors de son discours prononcé le lundi 29 juillet.

Deux voitures uniques pour le roi Mohammed VI

Le roi Mohammed VI a acheté les deux uniques exemplaires du « Laraki Sahara », un véhicule haut de gamme produit par la société marocaine Laraki Automobiles SA. Le prix unitaire des véhicules est de 2,2 millions de dollars.