Comme décidé par le gouvernement, le prix de la bonbonne de gaz va augmenter dès l’année prochaine. Celle-ci devrait se poursuivre les années suivantes.
14 milliards de DH. C’est ce que va coûter l’offre du gouvernement aux syndicats dans le cadre du dialogue social, selon les premières estimations du ministère de l’Economie et des Finances. Un montant qui englobe tant l’amélioration du revenu des salariés que l’augmentation du Smig et des allocations familiales ainsi que la baisse de l’IR. L’offre du gouvernement ne fait pas, du moins pour le moment, mention d’une quelconque baisse de l’IS ni de la TVA.
Ainsi, le cabinet du Premier ministre Abbas El Fassi est en faveur d’une amélioration du revenu général touchant toutes les catégories de salaires. Celle-ci serait « en moyenne de 10% à l’horizon 2011 ». Son rythme de croissance serait « plus rapide que celui accordé lors des précédents dialogues sociaux ». Il a été, en effet, de 1,8% en moyenne annuelle avant 2007. Il sera de 2,1 à 3,4% pour les échelles de la fonction publique entre 2008 et 2011. Pour les échelles de 10% et plus, le rythme va passer de 0,9% avant 2007 à 2% entre 2008 et 2011. L’on tient à rappeler auprès du cabinet El Fassi que les augmentations de salaire proposées interviennent après celles déjà concédées entre 2002 et 2005.
On estime, d’autre part, qu’en intégrant les allocations familiales, la hausse du revenu général serait de 12 à 20%. Le gouvernement propose dans ce cadre une augmentation nette de 50 DH. Les allocations familiales devraient ainsi passer de 150 à 200 DH pour les trois premiers enfants. Les petits salaires ne sont pas en reste. Le gouvernement propose une augmentation de près de 20% qui se traduirait par une hausse du revenu minimale de 300 DH par mois dès 2009. On signale auprès du cabinet El Fassi que quelque 340.000 fonctionnaires sont concernés par cette mesure. De même, l’offre du gouvernement promet que, dès janvier 2009, aucun salarié de la fonction publique ne sera en dessous du Smig. La Primature veut ainsi « corriger » une situation qui lui a été reprochée depuis le début, il y a quelques semaines, du dialogue social : l’Etat-employeur qui rémunère en desous du Smig.
L’offre du gouvernement n’a pas oublié « la classe moyenne », principalement les catégories classées dans les échelles 10 et 11 de la fonction publique. Cette offre porte sur une « amélioration du revenu autour de 10% ». Concrètement, elle varierait entre 432 et 2.800 DH par mois et serait le résultat de la baisse de l’IR qui entrerait en vigueur en deux temps : janvier 2009 et janvier 2011.
Concernant le secteur privé, le gouvernement propose une revalorisation de 10% du Smig à l’horizon 2011. Dès juillet 2008, le Smig devrait être augmenté de 2,5%. Un taux qui sera reconduit annuellement entre 2009 et 2011. Soit, donc, une offre sur deux ans et demi. Les salariés du secteur privé devraient également bénéficier d’une hausse des salaires consécutive à la baisse de deux points de l’IR. Le gouvernement propose aussi une amélioration de 20% des pensions minimales de retraite dans les secteurs public et privé. Elles passeraient ainsi de 500 à 600 DH.
Maintenant, qu’en pensent les centrales syndicales ? La réaction de l’Union marocaine du travail (UMT) ne s’est pas fait attendre. Dès hier, quelques instants à peine après la réunion avec le Premier ministre, la centrale a rejeté en bloc l’offre du gouvernement. Miloudi Mokharik, secrétaire général de ce syndicat, a, dans une déclaration à L’Economiste, expliqué que ce « rejet est dû au fait que l’offre du gouvernement est bien en-deçà des attentes et des aspirations des salariés tant dans le secteur public que dans le privé ». Selon Mokharik, son syndicat a « protesté contre cette offre ridicule qui ne fera qu’approfondir les disparités sociales ». A commencer par « l’insignifiante augmentation du Smig qui, dans l’offre gouvernementale, est de moins de 50 DH par mois alors que les hauts commis de l’Etat bénéficieraient d’une augmentation mensuelle nette de 4.000 DH », souligne Mokharik.
Même son de cloche du côté de la Confédération démocratique du travail (CDT). La centrale de Noubir Amaoui a également rejeté l’offre du gouvernement. « Le cabinet El Fassi doit faire un effort supplémentaire s’il tient à la poursuite du dialogue sur la base de la bonne foi », estime-t-on auprès de la centrale. Menace à peine voilée sur l’éventualité d’un retrait de la centrale du processus. « Nous ne souhaitons pas de rupture, mais nous attendons quand même du concret de la part du gouvernement de Si Abbas », indique un responsable à la centrale.
Pour sa part, l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) proche du Parti de l’Istiqlal dont le Premier ministre Abbas El Fassi est le secrétaire général, a déjà fait savoir que « les propositions du gouvernement ne répondent pas à son cahier revendicatif et donc aux aspirations et attentes de la classe ouvrière ». Elle demande, en conséquence, au gouvernement de « faire un effort supplémentaire pour permettre aux salariés de faire face notamment à l’augmentation du coût de la vie ».
A l’heure où nous mettions sous presse, El Fassi recevaient encore la FDT et l’UNTM respectivement proches de l’USFP et du PJD. Le troisième round des négociations va se poursuivre par une rencontre entre le gouvernement et la Cgem en fin de semaine.
Source : L’Economiste - Jamal Eddine Herradi
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