Enquête chez les beurs déçus par la gauche

28 mai 2002 - 18h13 - France - Ecrit par :

Au soir du 5 mai, qui n’a pas noté les drapeaux algériens, tunisiens et marocains et qui n’a pas vu les visages réjouis des beurs venus fêter la victoire de Jacques Chirac ? Bien sûr, ces Français issus de l’immigration s’étaient mobilisés pour contrer le Front national, même si nombre d’entre eux ne redoutaient pas véritablement l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au pouvoir.

En effet, les jeunes se savent protégés par le droit du sol. Quant aux plus âgés, ils ont mal compris ce qu’on pourrait leur reprocher, « eux les bons immigrés qui ont travaillé dur sans jamais rechigner... mais en rêvant justement de rentrer au pays », ainsi que le racontent des retraités qui tuent le temps en jouant aux dominos dans un café d’Aubervilliers.

Certains comprennent confusément que leur nostalgie n’a pas favorisé l’intégration de leurs enfants. Mais il est trop tard pour qu’ils puissent changer. Par contre, les générations suivantes sont plus que jamais décidées à faire entendre leurs voix. Elles ne veulent plus être considérées comme des victimes dont on calmerait les plaintes avec quelques aides et des promesses. Beaucoup se disent « dégoûtés de la gauche qui les a instrumentalisés » et a pratiqué une politique de « cache-misère ».

Cette révolte n’est pas nouvelle. Mais cette fois, la rupture avec les socialistes semble consommée. Les beurs veulent s’émanciper de cette tutelle idéologique, qui « s’est avérée un leurre. Puisque les militants maghrébins n’ont jamais rien obtenu ». Au contraire, ils se sont étiolés dans des postes subalternes, alors que les jeunes délinquants des cités récoltaient de l’argent et l’attention des autorités en brûlant des voitures.

Une partie de la communauté a d’ailleurs accepté un temps ces violences, croyant attirer l’attention des pouvoirs publics sur ses problèmes. Mais aujourd’hui, tous sont las de l’insécurité. Or, si la droite prône la répression sévère des délinquants d’un côté, elle vient, d’un autre côté, de donner un signe fort en nommant une femme d’origine maghrébine au poste de secrétaire d’État chargée du Développement durable. Ce symbole ne constitue pas en soi une nouvelle politique d’intégration. Mais il a été ressenti très positivement.

Pendant ce temps, le ministre de l’Intérieur mène de nouvelles consultations pour repenser la représentation des musulmans de France. Or le type d’islam qui s’imposera en France déterminera en bonne partie les relations entre les jeunes issus de l’immigration et la République, estime Rachid Kaci, élu DL, proche d’Alain Madelin.

Source : Le Figaro

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