Il est de plus en plus difficile pour les étrangers d’obtenir ou de renouveler leur titre de séjour en France. En cause, les lenteurs administratives qui allongent les délais. Arrivée en France à l’âge de 12 ans, Fadwa, 31 ans et résidant à Gif-sur-Yvette (Essonne), avait régulièrement renouvelé ses titres de séjour avant leur date d’expiration. Mais depuis le 24 juillet dernier, date d’expiration de sa carte de résident de dix ans, elle vit dans « une angoisse sans nom ». Mariée et mère de trois enfants, tous nés en France, la jeune Marocaine, qui se sent « pleinement Française », attend toujours le renouvellement de son titre de séjour dont elle a déposé la demande depuis deux mois à la sous-préfecture de Palaiseau.
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Fadwa vit cette situation comme une « humiliation ». Elle se désole de voir que « [sa] vie entière dépend d’un document ». « Hier, ma fille a vu mon désespoir et elle m’a demandé si on allait me renvoyer de France », confie-t-elle au Parisien. En attendant l’obtention de son titre de séjour, la jeune femme a reçu, dès le 25 juillet, une attestation de prolongation d’instruction (API) de son dossier, ce qui lui permet de continuer à jouir de ses droits pendant trois mois. Un délai trop court pour obtenir un contrat d’allocation d’études (CAE) avec un hôpital et percevoir environ 750 euros par mois pour financer sa dernière année d’études d’infirmière.
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« Pour souscrire à un CAE, le titre de séjour doit couvrir toute la durée de l’engagement. Nous tenons à ajouter que le métier d’infirmière fait partie des métiers en tension. […] La signature d’un CAE puis une titularisation représentent des perspectives que nous souhaitons concrétiser dès que les conditions administratives seront réunies », explique l’Hôpital européen Georges-Pompidou dans une lettre de recommandation que Fadwa a transmise à la sous-préfecture de Palaiseau ce lundi. Mais à lire les commentaires laissés sur les avis Google de la préfecture de l’Essonne, Fadwa n’est « pas du tout rassurée ».
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« Je ne comprends pas comment un document aussi important peut faire l’objet d’un traitement aussi long. J’ai peur pour mes futurs contrats : quel employeur veut embaucher quelqu’un qui n’a qu’un titre valable trois mois ? Je suis jeune, je suis active, mais j’ai l’impression que la préfecture se met entre moi et l’hôpital. On est traités comme des numéros, mais derrière il y a des projets, des vies. On pense à ça matin, midi et soir. Ça me pourrit la vie », peste la Marocaine.
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Même si les demandes de titres de séjour ont augmenté « d’un peu moins de 20 % » depuis 2023, Olivier Delcayrou, secrétaire général de la préfecture de l’Essonne reconnaît qu’il « n’est pas normal » d’attendre un an et demi pour un renouvellement. Mais « il y a forcément une raison » à ces retards, indique-t-il, précisant qu’avec les nouvelles réformes, il faut « globalement compter trois à quatre mois » de délai pour traiter un titre de résident. Pour « limiter l’impact des délais », la préfecture de l’Essonne a mis en place des mesures dont le renouvellement « quasi-automatique » de l’API, l’évolution du mode de prise de rendez-vous et la « départementalisation » du traitement des dossiers.