Très souvent quand ils sont le Maroc, des proches ou des amis sollicitent les MRE pour le prêt de leur voiture immatriculée à l’étranger. La douane marocaine est assez stricte là-dessus.
Le sujet est récurrent. Chaque été, à l’occasion du retour des Marocains résidents à l’étranger, le thème du transfert des fonds et du rôle de la diaspora dans le développement local revient au-devant de la scène.
Mais jusqu’à aujourd’hui, aucune vision ou politique aux contours bien visibles ne sont disponibles pour mieux le cerner. Pour y voir plus clair, le ministère de tutelle lancera dans les trois semaines qui viennent une étude d’envergure. Elle doit servir, primo, à l’élaboration d’une stratégie de renforcement des politiques, mécanismes et instruments relatifs à la mobilisation de l’épargne et de l’investissement des MRE au profit de l’économie nationale. Secundo, montrer les moyens à même de réduire les coûts de transfert de devises.
Il s’agit bien entendu de connaître les secteurs dans lesquels les MRE investissent ainsi que les problèmes et les écueils qu’ils rencontrent. Tout cet effort sera assaisonné d’une meilleure connaissance de ces investisseurs qui plus est ont besoin d’apposer leur empreinte dans l’essor économique de leur pays. Selon une récente étude de la Banque africaine pour le développement (BAD), le Maroc reste l’un des grands pays en matière de transferts des fonds qui s’élèvent à 45 milliards de DH par an.
Durant les six premiers mois de l’année en cours, ces transferts ont totalisé 25,8 milliards de DH. Première source de devises, ces budgets, qui représentent 9% du PIB, contribuent également à hauteur de 4% dans la réduction de la pauvreté.
En mai dernier, un avis du Conseil économique et social (CES) français sur la thématique de manière générale a souligné que la problématique du transfert est déjà résolue au Maroc. Ce qui n’est pas encore le cas pour d’autres pays d’Afrique et d’Asie. Les nouvelles technologies peuvent ainsi offrir des opportunités de baisse des coûts. Et ce, en facilitant la sécurité, la rapidité et l’intégrité des transferts, estime-t-on. Les remarques du CES français ne vont pas loin de celles que les responsables marocains ne cessent de réitérer. La panacée reste, sans conteste, la bancarisation, élément crucial pour une meilleure valorisation des fonds MRE. Améliorer le taux de bancarisation des Marocains résidents à l’étranger est une étape importante à tout développement local réussi.
Elle permet, indique la même appréciation du CES, d’amorcer le dépôt de fonds d’épargne servant de capitaux propres. Plus de liquidité dans les banques les rendraient plus enclines à octroyer des crédits de financement précieux pour favoriser la naissance et, éventuellement, la continuité de Très petites entreprises (TPE), qui améliorent la condition économique d’une famille ou d’un village. Cette proximité, culturelle et identitaire avec son pendant économique doit beaucoup aux liens maintenus entre les migrants et leur pays d’origine. Quant à la facilitation des transferts, le 4 août, le Maroc a rejoint les opérateurs postaux d’autres pays arabes avec la signature d’un accord autorisant le transfert d’argent électronique par le biais d’une technologie développée par l’Union postale universelle (UPU). Cette dernière est l’organisme des Nations unies responsable des services postaux. L’importance de l’UPU est de fiabiliser les transferts par le biais de canaux formels améliorant l’accès des populations surtout rurales à ce genre de services plus commodes que les voies informelles plus risquées.
Il demeure, toutefois, que de nombreux transferts passent encore par des voies tortueuses. En référence à l’étude de la BAD, les statistiques en la matière ne sont guère fiables. Car, en ce domaine, il n’y a pas de moyenne calculable puisque chaque pays est un cas à part. Ce qui est, en tout cas, sûr, c’est que plus le taux de bancarisation est élevé et le réseau de Sociétés de transferts d’argent (STA) important, moins le volume des transferts informels est important.
Au Maroc, le taux des transferts informels est estimé à 20 % tandis que pour les Comores, il l’est à 80 %. En tout cas, malgré les efforts déployés, le Maroc ne dispose pas encore d’une politique mettant à contribution plusieurs départements dont les finances, la justice, lecommerce et l’industrie et autres. L’argent des MRE peut être un vrai levier de développement s’il est utilisé à bon escient et surtout dans des programmes économiques bien ficelés.
Etre mieux à l’écoute
Une commission ad hoc sera prochainement mise en place pour mieux définir les projets économiques, sociaux ou culturels à même d’intéresser les MRE et encourager à les mettre en œuvre. Pour mieux canaliser l’argent des transferts, il faut d’abord connaître ces Marocains qui croient toujours à l’idée d’investir dans le pays. Il serait également judicieux de commencer par connaître les difficultés qu’ils connaissent en tentant de créer un commerce ou une entreprise. Souvent un MRE ne sait sur quel pied danser lorsqu’il est confronté à une difficulté d’ordre légal ou procédural. La multiplicité des intervenants et l’absence de conseil ciblé en sont souvent les causes.
Source : Le Matin - Mostafa Bentak
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