Exécutions sommaires dans les camps de la honte

5 novembre 2003 - 18h32 - Maroc - Ecrit par :

Aujourd’hui, j’ai l’intention d’apporter mon témoignage sur un certain nombre de crimes commis par le polisario. Je vous donnerai les noms de plusieurs prisonniers marocains et les circonstances dans lesquelles ils ont eu rendez-vous avec la mort de manière horrible. Mais avant cela, deux anecdotes méritent d’être soulevées pour que vous ayez une idée plus claire sur la politique du polisario vis-à-vis de l’extérieur.

C’est une politique du mensonge, de l’hypocrisie et de la tromperie. Tout d’abord, parlons de la fameuse visite de la délégation d’évangélistes américains dans les camps des prisonniers. Ça s’est déroulé en 1997 ou 1998, je ne me rappelle plus exactement de la date. En tout cas, ces Américains sont venus de l’Etat de la Virginie. Nous les avons rencontrés croyant qu’il s’agissait de militants dans le domaine associatif. Mais au moment de leur départ, ils nous ont laissé des Bibles en arabe ainsi que des livres sur la religion. Je vous laisse le soin de commenter cet acte du polisario.

Je tiens également à vous rappeler que nous, prisonniers marocains, musulmans et fiers de l’être, sommes restés des années sans pouvoir accomplir nos cinq prières. A l’occasion de ce mois sacré de Ramadan je vous rappelle également que pendant des années, nous n’avons pas pu jeûner. En tout cas, je reviendrai plus tard sur cet aspect de notre détention. Le polisario veut faire croire au monde entier qu’il est tolérant et ouvert à toutes les confessions. Mais en réalité, le polisario n’est qu’une bande de criminels sans loi ni foi.

Autre anecdote pour illustrer l’hypocrisie et l’opportunisme de ces criminels : les élections communales en Algérie. Au moment où le Front Islamique du Salut (FIS) était à son apogée, le polisario a voulu préparer le terrain à une éventuelle victoire de ce parti islamique. Pour cela, des dizaines de prisonniers marocains ont été mobilisés à la construction de plusieurs mosquées. Des chantiers ont été lancés partout à Tindouf. Toutefois, le jour même du coup d’Etat militaire contre le président Chadli Benjedid et donc l’avortement du processus électoral, les chantiers des mosquées du polisario ont eux aussi été interrompus. Comme par enchantement.

Maintenant, place à un autre visage du polisario. J’espère que touts les militants des associations qui nous ont rendu visite dans les camps liront ces lignes. Je souhaite que tous les Marocains sachent que nous avons tout raconté à ces associations, mais elles ont observé un silence complice, criminel. Passons au cas des prisonniers marocains froidement exécutés après être, pour la plupart, torturés. Tous ceux que je vais citer étaient mes amis. J’ai rassemblé un maximum d’informations dans une liste de plus de 130 prisonniers marocains exécutés dans les camps. Je les ai même communiquées au Comité International de la Croix-Rouge (CICR), mais celui-ci n’en a rien fait. Ce n’est que lors de l’été dernier que l’association France-Libertés a publié cette liste.

Parmi les nombreux noms de cette liste, citons le cas du caporal-chef Zayd Charki dont le numéro de matricule dans l’armée marocaine était le 8129/67. En 1982, il a tenté de fuir les camps de concentration du polisario. Mais malheureusement sa tentative a échoué. En guise de punition, il fut attaché à une Land Rover puis traîné par terre jusqu’à la mort. Cela s’est passé le 9 mars 1982. Rachid Mohamed, également caporal-chef, dont le numéro de matricule est le 6308/70. Il a rendu l’âme vers la fin de 1983. A cause de la malnutrition, pour ne pas dire de la faim, il a été atteint du scorbut. Pour ceux qui ne connaissent pas cette maladie, il s’agit d’une carence en vitamine C, qui touche généralement les marins.

Rachid Mohamed, lui en est mort car ses bourreaux n’ont rien fait pour le soigner. Deux autres prisonniers ont également succombé à une mort atroce. Agharas Mabrouk et Ahmed Mustapha Ali. Le premier est membre des Forces Auxiliaires (n°4148/76) et le second est un soldat (n°5340/76). Ces deux hommes sont morts le même jour, le 23 juin 1985. Ils étaient enfermés dans un gouffre couvert par des châssis de camions pesant plusieurs tonnes. Un jour, le fossé s’est effondré et les deux prisonniers sont morts à l’intérieur.

Autres fuyards : Khalifa Omar Ali, un civil et Chouaghri Lahcen, un caporal connu dans l’armée marocaine sous le numéro 19570/76. Après leur tentative d’évasion, les deux hommes ont été froidement assassinés après une longue séance de torture par deux responsables de la sécurité : Mohamed Fadel et Seddik, le 1er novembre 1985. Impossible de ne pas citer Azram Mohamed, un prisonnier marocain ayant le grade de soldat (n°8386). Il est mort d’une manière horrible lors d’une rude journée de travail dans un des multiples chantiers où nous étions de corvée. Le 29 mai 1989, alors que tout le monde travaillait, Azram s’est assis par terre pour reprendre ses forces. Nous étions d’ailleurs tous esquintés par les travaux forcés. Sans crier gare, un gardien à bord d’un camion-citerne, lui est tout simplement passé dessus, en lui écrasant la tête. Un crime horrible et indescriptible pour punir un homme qui se repose. Ça, c’est le vrai visage du polisario !

Ce même jour, le soldat Tabia Brahim, un de mes plus grands amis, a été lui aussi exécuté dans un autre camp de concentration. L’assassin est un responsable de la sécurité dénommé Mrabbih, alias El Haj. L’officier Mouzoune Larbi, un lieutenant de l’armée marocaine est mort lors d’une séance de torture et d’interrogatoire. Ce fut le 13 février 1991. Il a été accroché par les pieds et les criminels du polisario le rouaient de coups : son crâne a été fracturé. Celui qui dirigeait l’interrogatoire fut désigné plus tard au poste de directeur de la sécurité militaire. Voilà comment s’acquiert le mérite chez le polisario. L’histoire de trois autres soldats marocains mérite d’être relevée. Il s’agit d’Ali Souilem Zaoui (n°1522/83), Boujamaâ Brika Ghazouani (n° matricule 24029/74) et Mahjoub Mohamed Seghir (n° 32211/76). Ces trois soldats sont originaires des provinces du Sud. Le polisario voulait les gagner à sa cause pour gonfler ses rangs. Après quelques mois d’hésitations, le 16 août 1993, ils ont été exécutés, tous les trois, par Mohamed Lamine Deddi, directeur de la sécurité militaire.

Aujourd’hui, Deddi est membre du gouvernement fantoche du polisraio. Il s’occupe depuis peu du ministère de l’Intérieur après avoir dirigé celui du transport. Demain, je vous donnerai d’autres noms de Marocains lâchement exécutés. Mais d’ores et déjà, je peux vous affirmer que des dizaines de prisonniers sont exécutés régulièrement. Personne ne peut donner un chiffre exact sur le nombre de morts car des dizaines ont été enterrés dans des terrains vagues au plein milieu du désert.

Abdelmohsin El Hassouni pour aujourd’hui le Maroc

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