Jihad Errais, lycéen marocain expulsé de France

17 octobre 2007 - 21h51 - France - Ecrit par : L.A

Les autorités françaises ne lésinent plus sur les mesures draconiennes à l’encontre des sans papiers. Elles vont jusqu’à expulser des élèves inscrits en bonne et due forme. Il faut dire que, à l’ère de Sarkozy, les seules lois qui sont suivies à la lettre sont celles relatives à l’immigration. Et encore, le président n’a pas tout dévoilé à ce sujet. L’on doit toujours s’attendre à des efforts jurisprudentiels.

Les lycées français se rappellent fort le cas de Fatima Charbi, une jeune française qui a été expulsée de France sans pouvoir passer son baccalauréat, mais qui a été autorisée récemment à revenir en France. Une lueur d’espoir pour des dossiers similaires.

En effet, il semble que ce ne sera pas le dernier cas auxquels les lycéens de France et toutes les organisations de défense des droits des immigrés devront faire face. Puisque la rentrée scolaire 2007 a été secouée par l’affaire d’un autre jeune Marocain privé de scolarité. Il s’agit de Jihad Errais. « Un cas fort similaire à celui de Fatima », soulignent des sources de « Réseau éducation sans frontières Maroc ». Via un communiqué, cette organisation « tient à alerter à nouveau l’opinion sur la situation dramatique de ces élèves marocains dont la scolarité en France est brutalement interrompue par le durcissement des conditions du regroupement familial ».

Le nouveau cas de figure est âgé de 19 ans. Il a été orienté par le conseil de classe de fin d’année vers un BEP hôtellerie-restauration et est inscrit actuellement au lycée professionnel de Sucy en Brie (Val de Marne) pour préparer un BEP hôtellerie-restauration.

Depuis 2003, Jihad Errais avait rejoint son tuteur en France qui l’a inscrit au collège de Thiais où il a effectué la 6ème pour non-francophones, la 5ème et la 4ème. En septembre 2006, il intègre le lycée professionnel Armand Guillemin à Orly en 3ème découverte professionnelle. Le parcours scolaire de celui qui était délégué de sa classe en France est sans faute. Mais il sera interrompu en mai 2007. Et pour cause, lorsque Jihad a atteint 18 ans, il s’est présenté auprès de la préfecture pour les besoins de sa carte de séjour. La procédure était lente.

Plus d’un an après, il n’a toujours pas de réponse. Par la force des choses, il est devenu un sans-papiers. De peur d’être perturbé par les multiples contrôles d’identité menés lors de la dernière campagne électorale, Jihad part pour l’Espagne. Là, il est arrêté le samedi 5 mai et conduit au commissariat de Perpignan, puis interné au centre de rétention de Rivesaltes. Le juge lui fait savoir qu’il va être reconduit à la frontière.

La célérité dans ce genre de dossiers est devenue sans faille. Même suite à sa demande de recours, Jihad ne pourra pas éviter son expulsion vers le Maroc sur le bateau Sète-Tanger. A son arrivée à Tanger le 19 mai dernier, il sera accueilli par des membres de sa famille et du Réseau éducation sans frontières (RESF) Maroc.

Pour évaluer ses qualités d’élève studieux, ses professeurs lui ont engagé un avocat, qui devrait suivre les procédures de demande d’appel de la décision d’expulsion à Montpellier.

Cette histoire de ce jeune Marocain intervient alors que le Parlement français est en train de discuter un projet de loi qui durcirait davantage encore les conditions d’entrée et de séjour en France des jeunes étrangers.

RESF Maroc estime qu’il est « plus que jamais pressant de soulever ces cas dramatiques sur le plan humain ». La politique française de contrôle de l’immigration doit-elle sacrifier le devenir scolaire et professionnel de jeunes scolarisés en France depuis des années sous prétexte qu’ils ont atteint l’âge de la majorité ?

Libération - N. Zyad

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