Wessal, victime du coup de folie de sa mère

11 octobre 2007 - 14h15 - France - Ecrit par : L.A

Le domaine de la Lauch est une petite cité HLM proprette, posée au pied du vignoble, à l’écart du centre-ville de Guebwiller. L’immeuble de sept étages portant le numéro 9 ressemble à un gros cube, crème et ocre en façade, bleu pastel et rouge vif dans les couloirs. En haut à droite, les volets d’un appartement F3 du dernier niveau sont baissés. Des scellés sont posés sur la porte d’entrée. Sur le document officiel qui les accompagne, un brigadier de police a écrit : « Affaire contre Belkoudia Hassnaa, meurtre aggravé. »

Fleurs

Mardi matin, peu après 7 heures, cette mère de famille de 31 ans a tué Wessal, sa fille de 7 ans, en la jetant par la fenêtre. Elle a ensuite tenté de s’en prendre à sa fille aînée, âgée de 9 ans, mais son mari l’en a empêchée. Dans l’immeuble, certains voisins peinent à retenir leurs larmes. « J’attends le médecin, je suis en état de choc, je n’ose plus ouvrir ma fenêtre », confie une dame du premier, dont l’appartement surplombe l’entrée de garage où s’est écrasée la fillette. Les habitants du quartier y déposent des gerbes de fleurs.

Les époux Belkoudia, de nationalité marocaine, vivaient ici depuis une dizaine d’années. « Des gens discrets et polis », indique Armand, le gardien. « Jamais de problèmes, jamais de soucis. Elle aime ses filles et elle les élevait bien », poursuit la voisine du premier. Au septième, une autre affirme n’avoir jamais entendu de dispute. Mais mardi matin, « ça parlait fort ». Et, dans la foulée, pompiers et gendarmes ont débarqué. Sur place, les enquêteurs ont découvert une femme calme, « mais avec le regard complètement hagard, vide, abattu ». Les premières investigations semblent avoir écarté l’hypothèse d’une dispute du couple précédant les faits, mais ont permis d’établir que Hassnaa Belkoudia, sans emploi, a été hospitalisée deux fois en milieu psychiatrique, au printemps, sur une période de treize jours au total.

La jeune femme, décrite comme grande et jolie, portant un foulard discret, a souffert d’une grave dépression post-partum après la naissance d’une troisième fille, en décembre 2006. Un médecin lui a prescrit antidépresseurs et anxiolytiques. « Mais l’exper­tise psychiatrique ne révèle pas un état de démence, même si ­elle explique ses actes par un coup de tête », précise le commandant André Dubrulle, du commissariat de Guebwiller. Mardi matin, au réveil, passant devant la chambre que partageaient ses deux filles aînées, Hassnaa Belkoudia aurait ­subitement décidé de s’en ­débarrasser. « C’est diffi­cile d’expliquer rationnel­lement l’irrationnel », commente le responsable de l’enquête préliminaire. La jeune femme prétend que son mari, cariste au chômage, voulait emmener leurs filles au Maroc, mais les enquêteurs ont découvert qu’elle y est allée seule cet été et n’en est revenue que vendredi dernier.

Persécution

Selon l’expertise psychiatrique effectuée en garde à vue, Hassnaa Belkoudia, dépressive, a « reconstruit les éléments de sa vie familiale » et les a interprétés comme des actes de persécution. D’autres expertises tenteront d’éclairer son cas dans le cadre de l’information judiciaire ouverte hier par le parquet de Colmar.

Libération.fr - Thomas Calinon

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Faits divers - Famille

Ces articles devraient vous intéresser :

Jamel Debbouze déclare sa flamme à Mélissa Theuriau

Jeudi dernier, la journaliste Mélissa Theuriau a fêté ses 46 ans. L’occasion pour son mari, l’humoriste franco-marocain Jamel Debbouze de lui faire une belle déclaration.

Maroc : des centres pour former les futurs mariés

Aawatif Hayar, la ministre de la Solidarité, de l’intégration sociale et de la famille, a annoncé vendredi le lancement, sur l’ensemble du territoire du royaume, de 120 centres « Jisr » dédiés à la formation des futurs mariés sur la gestion de la...

Maroc : Pénurie inquiétante de livrets de famille

Anticipant sur la forte demande de livrets de famille à l’approche de la saison du retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE), le ministère de l’Intérieur mobilise les inspecteurs de l’état civil au niveau des préfectures dans les différentes...

Maroc : une sortie en voiture vire au drame

Une sortie en famille qui finit en tragédie. Deux sœurs de 19 et 10 ans sont mortes noyées samedi dans le barrage de Smir près de la ville de M’diq, après que l’aînée, qui venait d’avoir son permis de conduire, a demandé à ses parents à faire un tour...

Le Maroc adopte les livrets de famille électroniques

Face à la pénurie des livrets de famille dans certains services d’état civil, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit a annoncé l’adoption progressive des livrets de famille électroniques.

Près de 20 000 hommes battus au Maroc

La députée Aziza Boujrida, membre du groupe Haraki, interpelle la ministre de la Solidarité, de l’Intégration sociale et de la Famille, Naïma Ben Yahya, sur la question de la violence à l’encontre des hommes marocains.

Au Maroc, les hommes font du baby-sitting, et ça ne plaît pas à tout le monde

Outre les femmes, les hommes proposent eux aussi des services de baby-sitting via des applications. De quoi inquiéter bon nombre d’internautes marocains qui s’interrogent sur la protection de l’enfance et la légitimité de ces services.

Une jeune Marocaine "lynchée" après avoir épousé un homme du Golfe

Le mariage d’une jeune femme marocaine avec un homme originaire du Golfe déclenche de vives critiques sur les réseaux sociaux. Des experts dénoncent une société encore profondément intolérante face aux unions mixtes.

Une Marocaine "perd" son nom en Belgique

Depuis 2019, une Belgo-Marocaine de 73 ans mène des démarches administratives infernales afin de faire rectifier son nom de famille.

Casablanca : une mère tuée d’un coup de couteau par son propre fils

Alors qu’elle tentait de sauver sa fille d’une agression physique, une mère de famille a été poignardée à mort par son fils dans l’arrondissement de Sidi Bernoussi à Casablanca.