
Face à la pénurie des livrets de famille dans certains services d’état civil, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit a annoncé l’adoption progressive des livrets de famille électroniques.
Le domaine de la Lauch est une petite cité HLM proprette, posée au pied du vignoble, à l’écart du centre-ville de Guebwiller. L’immeuble de sept étages portant le numéro 9 ressemble à un gros cube, crème et ocre en façade, bleu pastel et rouge vif dans les couloirs. En haut à droite, les volets d’un appartement F3 du dernier niveau sont baissés. Des scellés sont posés sur la porte d’entrée. Sur le document officiel qui les accompagne, un brigadier de police a écrit : « Affaire contre Belkoudia Hassnaa, meurtre aggravé. »
Fleurs
Mardi matin, peu après 7 heures, cette mère de famille de 31 ans a tué Wessal, sa fille de 7 ans, en la jetant par la fenêtre. Elle a ensuite tenté de s’en prendre à sa fille aînée, âgée de 9 ans, mais son mari l’en a empêchée. Dans l’immeuble, certains voisins peinent à retenir leurs larmes. « J’attends le médecin, je suis en état de choc, je n’ose plus ouvrir ma fenêtre », confie une dame du premier, dont l’appartement surplombe l’entrée de garage où s’est écrasée la fillette. Les habitants du quartier y déposent des gerbes de fleurs.
Les époux Belkoudia, de nationalité marocaine, vivaient ici depuis une dizaine d’années. « Des gens discrets et polis », indique Armand, le gardien. « Jamais de problèmes, jamais de soucis. Elle aime ses filles et elle les élevait bien », poursuit la voisine du premier. Au septième, une autre affirme n’avoir jamais entendu de dispute. Mais mardi matin, « ça parlait fort ». Et, dans la foulée, pompiers et gendarmes ont débarqué. Sur place, les enquêteurs ont découvert une femme calme, « mais avec le regard complètement hagard, vide, abattu ». Les premières investigations semblent avoir écarté l’hypothèse d’une dispute du couple précédant les faits, mais ont permis d’établir que Hassnaa Belkoudia, sans emploi, a été hospitalisée deux fois en milieu psychiatrique, au printemps, sur une période de treize jours au total.
La jeune femme, décrite comme grande et jolie, portant un foulard discret, a souffert d’une grave dépression post-partum après la naissance d’une troisième fille, en décembre 2006. Un médecin lui a prescrit antidépresseurs et anxiolytiques. « Mais l’expertise psychiatrique ne révèle pas un état de démence, même si elle explique ses actes par un coup de tête », précise le commandant André Dubrulle, du commissariat de Guebwiller. Mardi matin, au réveil, passant devant la chambre que partageaient ses deux filles aînées, Hassnaa Belkoudia aurait subitement décidé de s’en débarrasser. « C’est difficile d’expliquer rationnellement l’irrationnel », commente le responsable de l’enquête préliminaire. La jeune femme prétend que son mari, cariste au chômage, voulait emmener leurs filles au Maroc, mais les enquêteurs ont découvert qu’elle y est allée seule cet été et n’en est revenue que vendredi dernier.
Persécution
Selon l’expertise psychiatrique effectuée en garde à vue, Hassnaa Belkoudia, dépressive, a « reconstruit les éléments de sa vie familiale » et les a interprétés comme des actes de persécution. D’autres expertises tenteront d’éclairer son cas dans le cadre de l’information judiciaire ouverte hier par le parquet de Colmar.
Libération.fr - Thomas Calinon
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