Visas : la pomme de discorde entre le Maroc et la France
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Paris travaille à réchauffer ses relations avec Alger au point de sacrifier le Maroc. Laurent Gayard, enseignant et chroniqueur estime que la relance du dialogue franco-algérien ne doit pas se faire au détriment des pays voisins.
« Le voyage d’Emmanuel Macron en Algérie du 25 au 27 août dernier a été investi – voire surinvesti – d’une importance particulière par l’Élysée et une partie des médias français. Depuis le début de son premier mandat, Emmanuel Macron a fait de la réconciliation franco-algérienne une affaire personnelle. Mais ce faisant et pour beaucoup d’observateurs, le président français s’est laissé enfermer dans le piège mémoriel et dans la rhétorique du ressentiment, devenu l’axe essentiel de la politique étrangère algérienne quand elle touche à la France. Au point de dangereusement négliger d’autres possibles, et plus fructueuses, alliances dans la région », analyse Laurent Gayard, enseignant et chroniqueur à la Revue des Deux Mondes, à la Revue Phébé, au Magazine Causeur et à la Revue Conflits dans une tribune publiée par Le Figaro.
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Selon lui, si les nécessités énergétiques et sécuritaires condamnent la France à ne pas négliger Alger, rien ne la force pour autant à dédaigner, au nom de sa politique algérienne, les autres alliances possibles dans la région, et en particulier celle avec le Maroc. « Contrairement à l’Algérie, extrêmement ambivalente, le Maroc est un allié historique de l’Occident. […] Avec 3500 kilomètres de côtes, le Maroc est le seul pays d’Afrique à disposer à la fois d’une façade atlantique et méditerranéenne, et la politique de Mohammed VI, roi du Maroc, monté sur le trône en 1999, est résolument tournée vers la consolidation de l’influence marocaine en Afrique, mais aussi des liens avec les diverses puissances européennes et américaines », fait remarquer l’auteur de Géopolitique du Darknet.
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Pour Laurent Gayard, Paris a intérêt à réchauffer ses relations avec Rabat. « Les relations entre la France et le Maroc ont certes connu des hauts et des bas, et l’on se rappellera le refroidissement des relations entre les deux pays au début du mandat de François Hollande. Pour autant, Rabat a beaucoup d’atouts à faire valoir, dont d’autres puissances que la France ont plus nettement conscience : sa stabilité politique, la diversification et le dynamisme d’une économie où le secteur tertiaire joue déjà un grand rôle, ainsi que la reconnaissance diplomatique dont jouit le royaume ». « À force de vouloir trop miser sur l’Algérie, la France court le risque de privilégier les alliances de circonstance au détriment de sa crédibilité dans la région. Il importe donc qu’Emmanuel Macron, dans sa course à la réconciliation mémorielle et à la sécurisation énergétique, ne soit pas tenté de sacrifier Rabat pour Alger », conclut le chroniqueur.
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