Une pluie de pétrodollars venue du Golfe stimule le Maroc

5 septembre 2007 - 18h22 - Economie - Ecrit par : L.A

Leurs émissaires défilent en rangs serrés à Rabat, Tanger ou Marrakech. L’immobilier et le tourisme ont leurs préférences. Pas une semaine ne passe sans qu’on apprenne le lancement d’un nouveau projet, le plus souvent mirobolant : les pays du Golfe investissent massivement au Maroc. En tête du peloton : les Emirats arabes unis, suivis par l’Arabie saoudite puis, presque à égalité, par le Qatar, le Koweït et Bahreïn.

Les chiffres annoncés donnent le tournis. Ils sont parfois surévalués, mais le phénomène est réel : une pluie de pétrodollars s’abat aujourd’hui sur le royaume chérifien.

Cette manne inespérée, le Maroc la doit principalement aux conséquences du 11-Septembre 2001. Depuis les attentats contre New York et Washington, les pétromonarchies ont les plus grandes difficultés à placer leur argent dans les pays occidentaux. Or, avec la hausse continue des cours du pétrole, elles ont des sommes colossales à investir. Résultat : les pays du Golfe se tournent désormais vers des pays "frères", dont le Maroc fait partie. Le roi Mohammed VI entretient d’excellents rapports avec ses homologues princiers du Moyen-Orient.

Pour la seule année 2007, les investissements directs étrangers (IDE) au Maroc devraient s’élever à quelque 3 milliards de dollars (contre 500 millions de dollars par an au milieu des années 1990). Les deux tiers de ce montant sont originaires de l’Union européenne, le dernier tiers des pays du Golfe. Les Européens (Français et Espagnols en tête) restent donc les premiers investisseurs étrangers au Maroc, mais peut-être plus pour longtemps. "Les investissements arabes sont à la hausse de façon continue. En 2008, je prévois que l’Europe et les pays du Golfe seront à égalité", déclare Hassan Bernoussi, directeur des investissements au ministère marocain des affaires économiques et générales.

Ce sont des entreprises émiraties qui raflent, à l’heure actuelle, les plus gros projets, la plupart du temps en partenariat avec la Caisse marocaine de dépôt et de gestion (CDG). Le géant immobilier Emaar vient de donner le coup d’envoi d’une importante station touristique non loin de Tanger, baptisée Tinja. Une véritable petite ville, avec 2 500 maisons de grand luxe, des clubs de sport, des hôtels, des magasins... Au total, il y en a pour plus de 1 milliard de dollars d’investissement. C’est ce même groupe Emaar qui va s’atteler, début 2008, à réaménager la corniche de Rabat (12 milliards de dollars, sur sept ans), construire une station de ski à Oukaïmeden, dans le Haut-Atlas, et mener trois autres projets touristiques, notamment du côté de Marrakech.

Hors d’appels d’ofrres

C’est une autre société émiratie, la Dubaï Holding, qui a obtenu (toujours en partenariat avec la CDG) l’exploitation et le développement de l’estuaire du Bouregreg, entre Rabat et Salé. Et c’est encore Dubaï qui va exploiter la future zone franche du nouveau port de Tanger.

La capitale régionale du Nord fait l’objet de bien des convoitises. Qatari Diar s’apprête à donner, tout près de Tanger, le premier coup de pioche d’un complexe ultraluxueux, s’étalant en front de mer, sur 2,5 kilomètres, le long de l’océan Atlantique. Pour faire mieux que Tinja, la réalisation de son rival émirati, le groupe qatari projette de construire un golf de 18 trous, un centre équestre, un centre de conférences ("le plus grand d’Afrique", annonce-t-il), et une "vraie-fausse" casbah où l’on fabriquera et présentera l’artisanat marocain. Parmi ses autres projets, l’aménagement du port d’Asilah, sur la côte atlantique, et de l’immobilier de standing à Marrakech et à Agadir. Coeur de cible : la riche bourgeoisie marocaine, autant que les retraités espagnols, français et britanniques fortunés.

Aux critiques qui font remarquer que ces fabuleux contrats sont conclus hors appels d’offres et publication - en infraction avec le code des marchés publics du royaume - les responsables marocains répondent qu’ils veulent gagner du temps et qu’ils ont retenu "des références internationales incontestables". La ruée actuelle sur le Maroc, font-ils valoir, est une "aubaine" qu’il ne faut pas laisser passer. "L’objectif du Maroc est d’atteindre les 10 millions de touristes en 2010 (contre 6 millions en 2005). Nous devons donc augmenter rapidement notre capacité d’accueil", souligne Hassan Bernoussi, avant d’ajouter : "Grâce aux investisseurs du Golfe, nous sommes en passe de réussir notre pari."

Le Monde - Florence Beaugé

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Tourisme - Investissement - Pétrole

Ces articles devraient vous intéresser :

Crédits immobiliers : un scandale secoue une grande banque à Casablanca

Les services de contrôle interne d’un grand groupe bancaire basé à Casablanca ont découvert des irrégularités dans l’octroi de crédits immobiliers à certains clients. Des directeurs d’agences commerciales, responsables de la clientèle et analystes de...

Immobilier au Maroc : ces logements fantômes qui aggravent la crise

De nombreux logements vacants sont recensés au Maroc. Le gouvernement d’Aziz Akhannouch travaille à trouver une solution à cette problématique.

Achraf Hakimi transforme son amour du Maroc en bijou

Après l’hôtellerie, Achraf Hakimi, latéral droit marocain du PSG, qui a fraîchement décroché sa première Ligue des champions, investit dans la joaillerie, en donnant vie à un collier qui rend hommage à ses racines marocaines.

Immobilier au Maroc : bonne nouvelle pour les nouveaux acquéreurs

Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.

Tourisme au Maroc : un bilan record et des objectifs ambitieux

Les signaux sont au vert pour le tourisme marocain. Le royaume a enregistré un record d’arrivées de touristes au cours des neuf premiers mois de l’année, s’est réjoui le ministère du Tourisme, rassurant que la dynamique sera maintenue en 2025 pour...

Maroc : quand le rêve de propriété devient inaccessible

Malgré le programme d’aide au logement initié par le gouvernement, de nombreux Marocains éprouvent encore de sérieuses difficultés à acquérir des logements adaptés. Une situation qui soulève des inquiétudes.

Les MRE ont boudé les locations de voiture cette année

Les professionnels du secteur de la location de voitures au Maroc se plaignent de la faible demande notée au cours de cette saison estivale par rapport aux années précédentes.

Le Maroc impose le paiement électronique pour lutter contre la fraude foncière

À compter du 14 avril 2025, l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC) imposera le paiement électronique pour les frais de conservation immobilière. Objectif, renforcer la transparence dans les...

Colère à Marrakech : les chauffeurs de taxis accusés de harcèlement à l’aéroport

De nombreux Marrakchis et touristes sont en colère contre les chauffeurs de taxis au niveau de l’aéroport de Marrakech-Ménara. Ils affirment avoir été régulièrement harcelés par ces derniers qui cherchent à savoir s’ils utilisent l’application Indrive.

Tanger mise sur les croisières de luxe

Le projet de reconversion de la zone portuaire de Tanger Ville prend son envol. Le port de la « perle du Nord » sera bientôt transformé en un port de référence pour l’accueil des bateaux de croisière et de plaisance au niveau de la Méditerranée.