Grêves, terrorisme…Les risques des entreprises

15 avril 2007 - 00h32 - Economie - Ecrit par : L.A

Pour les institutions financières : « la menace terroriste n’est pas du tout à écarter », constate Yvan Allioli, expert en risques opérationnels. « Au contraire, il faut la prendre en compte comme un risque de sinistre très probable dans toute décision stratégique et l’intégrer dans la définition de tout plan de continuité », insiste-t-il.

La viabilité des entreprises modernes repose sur la disponibilité des processus vitaux. Un sinistre, allant de la surtension à la destruction d’un site, en passant par une attaque logique ciblée, peut diminuer la capacité d’une entreprise à fournir un service continu à ses clients.

L’importance de la gestion des risques s’accroît constamment depuis plusieurs années. On prend donc de plus en plus conscience de la nécessité de gérer les risques au sein des entreprises et des établissements financiers plus spécifiquement (incendie du Crédit Lyonnais en France) plutôt que de les laisser uniquement à l’assurance commerciale.

La gestion des risques peut être extrêmement rentable lorsqu’on les évalue convenablement et détermine la façon la plus économique de les minimiser ou de les supprimer complètement. Le dicton « mieux vaut prévenir que guérir » résume assez bien le concept de la gestion des risques. Celle-ci passe tout d’abord par l’identification des vulnérabilités. « Les banques devraient identifier les processus cruciaux, notamment ceux qui dépendent de fournisseurs extérieurs ou d’autres tiers, dont la reprise rapide est prioritaire », selon le principe 7 des Saines pratiques de Bâle II. Les vulnérabilités communes à tous les acteurs du réseau bancaire concernent la dépendance à : l’électricité, l’eau, le carburant, les télécommunications, les transports et à la disponibilité du personnel. Il convient de noter par ailleurs que les banques devront faire face aux mêmes fragilités que celles connues par les autres réseaux économiques concernant leurs locaux.

Dépendances

Le réseau bancaire est particulièrement sensible à la fourniture en énergie électrique. L’ensemble de son activité repose sur des dispositifs dépendant de l’électricité, qu’il s’agisse des opérations bancaires ou interbancaires, du fonctionnement du système, et même de la sécurité (système d’alarme…). La majorité des établissements ont équipé leurs sièges et leurs bâtiments d’exploitation de groupes électrogènes afin d’assurer, lors d’une crise, une certaine autonomie électrique laquelle dépend cependant de la capacité d’approvisionnement en carburant. En revanche, les nombreuses agences des réseaux bancaires ne disposent la plupart du temps d’aucun moyen de secours et sont totalement dépendantes du réseau électrique.

Le maintien des télécommunications est également une condition indispensable à la continuité de l’activité du réseau bancaire. Les opérations bancaires et interbancaires ainsi que les traitements dans les systèmes sont en effet réalisés par liaisons télématiques et sont de ce fait, dépendantes des réseaux utilisés par la banque et le système (Maroc Telecom…). De ce fait, le réseau bancaire ne pourra être en mesure de gérer la crise qu’à partir du moment où les liaisons seront maintenues entre les différents sites en service lors de la crise. Il en va de même pour les relations de télécommunications avec les clients. Par ailleurs, le fonctionnement du réseau bancaire est tributaire des systèmes informatiques de grandes capacités. Les salles informatiques dans lesquelles sont installés ces systèmes ne peuvent fonctionner sans climatisation compte tenu du risque de surchauffe (certains serveurs s’arrêtent à partir d’une température équivalant à 40°C. La fourniture d’eau glacée est indispensable pour assurer la continuité du fonctionnement de ces salles. Leur arrêt signifierait l’arrêt des activités bancaires.

Et le transport ?

L’expérience de la grève des transporteurs la semaine dernière est un exemple vivant de l’importance de ce secteur ou plutôt de l’importance d’une stratégie du transport. Le maintien du transport est une condition indispensable au fonctionnement de l’économie en général et du secteur bancaire en particulier afin d’acheminer le personnel sur les lieux du travail ou les sites de back up. De même, le transport de fonds est indispensable à la distribution des espèces et à la mise en sécurité dans les banques des fonds déposés par les clients. Et n’oublions pas le plan de communication à mettre en œuvre dès que le risque survient !

Etapes d’une gestion efficace

Avant tout sinistre :

• Etape 1 : définir les risques et les organes qui y sont exposés et qui peuvent les contrôler ;

• Etape 2 : minimiser les risques et leur coût ;

Durant le sinistre :

• Etape 3 : limiter les effets de tout accident dommageable ou préjudiciable ;

Après le sinistre :

• Etape 4 : dédommager ou remettre en état et rétablir, lorsqu’un accident dommageable s’est produit et fournir la rétroaction afin d’améliorer le système de gestion.

L’Economiste - Said Mabrouk

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Terrorisme - Grève - Menaces

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc frappe un grand coup dans la lutte contre le terrorisme

Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.

Maroc : l’agent immobilier associé à la lutte contre le blanchiment d’argent

Le Maroc veut impliquer la profession de l’agent immobilier dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Mais sa réglementation s’avère avant tout urgente.

Latifa Ibn Ziaten : « Les jeunes ne sont pas nés terroristes, mais on les pousse à l’être »

Depuis 2012, la militante franco-marocaine Latifa Ibn Ziaten, mère du maréchal des logis-chef Imad, une des victimes du terroriste Mohammed Merah, travaille avec les familles et les communautés pour empêcher les jeunes de tomber dans le piège de...

Au Maroc, la lutte contre le blanchiment d’argent rapporte

Le Maroc mène efficacement la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. En tout, près de 11 milliards de dirhams ont été saisis en 2022.

Décès de Malika El Aroud, « La Veuve noire du Jihad »

Malika El Aroud, condamnée pour terrorisme en 2008, est décédée à l’âge de 64 ans. Cette femme, qui avait la double nationalité belge et marocaine, avait été déchue de sa nationalité belge en 2017 pour avoir « gravement manqué à ses devoirs de...

Le Maroc renforce le contrôle dans les aéroports

Le Maroc a décidé de renforcer son système de contrôle des passagers dans les aéroports. Cette procédure sera désormais complétée par l’analyse de données électroniques envoyées avant l’arrivée à destination des passagers.

Une cellule préparant des attentats au Maroc démantelée

Le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), se basant sur des informations fournies par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), a annoncé le démantèlement d’une cellule terroriste liée à l’organisation Daech. Cette...

Le Maroc, bon élève en matière de lutte antiterroriste

Le Maroc affiche l’un des niveaux de sécurité antiterroriste les plus élevés au monde. Avec un score de 0,757, le royaume est classé 83ᵉ dans la catégorie des pays les plus épargnés des actes terroristes, selon l’édition 2023 de l’Indice mondial du...

Latifa Ibn Ziaten : « J’ai réussi à sauver beaucoup de jeunes, de familles… »

11 ans après l’assassinat de son fils, le maréchal des logis-chef Imad, une des victimes du terroriste Mohammed Merah, la militante franco-marocaine Latifa Ibn Ziaten poursuit son combat pour la paix et la promotion du dialogue et du respect mutuel.

Terrorisme au Maroc : une lutte permanente depuis 2003

L’extrémisme islamiste au Maroc a été marqué par cinq moments forts, dont notamment les attentats de Casablanca en 2003 et 2007, le printemps arabe en 2011, et la création de l’État islamique (EI) en 2014. Pour lutter contre le phénomène, les autorités...