Homicide d’Appie Belhadj : dix ans d’enquête pour un suspect

Une avancée significative a été réalisée dans l’enquête sur l’homicide d’Abderrahim “Appie” Belhadj, survenu en 2016 dans le quartier de Bijlmer à Amsterdam. Le criminel Eedward N., âgé de 32 ans, a été formellement identifié comme le tireur présumé et arrêté, clôturant près d’une décennie d’incertitudes sur l’identité de l’exécutant.

Cette mise en cause tardive repose sur la convergence de plusieurs éléments probants recueillis récemment. La réouverture de l’enquête en 2023 a été déclenchée par les déclarations de deux témoins anonymes. Le premier a rapporté à la police qu’Eedward N. lui avait personnellement avoué être l’auteur du meurtre. Le second a indiqué aux enquêteurs avoir appris par des tiers que ce dernier était bien le tireur, rapporte AD.nl. Ces témoignages ont été corroborés par des preuves matérielles décisives issues de nouvelles analyses techniques. Des correspondances ADN ont en effet été établies entre le profil génétique d’Eedward N. et des traces retrouvées sur quatre douilles collectées sur la scène de crime, ainsi que sur un scooter qui aurait été utilisé pour la fuite.

Ces preuves viennent éclaircir les circonstances de l’assassinat. La nuit des faits, Appie Belhadj avait été attiré dans un piège par le rappeur Djaga Djaga, qui lui avait fait miroiter une rencontre avec trois femmes via un message Snapchat. L’adresse fournie n’était cependant pas celle d’un lieu de fête, mais d’un appartement occupé par une retraitée. Une fois arrivé sur place, Belhadj a été abattu de neuf balles. Pour son rôle d’appât dans cet homicide, le rappeur Djaga Djaga a déjà été condamné à une peine de dix-huit ans de prison.

Le mobile de cet homicide a été établi dans le cadre plus large d’un règlement de comptes lié au grand banditisme. La victime était consciente des menaces pesant sur elle, ayant été informée par la police qu’elle faisait l’objet d’une surveillance par des équipes travaillant pour l’organisation de Ridouan Taghi. Une note du Team Criminele Inlichtingen (l’équipe de renseignements criminels) avait détaillé la source du conflit : « La semaine dernière à Amsterdam, Appie Belhadj, abattu, a fait équipe avec Ridouan Taghi dans la cocaïne. L’année dernière, un conflit a éclaté et la collaboration a pris fin. “Appie” avait en fait reçu de Ridouan 3 kilos de cocaïne à vendre. “Appie” a vendu cette cargaison, mais n’a jamais remis l’argent, environ 100 000 euros, à Ridouan. Ridouan a alors mis directement “Appie” sur une liste de personnes à abattre. »

Sur le plan judiciaire, les responsabilités des différents acteurs impliqués ont été progressivement précisées. Si Ridouan Taghi a été acquitté d’avoir commandité ce meurtre spécifique dans le cadre du procès Marengo, il a néanmoins été reconnu coupable de sa préparation à une période distincte. Eedward N., quant à lui, a été placé en détention provisoire par le tribunal d’Amsterdam. Il était déjà incarcéré, purgeant une peine pour l’enlèvement d’un adolescent en janvier 2023.