Interview de Hicham Nazzal

25 juillet 2006 - 11h06 - Culture - Ecrit par :

A 27 ans, Hicham Nazzal peut déjà se targuer d’un parcours riche et varié. Au Maroc, l’animateur a pris son envol grâce au concours « 15 ans, 15 talents » diffusé sur 2M en 2004. Un domaine où il a brillé de mille feux. En témoigne sa prestation lors de « Studio 2M » et le journal du festival de « Cannes » sur cette même chaîne, vivement saluée. Mais avant de se lancer dans son pays d’origine, Hicham ne chômait pas en France.

Il s’évertuait à affûter ses dons aux contacts des artistes et s’est même découvert de nouveaux talents dont l’écriture des scénarios. Dans l’interview qu’il a accordée en exclusivité à Al Bayane, il nous dévoile les secrets de ses péripéties au Maroc comme en France. Propos

Al Bayane : Votre lancement au Maroc s’est fait grâce à 2M via le concours « 15 ans, 15 talents ». Que vous a apporté cette expérience ?

Hicham Nazzal : Le concours « 15 ans, 15 talents » organisé par la chaîne marocaine 2M en 2004 marque en effet mes premiers pas dans le paysage audiovisuel marocain. Je suis très fier et honoré d’avoir représenté, au mieux je l’espère, toute la richesse et la diversité des Marocains résidant à l’étranger, et des Marocains de France en particulier, si attachés comme je le suis à la terre de leurs parents. Je suis, en outre, très reconnaissant au public de m’avoir tant soutenu et de m’avoir élu meilleur animateur francophone de cette compétition. J’y ai rencontré des amis, et non des concurrents, avec lesquels j’ai vécu des moments forts de fraternité. J’ai été touché par leur détermination et leur générosité.

Je n’étais pas dans cette configuration de compétition, car, il faut l’avouer, mon parcours était déjà riche d’expériences en France et en cela je n’étais pas un novice : j’avais en effet déjà tourné en tant que rôle principal dans un épisode de « Navarro » qui s’était classé parmi les 100 meilleures audiences 2003 du PAF Français. J’avais, également à mon actif, une série télévisée tournée à Monaco et diffusée à la fois sur France 2 et le monde entier. J’ai même été l’invité en juillet 2003 du jeu « Fort Boyard » aux côtés de Miss France.

« 15 ans, 15 talents » ne marquait pas non plus mes premiers pas dans l’animation : j’avais été chroniqueur en décembre 2003 sur Télé Monte Carlo.

Ce concours « 15 ans, 15 talents », je l’ai pris comme un challenge, celui de me mettre en dangerŠ Et c’était aussi un clin d’¦il, une déclaration d’amour à toute ma famille ­nombreuse - résidant un peu partout dans le Royaume et qui n’a pas manqué de me soutenir ! Cette expérience, je l’ai vécue avec le sourire, serein, heureux d’être là, tout simplement.

Depuis « 15 ans, 15 talents », « Studio 2M » et « Le journal du festival de Cannes », vous n’avez plus travaillé au Maroc. Pourquoi ?

L’accueil du public et des professionnels après l’opération « 15 ans, 15 talents » a été vraiment extraordinaire à mon égard. Les propositions n’ont pas manqué d’affluer. Je n’ai pas été surpris car (et je me permets de parler sans langue de bois si vous le permettez) l’offre dans le paysage audiovisuel en termes d’animation francophone était si pauvre, voire désuète, que j’ai suscité comme un appel d’air.

J’ai refusé beaucoup de propositions d’émissions télé - une carrière se construit le plus souvent par les refus -, jusqu’à « Studio 2M », une opération d’envergure dans laquelle je me suis investi sans compter, malgré des divergences artistiques très fortes qui ont conduit à mon départ volontaire lors de la seconde édition.

Cependant, « Le Journal du Festival de Marrakech 2004 » et le « Journal du Festival de Cannes 2005 », qui ont été largement commentés et salués par la presse marocaine, m’ont permis de m’épanouir en proposant au public marocain une manière différente de parler du cinéma avec passion, enthousiasme et proximité. En mettant également l’accent sur la formidable richesse du cinéma Marocain, sans démagogie ou chauvinisme mais avec justesse et pédagogie. Cela n’a pas été chose aisée - on bouscule difficilement des archaïsmes bien ancrés !- , mais le poste de Rédacteur en Chef de mes émissions, en plus de l’animation, m’a laissé une entière liberté de ton et d’angle de vue.
Je n’ai pas déserté la télévision Marocaine, loin de là ! J’ai juste pris mes distances avec des manières disonsŠ contraire à mes principes et à mon éducation. Disons que la télé « kleenex » n’est pas dans mes motivations. Je n’ai jamais souhaité m’inscrire dans cela. La tournure de la seconde édition de « Studio 2M » en prenait le chemin, j’ai préféré reprendre ma liberté, en homme intègre. Combien de candidats de « 15 ans, 15 talents », « Studio 2M » voyez vous encore aujourd’hui à l’écran ? Il aurait fallu un suivi. C’était une question de respect vis à vis de cette jeunesse Marocaine pleine de potentialités. Je dis cela haut et fort alors que la troisième saison de « Studio 2M » vient de débuter : respectez vos jeunes, aidez vos jeunes !
Je reviendrai probablement en tant qu’animateur sur le paysage audiovisuel marocain, sur quelque chaîne que ce soit, si l’on me propose un programme fort, intelligent et intelligible. Je veux marier l’audience à la qualité. En attendant, je vis des moments formidables dans ma carrière d’acteur !

Justement, vous êtes au générique de deux longs métrages en 2007. De quoi s’agit-il ? Quels sont les rôles que vous allez interpréter ?

Après une dizaine de téléfilms en France, j’ai eu le privilège immense, de débuter ma carrière sur grand écran auprès du maître, Steven Spielberg, qui m’a confié un second rôle dans « Munich », sorti en janvier dernier. Ce fut une expérience très enrichissante, humainement et professionnellement. Le tournage a eu lieu en Hongrie où je suis resté 15 jours.

« Scorpion » de Julien Seri, est mon deuxième long métrage que j’ai tourné en avril, mai et juin. Il sortira début 2007. J’y incarne le coach d’un boxeur. Le générique est prestigieux (Clovis Cornillac, Olivier Marchal, tous deux déjà récompensés par des Césars), j’espère que vous serez nombreux à aller le voir sur grand écran au Maroc !
Enfin, je débute en septembre un nouveau long métrage, « J’ai rêvé sous l’eau », d’un jeune réalisateur, Hormoz. C’est une belle histoire, dure mais sans concessions, qui j’espère défendra ses chances à Cannes !

Entre l’animateur et le comédien. Qui êtes-vous au juste ?

Je me considère avant tout comme un artiste. La passion est mon seul moteur. Je ne sais pas tricher, je ne fais que ce qui me touche et trouve de l’écho en moi.
Mon travail d’acteur (et de scénariste car j’écris des scripts aussi) sont aujourd’hui mes priorités : je privilégie et privilégierai toujours l’émotion à la séduction. L’animateur séduit quand l’acteur émeut.

Vous vous êtes frayé une place dans la scène française. Est-ce facile ?

Non, mon métier est loin d’être facile, mais je n’ai pas le droit de me plaindre.
Celui qui se lève à 06 heures du matin pour aller travailler (comme mon père l’a fait) sur un chantier pour nourrir sa famille a un métier autrement plus pénible que le mien.

La France, malgré un côté encore très conservateur, parvient à donner sa chance aux nouveaux artistes venus. Et je crois aussi beaucoup en des valeurs comme la rigueur, la passion et la détermination, qui guident mon travail.
J’ai enfin la chance d’être très bien entouré. Mon agent Catherine Meynial est une des meilleures de Paris, mes collaborateurs redoublent d’attention à mon égardŠ C’est très important, une bonne équipe, car on ne fait jamais rien tout seul.

Les réalisateurs américains vous font passer beaucoup d’auditions ces derniers mois. Est-ce le début d’une carrière internationale ?

Je passe en effet pas mal d’auditions pour des productions américaines. Je croise les doigts car j’attends des réponses ! Bien avant ma carrière de comédien, j’ai étudié à la « Sorbonne Nouvelle » les langues étrangères. Je suis titulaire d’une Licence en Anglais et en Espagnol, diplôme que j’ai décroché en 2001. Je maîtrise ainsi parfaitement la langue de Shakespeare, ce qui peut aider !
Vous savez, le métier de comédien est un monde à part où tout s’étonne d’être possibleŠ Et je fais confiance à la vie : je n’ai après tout que 27 ans !

Avez-vous des projets au Maroc ?

Mon projet le plus immédiat avec le Maroc, c’est d’aller y visiter prochainement ma famille. Je profiterai également de ce séjour pour honorer quelques rendez-vous professionnels.

Soumia Yahia - Al Bayane

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