Les officiers marocains de l’état civil sont à présent dans l’obligation d’accepter temporairement les prénoms déclarés, y compris ceux en contradiction avec la loi, contrairement aux pratiques antérieures, selon un décret qui vient d’être publié.
La création d’une chaîne de télévision berbère est encore au stade de projet. Sa mise sur pied devrait enrichir le paysage audiovisuel national. Le 19 juillet dernier, Nabil Benabdellah, ministre de la Communication, annonçait qu’un projet de création d’une chaîne de télévision en langue berbère était en cours d’examen. Salué par l’IRCAM, qui a estimé qu’une chaîne "exclusivement amazighe représente une valeur ajoutée à la culture nationale".
Donner à la langue et à la culture amazighes la place qu’il lui faut dans le champ audiovisuel et cinématographique national vient conforter toutes les décisions prises, ces dernières années, pour concrétiser la pluralité linguistique et culturelle du Maroc. En effet, depuis 2001, d’énormes efforts sont consentis pour donner à la langue et à la culture amazighes la « place qu’il lui faut dans le champ audiovisuel et cinématographique national ». Enseigné dans les écoles primaires, l’amazigh avait fait une entrée remarquée dans le système scolaire. C’était un « pas très important qui permettra aux enfants marocains d’apprendre et d’écrire cette langue ». L’adoption du caractère tifinagh avait aussi permis d’offrir à cette langue, longtemps marginalisée, un caractère distinctif.
Côté média, un bulletin d’information, dans les différents dialectes berbères, avait déjà droit de cité sur la première chaîne. Des émissions, des chansons et des spots publicitaires en amazigh font aussi une entrée timide.
On se rappelle aussi que le film Bandia de Saïd Naciri, doublé en tamazight et diffusé par 2M avait eu un tel succès que la direction de la chaîne pense déjà diffuser un film en tamazight par mois. On évoque aussi la possibilité de produire des films en tamazight.
Les cours d’apprentissage de cette langue sur la TVM ou encore sur la chaîne thématique « Arrabiâ » sont autant d’atouts pour assurer le rayonnement du tifinagh.
La mise en place d’un fonds de soutien à la production cinématographique amazighe et la programmation de sessions de formation consacrées à l’écriture du scénario en cette langue témoignent d’une volonté d’offrir au public des émissions d’une bonne facture. A la rentrée, les téléspectateurs de 2M auront même rendez-vous avec une émission culturelle hebdomadaire produite dans cette langue. De nouvelles émissions en langue amazighe trouveront tout naturellement leur place dans la grille des programmes des deux chaînes publiques.
La radio nationale consacre, pour sa part, des programmes quotidiens en amazigh. La presse amazighe n’est pas en reste. De nouveaux titres renforcent l’offre déjà existante et démontrent, si besoin est, cette belle vigueur de journalistes et d’écrivains qui revendiquent leur amazighité. Même l’Institut supérieur de communication (ISIC) de Rabat assure des formations en tamazight
C’est dans ce sens que la création d’une chaîne de télévision nationale constitue un pilier fondamental pour l’intégration de l’amazighité dans l’information publique.
Conférer à l’amazigh la place qui lui revient en lui garantissant les conditions de travail favorables demeure la préoccupation de tous ceux qui planchent sur ce dossier. Ces derniers réclament également la généralisation de la diffusion de la radio amazighe sur tout le territoire national et la création de stations radio, dédiées à cette langue.
Ce souci d’une plus grande visibilité dans l’univers médiatique avait été rendu possible grâce à la libéralisation du paysage audiovisuel. Sa concrétisation devrait constituer, sans nul doute, un enrichissement pour l’identité marocaine et une meilleure reconnaissance de toutes les composantes de la culture nationale.
Khadija Alaoui - Libération
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