L’incompréhension domine chez ceux qui ont connu Richard Robert

9 juin 2003 - 12h19 - Maroc - Ecrit par :

L’interpellation à Tanger d’un Français de 31 ans, originaire de la région stéphanoise, après les attentats du 16 mai à Casablanca, suscite la stupeur et l’incompréhension chez ceux qui l’ont côtoyé avant qu’il ne séjourne en Turquie, puis s’installe au Maroc avec sa femme et ses deux enfants.

Richard Robert est le deuxième fils d’une fratrie de trois. Le plus jeune, David, de dix ans son cadet, lui-aussi converti à l’islam, était en garde-à-vue jeudi dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST, contre-espionnage), selon des sources informées du dossier.Voisins de la famille, anciennes et présentes relations du jeune homme, interrogés sous le couvert de l’anonymat, expriment leur étonnement face aux accusions portées contre Richard Robert et dépeignent une famille de souche rurale sans histoire.Les parents de Richard et David Robert, d’origine modeste, sont unanimement respectés dans le minuscule hameau où ils vivent depuis une trentaine d’années dans un pavillon, construit en partie par eux-même.Le père, souffleur de verre dans une verrerie fabriquant des vitraux, et qui faisait en plus un peu de commerce de bois, est présenté par ceux qui le côtoient comme un infatigable travailleur. La mère est restée à la maison pour élever ses trois enfants.Blond aux yeux bleus, né au Chambon-Feugerolles (Loire), Richard Robert s’est converti à l’Islam vers l’âge de 17 à 18 ans, dans une mosquée turque située à quelques kilomètres du domicile familial et qui a été récemment détruite dans le cadre de la construction d’un équipement routier."Il a fréquenté notre mosquée pendant six mois puis il est parti en Turquie", se souvient Ibrahim Tekeli, qui présidait alors l’association culturelle et sportive turque d’Andrézieux-Bouthéon. "Il y a six ou sept ans je l’ai croisé et il a m’a invité chez lui pour me présenter sa femme. S’il avait été intégriste, il n’aurait pas fait ça", ajoute M. Tekeli, qui assure que celui qui se faisait alors appeler "Jakup" était " droit et honnête"."très poli et gentil"L’honnêteté du jeune homme est également soulignée par Alice et Jacques Bag, qui possèdent un garage automobile à Saint-Etienne où Richard Robert a acheté des voitures d’occasion, jusqu’à la fin de l’année dernière, pour les vendre au Maroc."Il n’était pas agressif, comme le sont parfois les jeunes, mais toujours très poli et gentil. Parfois il nous payait le solde de la voiture après l’avoir vendue, à son retour en France", explique l’épouse du garagiste. Ce dernier déclare : "pour moi, ce n’est pas possible qu’il ait fait ça, car je connais mes clients et j’aime beaucoup ce garçon".Richard Robert avait confié à ce couple turc revêtir plus rarement la traditionnelle djellaba en France depuis les attentats du 11 septembre 2001, à New-York, à cause des gens qui font l’amalgame entre musulmans et islamistes.Ahmed Abdel Wahoud, qui gère depuis 1996 la librairie-bibliothèque musulmane Al Calam, à Saint-Etienne, se souvient de ce client comme quelqu’un de " discret, qui s’exprimait peu et qui ne participait pas aux débats publics et conférences sur la pratique citoyenne de l’islam ni aux rencontres inter-religieuses que nous organisons".Réputé pour son ouverture et son indépendance vis-à-vis des différentes tendances de l’islam, Mohammed Chérif, imam guinéen de la mosquée de La Cotonne, à Saint-Etienne, reconnaît quant à lui que Richard Robert, alias " Jakup", prônait une "vision dure de l’islam qu’il tentait malheureusement d’imposer aux jeunes de son âge". Ajoutant toutefois : "la radicalisation, il a dû la trouver ailleurs qu’ici".Richard Robert, alias "Abou Abderrahmane", âgé de 31 ans, faisait l’objet d’un avis de recherche en tant que "suspect dangereux" dans le cadre des attentats suicide de Casablanca qui ont fait 43 morts et une centaine de blessés, le 16 mai.

lemonde.fr

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Casablanca - Terrorisme - Attentats de Casablanca

Ces articles devraient vous intéresser :

Latifa Ibn Ziaten : « Les jeunes ne sont pas nés terroristes, mais on les pousse à l’être »

Depuis 2012, la militante franco-marocaine Latifa Ibn Ziaten, mère du maréchal des logis-chef Imad, une des victimes du terroriste Mohammed Merah, travaille avec les familles et les communautés pour empêcher les jeunes de tomber dans le piège de...

Latifa Ibn Ziaten : « J’ai réussi à sauver beaucoup de jeunes, de familles… »

11 ans après l’assassinat de son fils, le maréchal des logis-chef Imad, une des victimes du terroriste Mohammed Merah, la militante franco-marocaine Latifa Ibn Ziaten poursuit son combat pour la paix et la promotion du dialogue et du respect mutuel.

Projet d’attentat déjoué au Maroc : Treize individus arrêtés par le BCIJ

Treize personnes ont été arrêtées par le Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), jeudi dernier. Soupçonnés d’être partisans de l’organisation terroriste « État islamique », les individus ont été arrêtés lors d’opérations menées dans...

Le Maroc, bon élève en matière de lutte antiterroriste

Le Maroc affiche l’un des niveaux de sécurité antiterroriste les plus élevés au monde. Avec un score de 0,757, le royaume est classé 83ᵉ dans la catégorie des pays les plus épargnés des actes terroristes, selon l’édition 2023 de l’Indice mondial du...

Au Maroc, la lutte contre le blanchiment d’argent rapporte

Le Maroc mène efficacement la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. En tout, près de 11 milliards de dirhams ont été saisis en 2022.

Une cellule préparant des attentats au Maroc démantelée

Le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), se basant sur des informations fournies par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), a annoncé le démantèlement d’une cellule terroriste liée à l’organisation Daech. Cette...

Le Maroc frappe un grand coup dans la lutte contre le terrorisme

Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.

Maroc : l’agent immobilier associé à la lutte contre le blanchiment d’argent

Le Maroc veut impliquer la profession de l’agent immobilier dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Mais sa réglementation s’avère avant tout urgente.

Terrorisme au Maroc : une lutte permanente depuis 2003

L’extrémisme islamiste au Maroc a été marqué par cinq moments forts, dont notamment les attentats de Casablanca en 2003 et 2007, le printemps arabe en 2011, et la création de l’État islamique (EI) en 2014. Pour lutter contre le phénomène, les autorités...

Décès de Malika El Aroud, « La Veuve noire du Jihad »

Malika El Aroud, condamnée pour terrorisme en 2008, est décédée à l’âge de 64 ans. Cette femme, qui avait la double nationalité belge et marocaine, avait été déchue de sa nationalité belge en 2017 pour avoir « gravement manqué à ses devoirs de...