Le Maroc engagé dans une libéralisation économique tous azimuts

19 novembre 2004 - 16h07 - Economie - Ecrit par :

La vente de 16% du capital de Maroc Telecom au groupe Vivendi, qui devient majoritaire avec 51% des parts, marque la poursuite d’une stratégie de libéralisation économique et de privatisations menée tous azimuts dans le royaume chérifien.

Cette tranche de 16% du capital de l’opérateur historique du Maroc, dont Vivendi Universal a annoncé jeudi le rachat pour environ 1,1 milliard d’euros, s’ajoute aux 35% déjà acquis par le groupe français en 2001. Elle lui assure le contrôle effectif de cette entreprise très sensible pour l’économie marocaine.

L’opération, annoncée curieusement le jour même de la célébration du 49ème anniversaire de l’indépendance du Maroc, a été saluée par le ministre marocain des Finances et des privatisations, Fathallah Oualalou, comme revêtant une "grande importance économique et politique pour le Maroc".

La transaction marque la "volonté du Maroc de poursuivre sa politique d’ouverture et de réformes", a souligné le ministre. Il a rappelé que cette opération sera bientôt suivie de l’introduction en bourse d’une autre tranche de 14% du capital de Maroc Telecom, à Paris et Casablanca simultanément, indiquant qu’elle sera "la plus grande opération boursière que le royaume ait connue".

Cette vente, prévue "avant la fin de l’année", devrait rapporter à l’Etat marocain plus de 800 millions d’euros, avait estimé le premier ministre Driss Jettou. Ces sommes serviront à "faire face à des contraintes comme le tremblement de terre (de février 2004 dans la région d’Al Hoceïma), les criquets, la hausse du pétrole", avait-il notamment précisé.

D’autres opérations de privatisation ont récemment été décidées dans le royaume. Les dernières ont concerné la Régie des Tabacs, pour plus de 1,2 milliard d’euros, et la société de construction automobile marocainedont le groupe français Renault à acquis 38% du capital.

Le gouvernement marocain a annoncé par ailleurs la privatisation prochaine de la Compagnie marocaine de navigation (Comanav), un important établissement public pourtant considéré comme "stratégique".

Les terres marocaines elle-même n’échappent à ce mouvement de libéralisation largement tourné vers l’étranger. Un appel d’offres international a en effet été lancé en octobre dernier pour la location à long terme, à des investisseurs privés, de plus de 55.000 hectares de terres agricoles publiques.

L’offre concerne les principales régions agricoles du Maroc, essentiellement au nord et à l’est, et la plupart des filières de production.

La libéralisation de l’économie, engagée sous le règne de l’ancien roi du Maroc Hassan II et poursuivie par l’actuel souverain Mohammed VI qui s’est entouré de gestionnaires pragmatiques, s’étend à la conclusion d’accords de libre-échange dont les principaux concernent l’Union européenne et les Etats-Unis.

L’accord récemment conclu avec Washington, qui doit entrer en vigueur au début 2005, a suscité de nombreuses réserves notamment parmi les professionnels marocains de l’agriculture et du textile, inquiets des conséquences dommageables d’une brusque ouverture du marché national et d’une possible invasion de produits américains.

La stratégie très libérale de Rabat comporte une dimension politique particulièrement notable à l’approche de la tenue le 11 décembre, au Maroc, du Forum de l’Avenir - première rencontre dans le cadre du projet américain "Grand Moyen-Orient" qui vise les réformes et la démocratisation du monde arabe.

La Tribune - Afp

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