Le pari marocain des jeunes entrepreneurs "des cités"

13 mars 2004 - 11h12 - France - Ecrit par :

Ils étaient les premiers inscrits à France Expo 2004, un salon qui réunit jusqu’à aujourd’hui, à Casablanca, au Maroc, 355 entreprises françaises. Ils ont également été les premiers arrivés de l’autre côté de la Méditerranée. Abdel, Youssef, Khalid et Touria sont partis de Gonesse...
en voiture.

Ils ont parcouru les 2 500 km sous la pluie et même la neige (dans les Pyrénées) à bord de trois voitures chargées à bloc de stands modulables. Ils les ont installés depuis à côté des géants de l’industrie française, Suez, Total, Lafarge, Thomson ou Renault. Ils ont apporté aussi des plaquettes, des tee-shirts et des prospectus qu’ils distribueront durant les quatre jours de la manifestation. « Un vrai périple, sourit Abdel. Mais l’avion, cela aurait fait trop cher.... » « C’est la rage d’y arriver qui nous a donné ce courage », renchérit Youssef. Et de la rage, ces trentenaires issus des cités de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et de Goussainville n’en manquent pas. Forts d’une quinzaine d’années d’expérience dans ce domaine, ils ont monté leur entreprise de gestion des déchets : Abdel El Wahidi a créé Ecodes, un cabinet conseil, il y a trois ans, au coeur du Franc-Moisin à saint-Denis (il a désormais cinq employés), tandis que la naissance de la Sergene (pour Services généraux aux entreprises pour la protection de l’environnement), représentée par Youssef et Khalid, remonte à juillet dernier. Depuis octobre, cette société, qui compte trois employés et un parc de vingt-cinq bennes et trois camions, est installée à Gonesse. « Ensemble, on peut gérer l’ensemble des déchets - industriels, hospitaliers, banals... - et les disperser dans les différentes filières de recyclage ou d’élimination, explique Abdel.

L’avantage, pour une entreprise, c’est qu’elle n’a qu’un seul interlocuteur. On est complémentaire. » A terme, ils espèrent en effet associer leur savoir-faire dans leur pays d’origine. « Il y a tout à faire au Maroc dans l’environnement, surtout dans la gestion des déchets industriels », souligne Abdel, qui a déjà ouvert une agence à Casablanca, en 2002, « pour se faire remarquer ». La présence, à un emplacement si stratégique, de ces « RME » (terme désignant ici les ressortissants marocains étrangers, c’est-à-dire les enfants des immigrés de France) dans le salon vantant « le savoir-faire de la France » n’a pas manqué, justement, d’attirer l’oeil. Et quand cela ne suffit pas, il y a encore le culot de Youssef, comme lorsqu’il interpelle les officiels, français et marocains, qui ne s’étaient pas arrêtés sur leur stand lors de l’inauguration de l’Expo, provoquant un mot de sympathie du Premier ministre marocain, Driss Jettou. Pour limiter encore les frais, les compères ont négligé l’hôtel, préférant louer un appartement avec trois autres amis. « On vit un peu notre Loft Story », rigole Abdel. Mais le séjour n’a rien d’une partie de plaisir. « Je suis dans le même état d’esprit qu’avant un combat », avouait, la veille de l’ouverture du salon, Khalid, ancien vice-champion du monde de full-contact.

Le parisien

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