L’affaire Rachid M’Barki du nom de l’ex-présentateur franco-marocain du journal de la nuit de BFMTV, mis en examen pour « corruption passive » et « abus de confiance » n’a pas fini de livrer tous ses secrets.
Les affaires de corruption ont rebondi au Maroc avec l’inculpation de responsables dans divers scandales financiers et la publication de nouvelles révélations explosives mettant en cause de hautes personnalités de l’Etat.
Au terme de longues enquêtes sur divers scandales financiers, la Cour spéciale de justice de Rabat a décidé d’inculper et d’écrouer une série de responsables d’établissements financiers publics. Il s’agit notamment du Crédit immobilier et hôtelier (CIH), la Banque populaire (BP), la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse nationale du crédit agricole (CNCA).
Au cours du seul mois d’octobre, un ancien PDG de la Banque populaire et deux de ses collaborateurs, seize cadres du CIH, dont un ex-PDG, tous accusés de détournement de fonds, ont été arrêtés et écroués après leur comparution devant la Cour spéciale de justice.
Dans le cas du CIH, un rapport accablant sur sa gestion avait été publié en janvier 2001 par la Chambre des représentants, révélant de "graves irrégularités" qui portent sur des crédits d’un montant total de 1,34 milliard de dollars.
Peu après ces décisions de justice, l’ex-patron du Crédit immobilier et hôtelier, Moulay Zine Zahidi, qui fait l’objet d’un mandat de dépôt, a fait des révélations fracassantes où il met en cause les interventions de ministres et de conseillers du roi dans les affaires incriminées.
Dans une longue interview, il accuse ces hautes personnalités politiques marocaines d’avoir fait pression sur son établissement pour faciliter des transactions immobilières illicites et entraver le recouvrement de créances du CIH auprès d’affairistes proches du pouvoir.
La publication des déclarations de M. Zahidi a donné lieu à l’interpellation des deux journalistes du Journal Hebdomadaire qui avaient conduit l’entretien. Ali Amar, directeur général du Journal et le journaliste Mouaad Rhandy, ont été longuement interrogés par la Direction de la surveillance du territoire (DST) puis par la police judiciaire.
L’ancien PDG du CIH qui est en cavale, justifie sa fuite en dénonçant la Cour spéciale de justice qui est "anticonstitutionnelle" et n’offre "aucune garantie aux justiciables", selon lui. Il affirme par ailleurs que le rapport parlementaire sur le CIH avait été expurgé des références aux personnalités politiques qu’il avait citées lors de ses auditions.
Des accusations de corruption ont visé par ailleurs l’armée marocaine, prolongeant celles qui ont valu deux ans et demi de détention à un ancien capitaine, Mustafa Adib, qui avait dénoncé un trafic de carburant. M. Adib, radié de l’armée en 2000, avait été poursuivi pour "outrage à l’armée et violation des consignes militaires".
Un "Comité d’action des officiers libres", dont la création a été annoncée dans un communiqué anonyme publié le 18 octobre, accuse cette fois de hauts gradés de puiser "dans les caisses des différents corps d’armée".
Le groupe, qui aurait menacé de passer à "l’action directe", a demandé au roi Mohammed VI la mise à la retraite de certains généraux, un contrôle des dépenses sociales des armées et la libération d’officiers qui seraient condamnés pour avoir dénoncé la corruption dans leurs unités.
Relevant cette affaire, le Journal Hebdomadaire (indépendant) a publié une "lettre ouverte" d’un éditorialiste, Khalid Jamaï, appelant le souverain marocain à "éradiquer" la corruption dans l’armée et à répondre aux revendications exprimées.
Ces demandes remettent à l’ordre du jour les "privilèges acquis par de hauts cadres de l’armée" et "rejoignent les revendications de la société" marocaine, a estimé de son côté Sion Assidon, membre fondateur de l’association Transparency-Maroc, dans une déclaration à l’hebdomadaire Al Ayam.
Le contrôle administratif et parlementaire de l’armée ne doit pas être écarté pour des "prétextes sécuritaires", a-t-il souligné.
AFP
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