Les banques maghrébines restent pusillanimes

15 juin 2002 - 15h14 - Economie - Ecrit par :

Elles refusent souvent d’investir l’argent placé par les immigrés vivant en France dans des projets de création d’entreprise portés
par ces derniers ou par leurs enfants.

Les établissements financiers maghrébins présents en France se présentent avant tout comme des banques de dépôt. Certaines financent des crédits à la consommation, mais globalement les prêts
bancaires ne font pas partie des services dont peuvent bénéficier leurs clients. Motif invoqué par les directeurs des agences marocaines interrogés sur le sujet : "Les banques marocaines n’ont pas la prétention de concurrencer les banques françaises sur leur propre marché." "Ce n’est pas ça le problème, rétorque Amo Ferhati,
président de l’association Espace Intégration. Les banques maghrébines ont avant tout une stratégie de captation du capital des épargnants immigrés, sans pour autant consentir à s’engager dans une
logique de risque." En d’autres termes, les banquiers maghrébins préfèrent faire fructifier les économies de leurs compatriotes plutôt que de leur prêter des capitaux en vue de financer leurs projets. Seule la banque tunisienne semble avoir adopté une stratégie plus ouverte sur le crédit aux entreprises. "L’UTB est une banque d’affaires dont le siège social se trouve en France. Notre démarche est très différente de celle traditionnellement adoptée par les banques du Maghreb", soutient un membre de la direction de l’UTB.

Manque de confiance. Les jeunes Français issus de l’immigration n’ont pas vraiment leur place parmi la clientèle des banques marocaines. "Pourquoi un Français viendrait frapper à notre porte
alors que les banques françaises proposent une gamme de services très complète ? Nous ne voulons pas hériter des mauvais payeurs",
explique le directeur administratif d’une des principales enseignes bancaires du royaume chérifien.

Le discours change dès lors que leurs clients souhaitent financer des projets dans leur pays d’origine, ou se lancer dans l’import-export. Le manque de confiance des banques maghrébines à
l’égard de leurs clients est loin de faciliter la prise
d’initiatives et contribue à la désintégration de la communauté maghrébine. Voilà qui explique sans doute en partie que les Maghrébins et les jeunes issus de l’immigration ayant soif d’entreprendre tentent plutôt leur chance du côté des réseaux d’aide à la création d’entreprise.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Transferts des MRE - Banques

Ces articles devraient vous intéresser :

Une bonne nouvelle pour les enseignants marocains

La Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’éducation-formation a augmenté le montant des crédits immobiliers accordé aux enseignants dans le cadre de son programme d’aide au logement IMTILAK, lancé en 2019.

L’Europe veut bloquer les transferts des MRE

La directive européenne sur les banques étrangères exerçant dans l’Union européenne (UE) inquiète les autorités et les banques marocaines qui craignent une baisse drastique des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) du fait de cette...

Les transferts des MRE mal utilisés ?

Les transferts de fonds des Marocains de la diaspora contribuent à la stabilité macroéconomique du Maroc, relève une récente note d’orientation publiée par le Bureau sous-régional pour l’Afrique du Nord de la Commission économique des Nations Unies...

Les MRE : des acteurs économiques majeurs, oubliés par les institutions

Un récent rapport du Centre Al Hayat met en exergue la contribution significative des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au développement de leur pays d’origine. Toutefois, ces derniers restent confrontés à des difficultés qui limitent leurs...

Les Marocains de France battent des records de transfert

Les Marocains du monde ont transféré au Maroc près de 115,15 milliards de dirhams (MMDH) à fin décembre 2023, soit une hausse de 4 % par rapport à la même période de 2022 (110,72 MMDH), révèle l’Office des changes.

Marocains de l’étranger : des transferts d’argent records

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont envoyé 91,52 milliards de dirhams (MMDH) au Maroc entre janvier et septembre 2024.

100 milliards de dirhams : l’amnistie fiscale bat tous les records au Maroc

100 milliards de dirhams. C’est le montant total des avoirs déclarés dans le cadre de l’amnistie fiscale au Maroc à la date du 1ᵉʳ janvier 2025.

MRE : des milliards envoyés au Maroc !

Les transferts d’argent effectués par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent non seulement de façon significative au PIB du Maroc, mais elles représentent aussi une véritable soupape de sécurité pour les familles.