L’artiste marocaine Nora Fatehi a déclenché une vague de réactions sur Instagram après avoir publié un extrait vidéo la montrant portant un collier avec une croix.
Les habitants de plusieurs pays musulmans, dans le sillage de l’opinion publique occidentale, commencent à s’inquiéter de l’islam radical, selon un sondage réalisé à grande échelle réalisé par un centre de recherche américain, le Pew Research Center, et rendu public cette semaine. C’est ainsi que près des trois quarts des Marocains et la moitié des Pakistanais, des Turcs et des Indonésiens considèrent, désormais, que l’islamisme radical constitue une menace pour la stabilité de leur nation.
En revanche, en Jordanie, un habitant sur dix, seulement, est de cet avis.
Parallèlement, on observe parmi les personnes interrogées une chute du soutien à Oussama Ben Laden, le chef présumé du réseau Al-Qaida, ainsi qu’une hostilité grandissante à l’encontre des attentats à la bombe, menés au nom de la défense de l’islam contre des civils.
Au Maroc, par exemple, ils ne sont plus que 13 % à admettre que "parfois" la violence contre les civils est justifiée, contre 79 % qui pensent le contraire. Il y a un an, les chiffres étaient différents. Près de 40 % des personnes interrogées dans le royaume étaient prêtes à tolérer le recours à la violence dans certaines circonstances. Ce changement radical d’attitude de la part des Marocains s’explique peut-être, selon Pew, par la série d’attentats-suicides menés à Casablanca en 2003. Une évolution du même ordre est perceptible au Liban, et au Pakistan.
Le seul pays où les musulmans interrogés dans le sondage admettent que les attentats-suicides peuvent être justifiés à l’occasion, c’est l’Irak. Ainsi, dans ces circonstances, près de la moitié des Marocains, des Libanais et des Jordaniens estiment justifiées les attaques-suicides contre les Américains et leurs alliés occidentaux. Mais dans d’autres pays, comme la Turquie, le Pakistan et l’Indonésie, l’opinion contraire prévaut.
Mené au printemps auprès de 17 000 personnes dans dix-sept pays, le sondage montre que la perception des racines de l’islamisme radical varie d’un pays à l’autre. La pauvreté, le chômage, l’absence d’éducation sont souvent cités par les musulmans mais certains d’entre eux, comme en Jordanie et au Liban, mettent aussi en avant la politique américaine au Proche-Orient.
Les pays musulmans sont convaincus que la démocratie est possible chez eux. Les Libanais, les Marocains, les Jordaniens, les Indonésiens en sont les plus fervents avocats tandis que les Pakistanais et les Turcs semblent plus sceptiques. Moins d’un Turc sur deux croit que la démocratie peut fonctionner dans son pays.
L’islam radical continue à inquiéter les pays non musulmans. C’est vrai en Allemagne, aux Pays-Bas aussi bien qu’en Russie ou en Inde. En France comme en Espagne (où ont eu lieu les attentats) près d’une personne sur deux (46 %) dit se sentir très préoccupée par l’islamisme radical. Aux yeux des Français, la menace concerne davantage les pays tiers que le leur.
Les craintes suscitées par l’islamisme radical polluent le débat sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE), affirme Pew. Elles expliquent que deux Français sur trois, et autant d’Allemands, sont opposés à l’admission de la Turquie. Une légère majorité de Hollandais (53 %) partage cette hostilité. En revanche, Britanniques et Espagnols y sont favorables dans une forte proportion.
Une inquiétude générale en Europe concernant l’identité nationale est un autre frein à l’entrée de la Turquie, dit l’enquête. La perspective de voir arriver une vague d’émigrants turcs est un facteur supplémentaire de rejet à l’adhésion d’Ankara.
Pour autant, l’image de l’islam n’est pas aussi négative qu’on pourrait le craindre parmi les opinions publiques occidentales même si c’est moins vrai dans les pays comme la France ou l’Italie qu’aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne (le sondage a précédé les attentats de Londres).
Autre enseignement de l’étude, l’image très négative des juifs dans certains pays arabes. Au Maroc, 88 % en ont une perception défavorable. Au Liban et en Jordanie, la quasi-totalité des personnes interrogées partage cette vision. Plus généralement, il apparaît que les pays arabes ont une image beaucoup plus négative des juifs et des chrétiens que celle des Européens et des Américains à l’encontre des musulmans.
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