Le Parti populaire espagnol change de cap sur sa politique étrangère envers le Maroc

27 février 2023 - 11h20 - Espagne - Ecrit par : A.P

Le Parti populaire (PP), dont le leader Alberto Núñez Feijóo pourrait être le prochain locataire de la Moncloa, change de posture vis-à-vis du Maroc. Désormais, l’actuel parti d’opposition veut « soigner » chaque intervention pour « éviter de faire plus d’erreurs » en matière de politique étrangère et maintenir de bonnes relations avec le Maroc.

Le PP soulignait que les dernières décisions de politique étrangère prises par Pedro Sanchez, notamment le changement historique de la position sur le Sahara, ont des conséquences désastreuses pour l’Espagne sur plusieurs fronts. Mais depuis quelque temps, le discours du parti envers le Maroc a changé. La raison, Alberto Núñez Feijóo a demandé « d’analyser à la loupe » chaque question ayant rapport avec le Maroc avant toute prise de position pour « ne pas aggraver les choses ». Le PP veut tenter ainsi de revenir à la position de neutralité de l’Espagne sur le Sahara. « Il est évident que si nous allons gouverner comme nous l’espérons, il faut s’occuper du Maroc », font-ils savoir.

À lire : Sanchez pas accueilli par Mohammed VI : José Manuel Albares recadre le PP

Le leader Esteban González Pons avait déploré l’absence de Mohammed VI à la Réunion de haut niveau qui s’est tenue début février à Rabat. « Il n’y a pas une plus grande humiliation que de tout donner au Maroc, d’aller avec la moitié du gouvernement donner satisfaction, de se mettre en scène au parlement européen, que le roi ne vous reçoive pas et que vous vous contentiez qu’il décroche le téléphone », avait-il écrit sur Twitter. À la demande du PP et du PSOE, Sanchez devra comparaître prochainement devant le Congrès pour donner des détails sur les accords conclus avec le Maroc lors de ce sommet.

Le PP a soutenu la proposition de Podemos visant à accorder la nationalité aux Sahraouis nés à l’époque de la domination coloniale, et votée par le Congrès il y a deux semaines. La position officielle du parti, défendue à l’occasion par le député des Baléares Miquel Jerez, est claire : neutralité et respect total du Maroc. « Nous proposons la sérénité et le respect, sans offenser personne, sans ouvrir de blessures inutiles ni détériorer nos relations internationales. Sans commettre les mêmes bévues que le gouvernement Sanchez a commises avec le Sahara, avec le Maroc et avec l’Algérie en seulement 24 heures », a-t-il déclaré.

À lire : Sahara : le président du Parti populaire promet de faire volte-face

Le PP estime que le gouvernement n’a pas évalué ou étudié les conséquences du changement de position sur le Sahara sur le commerce, les flux migratoires et, surtout, la dépendance énergétique au regard de l’Algérie, son principal fournisseur de gaz, et de l’invasion russe en Ukraine. Le chef du PP, Feijóo, avait demandé à l’Algérie de ne pas punir les Espagnols, distinguant entre « le gouvernement et le peuple espagnol ». Lors d’une rencontre à Rotterdam l’année dernière, il a assuré au chef de gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, que le PP allait « mener une politique étrangère fiable » envers le Maroc s’il arrivait à la Moncloa.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Sahara Marocain

Aller plus loin

L’Espagne « humiliée » par le Maroc, selon José Maria Aznar

L’ancien président du gouvernement espagnol, José María Aznar, a déploré jeudi à Séville le fait que Mohammed VI n’ait pas reçu Pedro Sanchez à son arrivée à Rabat, considérant...

Après l’avoir traité de « dictature », Yolanda Diaz « remercie » le Maroc à l’ONU

Après avoir affirmé dimanche que le Maroc est une « dictature », Yolanda Diaz, la deuxième vice-présidente du gouvernement et ministre du Travail espagnol, a tenté mardi de se...

Le Maroc accusé « d’ennuyer » Melilla

Le sénateur du Parti populaire (PP), Juan José Imbroda, candidat à la présidence de Melilla, a accusé le Maroc de « vouloir ennuyer les habitants de Melilla » en ne rouvrant pas...

Le Maroc est « une dictature » : le recadrage de José Manuel Albares

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a réagi lundi aux propos de la deuxième vice-présidente et ministre du Travail, Yolanda Díaz, qui affirmait...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc menace le Polisario en cas d’utilisation de drones

Le Maroc, par la voix de son représentant permanent auprès de l’ONU Omar Hilale, a prévenu l’organisation dirigée par Antonio Gutteres de la reprise du contrôle de toutes les zones situées à l’extérieur du mur et d’une réaction militaire appropriée au...

Sahara : un drone marocain abattu par le Polisario ?

Des images montrant un drone prétendument marocain abattu par le Polisario dans le Sahara circulent sur les réseaux sociaux. De quoi s’agit-il en réalité ?

La marque Lacoste présente ses excuses au Maroc

L’affaire des polos Lacostearborant une carte tronquée du Maroc, excluant ses provinces du sud, connaît un nouvel épisode. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a confirmé que les responsables de la célèbre marque française de...

Antonio Guterres reçu par le roi Mohammed VI

Le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, a été reçu mercredi en audience par le roi Mohammed VI, annonce le cabinet royal dans un communiqué.

Josep Borrell « indésirable » à Rabat

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a annulé une réunion prévue en septembre à Rabat avec le haut représentant de l’Union européenne (UE) pour la politique étrangère, Josep Borrell, la jugeant « inappropriée » après la récente...

L’armée marocaine envoie l’artillerie lourde au Sahara

Après avoir prolongé en 2021 le mur de défense de 50 km à l’est pour sécuriser Touizgui dans la province d’Assa-Zag et compléter le dispositif sécuritaire à l’est, les Forces armées royales (FAR) ont déployé l’artillerie lourde dans la même zone.

Le Polisario craint toujours les drones marocains

Le Front Polisario craint de plus en plus les attaques par drone du Maroc au Sahara. Depuis la reprise en 2021 d’un conflit de faible intensité entre les deux parties, une vingtaine d’attaques ont été déjà enregistrées selon un rapport de l’ONU.

Comment les drones marocains ont changé les règles du jeu face au Polisario

Depuis la rupture du cessez-le-feu le 13 novembre 2020, le Maroc utilise des drones pour contrer les attaques du Polisario.

Brahim Ghali dénonce le « silence complice » de l’ONU sur les «  abus  » du Maroc

Le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a accusé le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, de maintenir un « silence complice et injustifiable » sur «  la violation par le Maroc du cessez-le-feu  », menaçant qu’il n’y...

Explosions à Smara : le Polisario impliqué ?

Quatre explosions ont retenti dans la nuit de samedi à dimanche dans la ville de Es-Semara, au Sahara. Le bilan fait état d’un mort et de trois blessés. Le Polisario s’est félicité de ses attaques.