Dans cet arrêt publié le 27 janvier 2020, et auquel Publico a eu accès, le tribunal indique que le Marocain a collaboré avec les services de renseignement marocains pendant au moins huit ans, entre le 2 juin 2008 et le 8 juillet 2016, « menant diverses activités contre l’intérêt général ». Sa relation avec les services de renseignement marocains a commencé avec son cousin, le chef de la Direction générale des études et de la documentation au consulat du Maroc à Las Palmas de Gran Canaria, rattachée au service de renseignement marocain.
Le Marocain a déposé sa demande pour obtenir la nationalité espagnole en 2013, après avoir résidé en Espagne pendant plus de dix ans. C’est alors que le Centre national de renseignement (CNI) a découvert, après enquête, qu’il avait des liens avec le renseignement marocain. Sur cette base, le CNI, dans son rapport d’enquête en date du 23 juin 2016, a demandé au ministère espagnol de la Justice de ne pas lui accorder la nationalité espagnole, ce qui a conduit au rejet de la demande du Marocain le 4 juin 2018.
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Le Marocain a déposé un recours administratif contre la décision du ministère de la Justice. Un an et demi plus tard, l’Audience nationale a confirmé la décision du département ministériel. Pour le président du gouvernement des îles Canaries, Ángel Víctor Torres, ce cas prouve certes que le Maroc a infiltré les services de renseignement espagnols pour nuire aux intérêts nationaux, mais a assuré qu’aucun membre de l’Exécutif régional n’a été espionné à l’aide de Pegasus.
« C’est une situation préoccupante », a-t-il déclaré au sujet des soupçons qui pèsent sur le Maroc qui serait derrière le piratage des téléphones de Pedro Sanchez et de Margarita Robles, la ministre de la Défense. Il a par ailleurs regretté l’absence de représentants des îles Canaries à la rencontre tenue vendredi à Rabat entre des délégations espagnole et marocaine pour définir une stratégie plus efficace contre les flux migratoires.