Maroc/cinéma : 100 écrans pour 30 millions d’habitants

5 mars 2007 - 00h00 - Culture - Ecrit par : L.A

Faire un bilan est toujours un exercice difficile, surtout lorsqu’on parle chiffres. Les dernières escarmouches entre le HCP, et le ministère du Commerce en est un.

« Nous ne souhaitons pas faire un bilan de l’année cinématographique (2006) mais ouvrir un débat sur l’audiovisuel », précise Adil Semmar, responsable du portail Maghrebarts.

Est-il possible de faire l’un sans l’autre ?

Toujours est-il, globalement, que le secteur cinématographique affiche des signes de vitalité (voir p. 12). Hamid Benani, le SG de la Chambre marocaine des producteurs de films, l’atteste. « Le passage d’un système d’aides à celui d’avances sur recettes a été fiscalement salvateur », souligne-t-il. Dans le premier cas, les bénéfices étaient imposables à 40%. L’Etat reprenait donc d’une main ce qu’il donnait de l’autre. La nouvelle formule, dite avance sur recettes, « permet de prélever 25% sur la part du producteur au prorata du bénéfice », explique Benani. Celui-ci a droit à 50% de la recette (cinéma, DVD…) La recette enclenche ainsi une dynamique participative au fonds, géré par le CCM.

En 2007, « la cagnotte du fonds d’aide cinématographique est de 80 millions de DH », selon le réalisateur Fouad Souiba. Il y a 20 ans, elle oscillait entre 140.000 et 240.000 DH. C’est dire qu’un grand pas a été fait. Toutefois, pour bon nombre de professionnels, des efforts budgétaires restent à faire. « Un long-métrage reçoit en principe moins d’un million de DH. Le manque de moyens mine la créativité », selon le SG de la Chambre des producteurs.

La question du financement n’est pas le seul hic. L’espace cinématographique est en pleine régression. Pour 30 millions d’habitants, « nous avons à peine une centaine d’écrans et non pas de cinéma », s’alarme le chef de la division exploitation du CCM, Kamal Mghazli. Les chiffres donnent le tournis. En 1994, il y en avait 191. En 2004, 50 avaient disparu.

Les cinéphiles deviennent une espèce en voie d’extinction : 3,5 millions en 2006. L’année précédente, le CCM les a chiffrés à 4,63 millions. Un million de spectateurs s’est évaporé. Le piratage n’est pas la seule cause. Les exploitants de salles n’ont pas su accompagner la vague technologique (son dolby, écrans vétustes…) « L’inexistence de tarifs à géométrie variable -étudiants, week-end... De plus, les chaînes satellitaires apportent de l’eau au moulin », argumente Mghazli. Mais le tableau n’est pas si noir.

Le succès des complexes cinématographiques confirment qu’il y a de l’espoir. Il faut que les exploitants se mettent à niveau. « La fréquentation des salles de cinéma est en hausse de 4% en Europe. Pourquoi ne pas lancer un fonds pour les salles ? », s’interroge le cinéaste Fouad Douiba. L’idée est que le cinéma finance le cinéma.

Le vice-président de la Chambre marocaine des techniciens créateurs de film, Mohamed Kotbi, revient sur le statut de ces derniers. « Plus de 1.500 techniciens sont sans couverture sociale. De plus, des infractions ne sont pas réprimées », proteste-t-il. Il fait allusion à l’emploi anarchique par certains producteurs et réalisateurs, de « pseudo-techniciens ». « Le cinéma est devenu le métier de ceux qui n’en ont pas », martèle-t-il. Rendons à César ce qui est à César. Le cinéma marocain se fraye son chemin lentement mais sûrement.

Faiçal FAQUIHI

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Cinéma - Haut Commissariat au Plan (HCP)

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : des prix bas pour aller au cinéma

Le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication du Maroc, Mohamed Mehdi Bensaid, a annoncé un ambitieux projet visant à ouvrir 150 nouvelles salles de cinéma à travers le pays. Il est également prévu de faire un gros effort sur les...

Maroc : après un fort rebond, l’économie devrait ralentir en fin d’année

L’économie marocaine, après un troisième trimestre 2024 en fanfare, devrait connaître un léger ralentissement de sa croissance au cours des prochains mois. C’est ce qu’indique le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dans son dernier rapport.

Economie marocaine : les prévisions du HCP pour 2025

Le Haut-commissariat au plan (HCP) a publié mercredi les principaux points du budget 2025. On y apprend entre autres que la croissance économique du royaume devrait s’établir à 3,8 % cette année.

Hollywood pose ses caméras au Maroc pour "Lords of War"

Le tournage de la suite du film « Lord of War » sorti dans les salles de cinéma en 2005, devrait bientôt démarrer au Maroc, avec le retour d’Andrew Niccol à la réalisation et au scénario.

Tourné au Maroc, « Marie » clashé par le public

Les internautes ne sont pas tendres avec le film Marie, tourné à Chefchaouen (Maroc), qui cartonne pourtant sur Netflix depuis quelques jours.

Rachida Brakni n’a pas forcément apprécié son tournage au Maroc

Rachida Brakni a partagé son expérience mitigée sur le tournage du film « Lonely Planet » (Netflix) au Maroc. Ce projet, qui l’a vue donner la réplique à des stars internationales comme Laura Dern et Liam Hemsworth, s’est révélé en demi-teinte pour la...

Maroc : voici les villes où les prix ont baissé (et augmenté)

Les prix à la consommation ont affiché une légère baisse de 0,3%, selon les derniers chiffres dévoilés par le Haut Commissariat au Plan (HCP).

Maroc : voici les villes où les prix ont augmenté (et baissé)

Légère hausse des prix à la consommation au Maroc en mai 2024. L’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré une augmentation de 0,4 % par rapport au même mois de l’année dernière, selon les données publiées par le Haut-Commissariat au Plan...

Les premières images de Gladiator 2, en partie tourné au Maroc

Paramount a dévoilé hier soir les premières images de « Gladiator 2 » lors du salon CinemaCon de Las Vegas. Des images, en partie tournées au Maroc, promettent un spectacle encore plus grandiose et sanglant que le premier opus, sorti en 2000.

Gad Elmaleh cherche l’amour… même sur les applis

À bientôt 54 ans, l’humoriste et acteur maroco-canadien Gad Elmaleh est en quête d’amour, et il n’hésite pas à tenter les applications de rencontre.