La crise immobilière pas là où on l’attend !

11 octobre 2008 - 21h20 - Economie - Ecrit par : L.A

Demain ressemblera-t-il à hier ? Si, aujourd’hui, l’immobilier surfe encore sur l’euphorie des années 2000, des signes d’essoufflement se profilent, néanmoins, ici et là. Marrakech, qui a, en quelque sorte, été la figure de cette embellie historique, est en train de connaître une accalmie dont on ne peut définir l’échéance. Les chiffres cités par des professionnels évoquent des invendus malgré une remise de 15% sur les prix ! « Une situation qui planait déjà depuis mars dernier », affirme un promoteur. Du côté officiel, l’on se veut tout de même rassurant, voire optimiste.

« L’immobilier au Maroc a au moins 20 ans de croissance devant lui », insiste Taoufik Hejira, ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme. Cela concerne notamment les logements de 200.000 à 1 million de DH. En clair, l’avenir, c’est la classe moyenne. Pour ce qui est de l’accalmie actuelle, le ministre précise que « cela ne concerne que le haut standing qui s’adressait à une toute petite partie de la population ». Il s’agit des ménages dont les dépenses mensuelles sont à hauteur de 15.000 DH. Cette frange représente seulement 4% de la population selon les chiffres du HCP. Pour les logements de standing inférieur, Hejira préfère parler d’« un report de décision d’achat dû à l’effet psychologique provoqué par le matraquage médiatique au sujet de la crise financière internationale ».

Mais il y a un domaine où cela ne va pas du tout. Le logement social semble connaître aujourd’hui une réelle panne. Aucune nouvelle convention n’a été signée cette année. Pis, certains promoteurs de la première vague préfèrent se défaire des avantages accordés par l’Etat et vendre au prix du marché. « Cela est dû à la flambée des matériaux, main-d’œuvre, foncier… mais aussi à la hausse de 50% de l’IS appliqué au secteur en 2008 », explique, sous couvert d’anonymat, une source bien informée. Conséquence : rareté encore plus importante du logement destiné aux revenus faibles et moyens. Cela impliquera forcément un retour massif et forcé à l’habitat clandestin et insalubre.

Une étude du ministère de l’Habitat montre que 50% des ménages marocains n’ont pas les moyens d’acheter un logement à 200.000 DH. Lorsque le logement baisse à 140.000 DH, ce sont quand même 40% des ménages qui en restent exclus.

Un autre chiffre plus frappant, pour qu’un smigard puisse acquérir un logement, il lui faut 55 ans d’économies en épargnant chaque mois 15% de son (petit) salaire.

Côté clandestinité, à 2006, 33% des logements ont été construits sans autorisation.

Si l’on ajoute la rareté du foncier au faible pouvoir d’achat des ménages, à la faiblesse du dispositif incitatif pour le logement de masse, au fait qu’un million de ménages vivent dans des constructions insalubres et au fait que 123.000 nouveaux ménages arrivent chaque année sur le marché de l’immobilier… l’on pourra prédire que, pour l’immobilier, demain ressemblera probablement à hier.

Source : L’Economiste - Nabil Taoufik

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Haut Commissariat au Plan (HCP) - Ahmed Taoufiq Hejira - Crise économique - Crise immobilière Maroc

Ces articles devraient vous intéresser :

Immobilier au Maroc : l’attestation fiscale qui freine les transactions

L’exigence légale de la présentation d’une attestation fiscale avant toute transaction immobilière, entrée en vigueur le 1ᵉʳ juillet dernier au Maroc, fait des mécontents, aussi bien dans le rang des opérateurs économiques que des notaires.

Maroc : le secteur immobilier marque des points malgré la crise

En 2023, malgré les chocs endogènes, la conjoncture internationale et la stagnation de l’activité, le secteur de l’immobilier au Maroc a montré sa résilience. Et, les perspectives pour l’année prochaine s’annoncent meilleures.

Maroc : changement majeur chez Airbnb

La plateforme américaine Airbnb interdit désormais toutes les caméras de surveillance à l’intérieur des logements mis en location. Cette nouvelle règle entrera en vigueur en avril dans tous les pays, y compris le Maroc.

Maroc : l’attestation qui plombe le marché de l’immobilier

Les nouvelles mesures concernant l’attestation fiscale, en vigueur depuis le 1ᵉʳ juillet dernier au Maroc, portent un sérieux coup de frein aux transactions immobilières, dénoncent les notaires.

Immobilier au Maroc : les derniers chiffres

Le marché immobilier au Maroc a connu un regain d’activité significatif au quatrième trimestre 2024, après une période plus terne. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’indice des prix des actifs immobiliers a grimpé de 1,1 %, porté par la bonne...

Maroc : l’afflux des MRE va booster le secteur immobilier cet été

L’arrivée au Maroc cet été des Marocains du monde dans le cadre de l’Opération Marhaba, va contribuer à booster le secteur de l’immobilier.

Aide au logement : gros succès auprès des MRE

Des Marocains résidant à l’étranger (MRE) figurent parmi les 8 500 bénéficiaires du nouveau programme d’aide au logement lancé par le roi Mohammed VI en octobre dernier.

Litige en copropriété au Maroc : la justice donne raison au résident

La justice marocaine a débouté un syndic de propriétaires qui demandait d’enjoindre un résident à s’acquitter de la somme de 5 700 dirhams correspondant aux cotisations mensuelles.

Maroc : quand le rêve de propriété devient inaccessible

Malgré le programme d’aide au logement initié par le gouvernement, de nombreux Marocains éprouvent encore de sérieuses difficultés à acquérir des logements adaptés. Une situation qui soulève des inquiétudes.

Immobilier au Maroc : les notaires contrôleront la provenance de l’argent

Les notaires marocains ont décidé de prendre une part active dans la lutte contre le blanchiment d’argent dans l’immobilier.