Maroc : Les femmes ont la fièvre de la chirurgie esthétique

17 juin 2007 - 00h46 - Maroc - Ecrit par : L.A

Le Maroc, comme la Tunisie, est devenu un endroit attrayant pour le tourisme associé au culte du corps. Les femmes représentent une clientèle favorite aux interventions chirurgicales plastiques, aussi bien celles qui sont nanties que celles qui ont envie d’être ou de rester belles.

Dr Sanaa Elmounjid, une femme diplômée en microchirurgie de l’Université de Bordeaux, en France, spécialiste en chirurgie plastique, esthétique et réparatrice, exerce ce métier dans une clinique à Casablanca, dans le nord-ouest du Maroc. Evoquant une "démocratisation" de cette pratique, elle a déclaré à IPS que "La chirurgie esthétique connaît depuis quelques années un grand essor et devient accessible à un large public. Toutes les catégories de la population sont désormais concernées, hommes et femmes, toutes les classes sociales confondues".

"Cela est dû à la création, ces dernières années au Maroc, de plusieurs emplois et activités génératrices de revenus qui permettent à ceux qui sont intéressés de payer les frais des interventions sans aucune crainte", a expliqué Elmounjid, ajoutant : "Il y en a parfois qui prennent des crédits pour pouvoir bénéficier des actes de la chirurgie esthétique".

Selon des analystes, beaucoup de facteurs jouent un rôle important dans la fièvre de la chirurgie esthétique qui s’empare actuellement des femmes, notamment la publicité des vertus de cette magie de la technologie sophistiquée et peu traumatisante.

De même, cette chirurgie permet de déceler des imperfections chez les femmes tandis que le mode de réparation, le développement de nouvelles technologies chirurgicales simples et peu coûteuses ainsi que les hospitalisations courtes assurent une reprise rapide du travail. Par exemple, la technique du ’botox’ se fait par simple injection sous forme d’infiltration et permet, en un temps record, un rajeunissement et un éclat visible sans intervention lourde.

Selon Dr Elmounjid, une intervention plastique est possible et fréquente pour réparer la forme de l’abdomen et des seins à partir de 26 ans, notamment après plusieurs grossesses. Nora Awam*, une actrice et vedette de plusieurs films et téléfilms marocains, confirme les affirmations de la chirurgienne.

"Effectivement, j’ai subi une intervention au niveau de l’implant mammaire car après l’accouchement, mes seins ne sont plus fermes, j’ai juste réparé ce que la grossesse et l’allaitement ont abîmé pour retrouver ma silhouette d’avant", dit-Awam à IPS. "Dans le monde des artistes", ajoute-t-elle en souriant, "c’est l’image qui compte le plus. Pas question que je laisse passer l’opportunité de décrocher d’autres rôles".

Les femmes candidates aux interventions chirurgicales, ou qui ont déjà subi ces actes médicaux, exercent généralement dans des secteurs des médias, comme les présentatrices d’émissions télévisées et les journalistes reporters, des artistes, des femmes hauts cadres ou universitaires, mais aussi des femmes au foyer.

Pour cela, Hoda Idder*, la correspondante d’une chaîne de télévision arabe à Rabat, la capitale marocaine, a déclaré à IPS : "Avec une forte concurrence dans le secteur des médias, je tiens à ma place et surtout, je veux joindre l’utile à l’agréable ; alors il n’y a pas de mal à s’offrir un peeling (effacer les tâches noires sur le visage) et je prévois même une rhinoplastie (le traitement des défauts du nez)".

Par ailleurs, beaucoup de femmes, âgées pour la plupart de 40 ans et plus, ont bénéficié des primes du départ volontaire de la fonction publique, lancé en novembre 2006 par le gouvernement. Nombre d’entre elles veulent s’investir dans le secteur privé, notamment dans l’enseignement privé, le tourisme, les activités associatives. Certaines parmi elles décident d’améliorer leur look, en subissant volontairement une chirurgie plastique.

D’autres encore veulent tout simplement prendre soin d’elles-mêmes. C’est le cas de Salwa Khaldi, une femme au foyer : "A 49 ans, je me sens encore jeune d’esprit, mais les rides du lion trahissent mon âge ; je me suis donc payé un lifting frontal pour effacer les traces de l’âge". Elle ajoute à IPS : "J’aime les fêtes mondaines et les défilés de mode ; en plus, je suis fière d’avoir un look aussi jeune que ma fille de 22 ans".

Interrogée par IPS sur les interventions les plus sollicitées par les Marocaines, Dr Elmounjid a expliqué : "On assiste actuellement à une demande très importante pour les infiltrations (botox) et les traitements au laser. Les actes purs de chirurgie restent surtout représentés par la liposuccion qui permet d’enlever les excès de graisse localisés (et) la plastie abdominale pour la correction des ventres abîmés (par les grossesses)".

Viennent ensuite, ajoute Elmounjid, la "chirurgie des seins et la rhinoplastie qui permet la correction des imperfections du nez. (Et) pour les hommes, c’est surtout la greffe de cheveux qui vient en tête".

Hamid Moutawakil, un styliste de mode, approuve la chirurgie esthétique : "Eh bien, ça fait plaisir d’être entouré de belles femmes, ça me donne des idées de création ; et puis, c’est une clientèle de plus, que du bonheur !".

Aucune statistique officielle n’est publiée sur la chirurgie plastique, mais selon des estimations médicales, quelque 1.400 interventions chirurgicales esthétiques sont pratiquées par an, tandis que les actes superficiels avoisineraient 12.000 annuellement.

Toutefois, les cliniques spécialisées en chirurgie esthétique affichent des prix qui sont beaucoup moins chers par rapport à ceux de l’étranger, ce qui explique le développement de ce tourisme médical au Maroc, selon des analystes. Par exemple, une liposuccion coûte environ 1.300 dollars, la rhinoplastie, quelque 2.000 dollars, le peeling, 60 dollars, tandis qu’une séance de ’botox’ revient à environ 350 dollars, et une greffe des cheveux vaut près de 3.000 dollars pour 4.000 cheveux.

Selon Dr Elmounjid qui compte environ 50 pour cent d’une clientèle étrangère, un congrès international se prépare sur la chirurgie plastique et se tiendra à Marrakech, dans le sud du Maroc, en novembre 2007.

Inter Press Service

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