Maroc : les influenceurs vont payer les impôts

21 novembre 2022 - 19h30 - Maroc - Ecrit par : A.P

La direction générale des impôts (DGI) a adressé des notifications aux influenceurs et créateurs de contenu digital qui ne sont pas à jour vis-à-vis du fisc pour les enjoindre de régulariser leur situation.

La direction générale des impôts (DGI) multiplie les contrôles et les redressements. C’est dans cette optique qu’elle a adressé récemment plusieurs notifications à des influenceurs et des créateurs de contenu digital pour leur demander de déclarer leurs revenus et s’acquitter de leurs impôts, indiquent des sources proches du dossier à La Vie Eco. La DGI a pris du temps pour passer à l’acte parce qu’elle voulait « savoir quelle serait la meilleure façon d’aborder cette problématique d’évasion fiscale », confie une source qui précise qu’aujourd’hui, la DGI semble disposer « d’un plan d’action basé sur des approches et des méthodes avérées ».

À lire : Les influenceurs marocains traqués par le Fisc

La pression budgétaire et la crise économique amènent les autorités à réfléchir à comment élargir l’assiette fiscale, surtout quand on sait que le digital génère des revenus énormes. « Le manque à gagner pour le Fisc est effectivement important. Beaucoup de créateurs de contenu sur internet gagnent énormément d’argent et ne déclarent pas leurs revenus. C’est injuste. Maintenant, face au vide juridique de ce secteur, la Direction des impôts recourt à ce qu’on appelle la situation d’ensemble pour évaluer les revenus des influenceurs », explique le fiscaliste Mohamed Rahj. Le fisc utilise cette méthode pour vérifier si les revenus des influenceurs sont compatibles avec leur train de vie.

À lire : Les influenceurs marocains dans le viseur du fisc

En analysant les publications des influenceurs sur les réseaux sociaux, les inspecteurs du fisc ont une idée plus ou moins proche de la valeur des biens matériels de ces derniers (voitures, résidences principale et secondaire, montres, bijoux, vacances et séjours au Maroc et à l’étranger, etc.) et ont ainsi la possibilité de vérifier les revenus déclarés. La réalité est que très peu font cette déclaration et ne déclarent pas tous leurs biens. Pour pallier cette situation, la DGI a attribué des identifiants fiscaux à ces créateurs de contenu, ce qui lui permet de payer les impôts à la place des influenceurs qui ne s’acquittent pas de leurs obligations fiscales, sur la base d’estimations auxquelles s’ajoutent des pénalités et amendes.

À lire : Maroc : le fisc aux trousses des influenceurs

« Je ne suis pas contre ces contrôles fiscaux, mais je pense qu’il faut aussi s’activer dans la pédagogie. Il faut sensibiliser les créateurs de contenus et créer un statut spécial pour eux, tout en leur accordant un délai de grâce pour se conformer à la législation », renchérit Mohamed Rahj. Le fisc s’intéresse par ailleurs à l’évasion fiscale des influenceurs très réputés qui détiennent des comptes offshore dans des paradis fiscaux. La DGI ne compte pas lésiner sur les moyens pour traquer ces fraudeurs du digital.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Impôts

Aller plus loin

Les influenceurs marocains traqués par le Fisc

Les influenceurs marocains sont dans le viseur de la direction générale des impôts, qui a déployé de grands moyens pour lutter contre la fraude et la sous-déclaration.

Traque aux fraudeurs : les influenceurs marocains dans le collimateur du fisc

La direction générale des impôts (DGI) vient d’adresser une mise en demeure aux influenceurs possédant des biens ou recevant de l’argent de l’étranger, les invitant à les...

Les influenceurs marocains dans le viseur du fisc

La direction générale des impôts somme les propriétaires de chaînes (youtubeurs et influenceurs, instagrammeurs, tiktokeurs et autres) de déclarer les revenus générés par leur...

Au Maroc, les médecins sont des mauvais payeurs d’impôts

Au Maroc, peu de médecins s’acquittent de leurs impôts. Fort de ce constat, le gouvernement opte désormais pour la retenue à la source pour les revenus de l’ensemble des...

Ces articles devraient vous intéresser :

MRE et l’OCDE : l’heure de la renégociation fiscale

Le gouvernement marocain affirme vouloir préserver les intérêts des six millions de Marocains résidant à l’étranger (MRE). Il entend engager dans les prochains jours des négociations avec l’OCDE pour revoir les conventions relatives à l’échange des...

Marocains, n’oubliez pas de déclarer les revenus fonciers

Le dépôt de la déclaration de revenus fonciers soumis à l’impôt sur le revenu (IR) et le paiement dudit impôt, doivent être effectués au plus tard le 29 février, a prévenu la Direction générale des impôts (DGI).

Maroc : vers la fin du plafonnement de l’impôt sur le revenu à 20%

Conformément à l’article 3 de la loi n°69-19 portant réforme fiscale, le plafonnement de l’impôt sur le revenu (IR) à 20 % pour certaines entreprises se terminera dans deux ans.

Maroc : les agriculteurs rattrapés par l’impôt

Au Maroc, les petits agriculteurs exploitants agricoles exonérés d’impôts réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 5 millions de dirhams, doivent désormais remplir une déclaration de revenus, a récemment rappelé la Direction générale des impôts (DGI).

Maroc : des sociétés écrans créées pour échapper au fisc

La Direction générale des impôts a découvert que plusieurs sociétés installées dans les provinces du sud, créent des « sociétés écran » pour exercer leurs activités commerciales en dehors de cette région. Une évasion fiscale qui ne dit pas son nom.

Au Maroc, les médecins sont des mauvais payeurs d’impôts

Au Maroc, peu de médecins s’acquittent de leurs impôts. Fort de ce constat, le gouvernement opte désormais pour la retenue à la source pour les revenus de l’ensemble des professions libérales, la déclaration annuelle fiscale ayant montré ses limites.

TVA : la fraude qui coûte très cher au Maroc

La fraude à la TVA coûte chaque année entre 1 et 1,2 milliard de dirhams à l’État, a révélé Younes Idrissi Kaitouni, le directeur général des Impôts (DGI), lors de la présentation de son plan stratégique pour la période 2024-2028.

Maroc : mauvaise nouvelle pour les fumeurs

Sale temps pour les fumeurs marocains qui devront, une fois encore, passer à la caisse pour s’acheter leurs cigarettes. Cette augmentation vient d’être validée définitivement et doit entrer en vigueur au début de l’année.

Maroc : vers une réduction de la TVA sur certains produits

Une réduction de la TVA sur certains produits de base est actuellement à l’étude par le gouvernement. Objectif : tenter de faire baisser la facture des ménages.

Le MRE a-t-il le droit de vendre sa voiture au Maroc ?

Le Marocain résidant à l’étranger (MRE) a tout à fait le droit de vendre son véhicule lors de ses vacances au Maroc. Nous parlons, ici, de la période de l’admission temporaire de 6 mois, autorisée par les services de la Douane. Deux situations se...