La compagnie aérienne nationale Royal Air Maroc (RAM) entend offrir à l’Européen Airbus l’opportunité de bénéficier d’une part de l’appel d’offres qu’elle a lancé en avril dernier pour l’acquisition de 200 nouveaux avions.
Relever le pari de 10 millions de touristes à l’horizon 2010. C’est dans cette perspective que le Maroc a ouvert son transport aérien. Une opération risquée puisque beaucoup de pays qui lui sont comparables hésitent à sauter le pas. L’accord conclu avec Bruxelles vise à garantir la desserte de toutes les destinations par les compagnies agréées par les pays de l’Union européenne. Sur cet ensemble, les compagnies low-cost figurent en bonne position.
C’est sûr, le développement des compagnies low-cost accroît la concurrence dans le domaine du transport aérien. Leur développement représente une des conséquences les plus visibles de la libéralisation. Cette concurrence est bénéfique au passager, mais à condition qu’elle ne se fasse pas au détriment d’une certaine qualité de service.
Le principe des low-cost est simple : proposer des vols à des tarifs défiant toute concurrence et ce, en offrant un service minimal à bord avec parfois le départ ou l’arrivée dans un aéroport de province. Les réservations s’effectuent en ligne ou par téléphone et le taux de rotation des avions est très élevé. Pas de distribution de journaux durant le vol et les boissons sont généralement payantes. Tous les moyens sont bons pour faire des économies car les compagnies low-cost visent une pratique minimaliste du transport aérien pour des passagers qui privilégient le transport d’un point à un autre au plus bas prix sans considération de correspondances ni de confort. Les transporteurs à bas coûts ne constituent pas uniquement une bonne affaire pour les voyageurs mais aussi le plus important vecteur de croissance de l’économie touristique. Les transporteurs à bas tarif sont un outil majeur pour « désaisonnaliser » la fréquentation touristique.
Dans le cas du Maroc, il faut s’attendre à une forte concurrence des low-cost européennes. L’accord de l’open sky leur offre un nouveau créneau à attaquer surtout qu’à terme le potentiel de croissance en Europe diminuera. Il leur faudra donc trouver des marchés pour les énormes portefeuilles de commandes d’appareils. Le Maroc présente tous les critères pour les séduire : les flux touristiques y sont importants, surtout en provenance de France : la destination n’est pas éloignée et ne remet pas en cause la productivité des low-cost, basée sur la multiplication des vols de courte distance. De plus, les coûts aéroportuaires marocains sont peu élevés. D’ailleurs, Easyjet a annoncé son entrée dans le ciel marocain à partir de juillet 2006 avec un vol quotidien Londres-Marrakech. Ryanair ne manquera sans doute pas de suivre son concurrent Easyjet.
Lorsqu’elles auront monté en puissance sur le marché, elles seront redoutables pour Royal Air Maroc dont les coûts d’exploitation sont lourds. En prévision de cette perspective, la RAM avait mis en place une nouvelle stratégie axée sur la spécialisation. Celle-ci s’est matérialisée par la diversification autour de différents pôles de métiers tels que la formation, la maintenance, la sécurité, le catering et l’hôtellerie et par la création d’Atlas-blue dans le point à point et le low cost.
Atlas-blue a ainsi démarré son activité en octobre 2005 avec six avions de type Boeing 737-400 appartenant à la flotte de la RAM. Elle recevra, ce vendredi, 31 mars, un nouvel Airbus A 321. Il s’agit d’un transfert de la maison mère. La société assure 70% de ses vols en charter et 30% en vols réguliers. L’activité charter de RAM a été en totalité transférée à Atlas-blue, ce qui lui assure théoriquement une charge de près d’un million de passagers. 13 dessertes sur la France, principal marché émetteur de touristes vers le Maroc, sont au programme. Les villes sélectionnées correspondent à des destinations que le Maroc compte développer sur le plan touristique. Ainsi, les marchés desservis par Atlas-blue correspondent à ceux auxquels la vision 2010 accorde la priorité. Le modèle économique de cette compagnie est moins le low-cost que le « low-fair ». Une seconde compagnie privée a également vu le jour, Jet4you, qui pour sa première année d’exercice, dispose de deux avions. Sa flotte se développera en fonction de l’évolution du trafic.
L’Economiste
Ces articles devraient vous intéresser :