
Maroc : des puits clandestins creusés ... la nuit !
De nombreux Marocains ont exprimé leur indignation face à la prolifération de puits clandestins, dans un contexte de sécheresse sévère et de stress hydrique.
La sécheresse persistante, ajoutée à la rareté des ressources en eau et l’aggravation du déficit des nappes phréatiques, ont motivé le ministère de l’Équipement et de l’eau à interdire la délivrance, par l’Agence du bassin hydraulique de Drâa-Oued Noun, des autorisations de forage de puits à des investisseurs agricoles sur des terres collectives dans la province de Ouarzazate.
Dans une réponse à une question écrite du groupe Haraki à la Chambre des représentants, le ministère a expliqué que « la situation des ressources hydriques dans la province de Ouarzazate a connu un déficit important en raison du faible niveau des précipitations causé par les changements climatiques et la succession des années de sécheresse », ajoutant que « ce déficit a atteint 85 % pour l’année 2023-2024, et 9 % au 31 mars 2025 ». Cette situation « s’est répercutée sur le volume des apports en eau, lequel a connu à son tour un déficit estimé à 46 % durant l’année en cours », et a conduit à « une poursuite de la baisse du stock des eaux souterraines, avec un déficit annuel enregistré pour la nappe phréatique de Skoura d’environ 3 millions de mètres cubes, et pour la nappe de Taznakht d’environ 0,9 million de mètres cubes ».
« Malgré l’amélioration légère et perceptible du niveau des ressources en eau souterraine grâce aux précipitations enregistrées dans la province de Ouarzazate au début de la saison agricole 2024-2025, le volume des eaux extraites dépasse celui des eaux renouvelées », a indiqué le ministère, soulignant que « l’autorisation de forer de nouveaux puits ou trous d’eau entraînerait une augmentation du déficit des nappes phréatiques, et affecterait négativement les systèmes d’approvisionnement en eau potable ainsi que les investissements agricoles existants ». Le département a insisté sur le fait que « la revitalisation des nappes phréatiques du bassin du Haut Drâa dépend essentiellement de la fonte des neiges du Haut Atlas, laquelle a également connu un recul notable ces dernières années ».
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Face à cette situation, « l’autorité administrative locale a tenu une série de réunions du comité provincial de l’eau, présidées par le gouverneur de la province de Ouarzazate, lesquelles ont débouché sur une série de mesures visant à la protection et à la durabilité des ressources en eau ». Parmi ces mesures figurent l’interdiction temporaire de toutes les autorisations d’extension des terres irriguées, en attendant l’amélioration des conditions climatiques et la reconstitution des nappes phréatiques, de forage de puits ou de trous d’eau pour l’approvisionnement en eau potable ou à des fins industrielles, et d’approfondissement ou de remplacement en fonction des besoins en irrigation. Ces mesures incluent également l’interdiction totale de délivrer des autorisations à des fins agricoles, ou de louer des terres destinées à l’investissement agricole.
« Ces mesures s’inscrivent dans la mise en œuvre des orientations contenues dans le discours royal de Sa Majesté le Roi Mohammed VI – que Dieu l’assiste – à l’occasion du 25ᵉ anniversaire de la fête du Trône, dans lequel il a insisté sur la nécessité d’assurer au moins 80 % des besoins en eau d’irrigation au niveau national », a rappelé le ministère, notant que « ce taux n’a pas pu être atteint durant les six dernières années hydrologiques », et qu’il travaille « en coordination avec les agences des bassins hydrauliques et les parties concernées pour étudier les solutions appropriées permettant d’y parvenir ». Et de conclure : « La situation actuelle de stress hydrique impose de concilier l’offre et la demande en ressources en eau existantes et d’en assurer la durabilité, par le respect et la mise en œuvre des recommandations susmentionnées, jusqu’à l’amélioration de la situation du déficit hydrique ».
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