Depuis l’attaque spectaculaire et surprise du mouvement palestinien du Hamas et la riposte sanglante d’Israël, des centaines de citoyens et militants se mobilisent dans les rues de Rabat et d’autres villes marocaines pour manifester pour la Palestine d’une part, et appeler le Maroc à revenir sur la normalisation de ses relations diplomatiques avec l’État hébreu en échange de la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara et à la fermeture du bureau de liaison israélien dans la capitale marocaine, d’autre part. Un fossé entre le gouvernement et l’opinion publique. Selon les opposants au rapprochement Rabat-Tel Aviv, les manifestations montrent clairement que les gains obtenus par les gouvernements grâce aux accords n’ont guère influencé l’opinion publique.
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Si le Maroc ordonnait de disperser ces manifestations et de condamner des manifestants – un homme a écopé de cinq ans de prison à Casablanca pour avoir critiqué la normalisation – avant le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël, il se montre désormais clément. Le royaume ne semble toutefois pas près de revenir sur la normalisation. Selon Zakaria Aboudahab, professeur de relations internationales à l’Université Mohammed V à Rabat, les manifestations ne conduiront probablement pas le royaume à annuler la normalisation, mais serviront de « soupape de sécurité » pour modérer la colère publique. Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, le 7 octobre, le Maroc a affiché une position modérée et tempérée. La diplomatie marocaine a « condamné les attaques contre les civils où qu’ils soient », avant de mettre en avant ses efforts d’aide humanitaire à Gaza.
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Au Soudan, Bahreïn et aux Émirats arabes – trois autres pays ayant normalisé leurs relations avec Israël, l’opinion publique exprime la même revendication. Alors que leurs dirigeants considèrent la normalisation comme une étape vers un « nouveau Moyen-Orient » – leurs gouvernements ont bénéficié de liens militaires et économiques plus étroits avec Israël ces dernières années-, les populations appellent à couper les ponts avec l’État hébreu. C’est ce qu’a finalement fait le Bahreïn hier.