Alors qu’ils pensaient participer à la Coupe d’Afrique des Nations, plusieurs joueurs ont sans doute été déçus à l’annonce de la liste du sélectionneur national, Walid Regragui. Tour d’horizon des absents et des motifs de leur non-sélection.
Formé dans l’anonymat chez les girondins de Bordeaux, Marouane Chamakh a profité de sa maturité précoce, sa puissance, sa rapidité et son efficacité pour se faire un nom en Ligue1 et chez le Lions de l’Atlas.
A 21 ans, ce pur produit du centre de formation des girondins de Bordeaux a pu attirer les convoitises de Jean-Michel Aulas. Le président du plus grand club français de ce début de 21ème siècle avait très envie de recruter le jeune Marocain pour en faire le fer de lance de l’attaque rhodanienne pour l’actuelle saison, mais les dirigeants aquitains n’étaient pas vendeurs. Ils n’avaient pas envie de perdre une de leurs seules raisons d’espérer en vue de l’exercice 05-06.
Si Nicolas de Tavernost (M6, actionnaire principal du club bordelais) avait accepté de discuter avec le président lyonnais, Jean-Louis Triaud, président des girondins, est resté stoïque devant les sollicitations au sujet de son attaquant : " J’ai lu que Lyon avait fait une priorité de Marouane. Tant mieux, nous aussi. Ça prouve que son talent est reconnu par tout le monde. Mais nous n’avons pas souhaité donner suite pour l’instant... ".
Que sait-on alors de ce jeune qui se cache derrière ce formidable attaquant ? Pas grand-chose en fait, puisque sa modestie lui impose une grande discrétion.
Marouane Chamakh a connu un début de carrière typique pour devenir le chouchou du public du stade Chaban-Delmas comme Laslandes ou Jean-Claude Darcheville. Une belle histoire d’amour existe en effet entre le jeune marocain et ce stade. Né le 10/01/1984 à Aiguillon dans le Lot et Garonne (47), Marouane s’est formé d’abord dans sa commune natale. Il est ensuite passé par Nérac avant de faire ses classes chez le club de Marmande. Mettant en valeur son talent et sa vista devant le but, il est repéré par les responsables aquitains.
Il intègre ainsi le centre du Haillan sans lâcher ses études puisqu’en juin 2002, il obtient son Bac Pro Comptabilité. Avec une maturité surprenante pour un jeune homme d’à peine seize ans, il déclara : " Je ne lâche rien et donne le maximum ". C’est ainsi logiquement que le jeune Marouane progresse à tous les niveaux et après même pas une année de travail intensif, il intègre la réserve des girondins (CFA2) sous la houlette de Jean-Louis Garcia. Rapide ment accepté dans cette dernière, alors que certains attendent des années leur chance, Marouane se démarque et fait savoir son envie de jouer, il n’a besoin que d’un an pour passer le pas qui le sépare de l’équipe première.
Le 08/02/2003, il goûte à la Ligue1 contre les corses de Bastia, mais son début chez les professionnels fut le 19/01/03 lors d’un match de Coupe de la Ligue contre les messins, Elie Baup entraîneur alors de l’équipe pro des Girondins (actuellement entraîneur de l’AS Saint-Etienne) le convoque suite à plusieurs suspensions et blessures, " C’était un réel aboutissement " pour le futur lion de l’Atlas. Marouane pouvait se féliciter de son match malgré la défaite de son club (1-0), car le week-end d’après, il est propulsé au rang de titulaire aux côtés d’un certain Pauleta lors d’un match de Coupe de France contre Grenoble.
En ayant un statut de joker, il joue dix matches lors de sa première saison professionnelle (2002-2003) et lors de l’avant-dernière journ ée, il égalise dans les arrêts de jeu à Nice (1-1) offrant du même coup une qualification européenne à son équipe. Son formateur et ex-tricolore Patrick Battiston remarqua que le jeune marocain, qui a refusé d’intégrer la sélection olympique française, " fera parler de lui ". Devant les sollicitations de la direction technique de la FFF, Marouane a choisi et opté pour le pays de ses parents, "il revendique avec fierté ses origines...
Il sait ce qu’il veut et c’est un grand travailleur", ajoute le quotidien français L’Equipe. Vu son jeune âge et son expérience précoce, il est convoqué simultanément en sélection olympique sous la houlette de Mostapha Madih et en sélection " A ". Ses grosses performances sous les couleurs nationales, notamment un doublé contre Trinidad-et-Tobago (2-0), impose à Baddou Zaki de le titulariser à la pointe de l’équipe nationale et montre à tous les sceptiques le pourquoi de sa présence. Le 11/01/2004, le jeune attaquant marocain quitte les Girondin s, après avoir donné la victoire à son équipe contre Montpellier et rejoint les Lions de l’Atlas pour partir disputer la CAN tunisienne.
Dans une équipe juvénile composée majoritairement d’enfants de l’immigration, de la deuxième ou troisième générations, qui ont la fibre nationale à fleur de peau et l’esprit combatif au bout des crampons, Marouane Chamakh, qui vient juste de fêter ses vingt ans, connaît, après un parcours sans faute, un vrai grand succès en jouant la finale de la CAN contre les Aigles de Carthage. En un mois, le Bordelais a découvert le football international et son engouement. Lors de son premier entraînement de la semaine après son retour au Haillan, il explique qu’il " a vécu une expérience fabuleuse, complètement différente de ce que l’on peut vivre en championnat. C’était vraiment autre chose ! ", et il ajoute : " C’est quelque chose que je garderai toute ma vie dans mon coeur.
Je suis content d’avoir participé à cette compétition devant des milliers de personnes. L’ambiance était exceptionnelle ". Il s’est aussi fait un nom. Auteur de deux buts et de quatre passes souvent décisives, il a été l’un des principaux partisans du succès de son équipe dans la compétition. En quart de finale, il marque contre l’Algérie à la 93ème minute et permet ainsi à son équipe de jouer les prolongations. Au tour suivant, contre le Mali, il réalise un match énorme avant de distribuer en fin de match deux caviars. En finale, il continue son pressing incessant, mais ne peut rien faire face aux assauts des Tunisiens " en pleine bourre ".
Tout au long de la compétition, Marouane a néanmoins fait admirer son bon jeu en déviation. En rentrant à Bordeaux avec une énorme envie de bien faire, il réalise une bonne fin de saison en marquant 06 buts en 25 matchs de Ligue1 et 4 buts en 8 matches de Coupe de l’UEFA (C3). Le quotidien " France-Soir ", dans son bilan dLe Nigeria premier, le Sénégal par la toute petite porte
la saison 03/04, note qu’il s’agit d’un "futur crack du football international ", avant d’ajouter qu’il " est en tout cas l’une des grandes révélations du championnat de France et premier de cordée de la nouvelle génération bordelaise ". Le remplacement d’Elie Baup par Michel Pavon aurait pu changer le statut du jeune espoir marocain. Il n’en sera rien. Alors que Baup avait accordé sa confiance à Marouane, prévoyant de l’intégrer progressivement au sein de l’équipe-type, Pavon va faire encore plus. Et si l’ancien capitaine bordelais, converti illico presto en entraîneur après la fin de sa carrière, est peu loquace, les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Le Lion de l’Atlas, très tonique, technique et ne doutant de rien, n’a manqué que cinq matches de championnat lors de la saison 04/05 inscrivant 10 buts au passage et délivrant trois passes décisives. Jean-Claude Darcheville, star des Girondins de Bordeaux, affirme que : " Je me suis adapté à tous les attaquants que j’ai côtoyé. Mais avec Marouane, c’est encore mieux. Il est grand, dévie bien de la tête et crée beaucoup d’espaces". Le jeune attaquant, lors de l’exercice 04/05, a constitué l’une des rares satisfactions de l’équipe bordelaise qui a dû attendre les derniers instants du championnat pour se sauver. En même temps, Marouane continua de briller de mille feux sous les couleurs nationales en jouant tous les matchs des éliminatoires du Mondial germanique et de la CAN égyptienne. Si ses prestations ont été époustouflantes lors des deux premiers matches de cette dernière face à la Côte d’Ivoire et l’Egypte, Marouane ne sera pas présent lors de la première l’été prochain.
Dommage pour cet attaquant modèle, espoir de tout le public marocain, qui est annoncé comme un futur grand du football international. Ricardo, entraîneur des Girondins et ex-capitaine de la Seleçao affirme que Marouanne, vu son âge, " a une grande marge de progression ". Il doit maintenant confirmer son gros potentiel en travaillant dur et en s’imposant dans un prestigieux club européen.
Ahmed Guedira - Libération
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